La commune rurale de Yallankoro Soloba, dans le cercle de Yanfolila, a abrité le 7 décembre dernier la cérémonie commémorative de la Journée internationale des droits de l’enfant célébrée tous les 20 novembre à travers le monde. Cette célébration a été couplée au lancement du projet « Jam Suka » qui vise la protection et le bien-être des enfants dans ladite localité.
Le projet « Jam Suka » est une initiative de protection des enfants dirigée par l’ONG Internationale « Right To Play » pour la période d’avril 2016 à mars 2021. Au Mali, « Jam Suka » est exécuté par Right To Play en collaboration avec le ministère de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille ainsi que les principaux acteurs de la société civile nationale et réseau intervenant dans la promotion et la protection des enfants.
Le projet est financé par le gouvernement du Canada, à travers Affaires mondiales Canada (AMC).
Démarré en 2016, le projet « Jam Suka » ambitionne, d’ici à mars 2021, de contribuer à l’amélioration de la protection et du bien-être des enfants vulnérables particulièrement des filles dans les régions de Kayes, Sikasso et Mopti. Sur une période de 5 ans, il travaillera à réduire plusieurs vulnérabilités, notamment celles qui touchent les enfants travaillant dans les mines d’or traditionnelles, mais aussi ceux exposés aux mariages précoces, à l’excision et à la mendicité. Environ 70 000 filles et garçons seront concernés par cette intervention.
Dans le cadre de la mise en œuvre des activités dudit projet, Right To Play-Mali, de concert avec ses partenaires locaux, a décidé de commémorer la journée internationale de l’enfant (20 novembre) le 7 décembre 2017 dans la commune rurale de Yallankoro Soloba (Yanfolila).
Le choix de Yanfolila parmi les 3 zones d’intervention du projet singulièrement la commune de Yallankoro Soloba se justifie, selon les initiateurs par l’ampleur du phénomène du travail des enfants dans les sites d’orpaillage traditionnels, la déperdition scolaire au profit de cette activité (orpaillage) ainsi que le taux élevé des enfants non enregistrés à la naissance.
Selon les organisateurs de cette cérémonie, l’évaluation de base du projet « Jam Suka », réalisée dans les 3 zones d’intervention du projet (Yanfolila, Bandiagara et Kéniéba) a montré que Yanfolila est la zone la plus touchée par les violences physiques avec 301 cas de violences physiques rapportés à Yanfolila, contre 298 à Kéniéba et 188 à Bandiagara.
En effet, dans un passé récent au Mali, l’enquête en grappes à indicateurs multiples (EGIM) de 2010 a révélé que 80 % des enfants maliens étaient enregistrés à la naissance.
Cinq ans après, le taux a brutalement chuté à 51 % avec de grandes disparités entre les régions selon le rapport de la Direction nationale de l’état civil de 2015.
La commémoration de la Journée internationale des droits de l’enfant est une tribune pour attirer l’attention des décideurs villageois, locaux, nationaux et internationaux sur la situation des enfants afin d’accélérer la prise de décision.
À travers la délocalisation de la célébration de cette journée à Yanfolila, l’ONG Right To Play et ses partenaires entendaient sensibiliser les populations locales sur les conséquences du non-enregistrement des enfants à la naissance, le travail des enfants, la mendicité, le mariage précoce, etc.
Le préfet du cercle de Yanfolila, Mamadou BAH, qui a présidé cette cérémonie, a souligné que l’enregistrement à la naissance est le premier droit de l’enfant et devoir pour les parents.
De son côté, l’Ambassadeur du Canada au Mali, Louis VERRET, a rappelé son pays, tout comme le Mali a adhéré à la convention relative aux droits de l’enfant des Nations unies qui exige des États le respect scrupuleux de tous les droits des enfants sans discrimination.
Plusieurs années après la rentrée en vigueur de la convention, a-t-il déploré, la situation des enfants maliens de manière générale et celle des filles en particulier est toujours caractérisée par le faible respect de leurs droits dans plusieurs domaines. Une situation s’est d’ailleurs aggravée à la suite de la crise sécuritaire que traverse notre pays.