Le Conseil de sécurité a adopté vendredi dernier, une résolution demandant au Secrétaire général de prendre les dispositions nécessaires pour conclure dès que possible un accord technique entre l’ONU, l’Union européenne (UE) et les États du G5 Sahel en vue de fournir un appui opérationnel et logistique spécial à la Force conjointe du G5 Sahel. Un tel appui passerait par l’intermédiaire de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).
Par la résolution 2391 (2017), adoptée à l’unanimité et soumise par la France, le Conseil de sécurité demande au Secrétaire général de prendre les dispositions nécessaires pour conclure dès que possible un « accord technique » entre l’ONU, l’Union européenne et les États du G5 Sahel, en vue de fournir, par l’intermédiaire de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), un appui opérationnel et logistique spécial à la Force conjointe du G5 Sahel.
La France a salué cette résolution qui marque un véritable « bond en avant » du Conseil de sécurité sur la question de la paix et de la sécurité dans la région. La résolution a été appuyée par la Mauritanie et le Mali qui ont toutefois considéré que le soutien de l’ONU aurait pu être « plus large ».
Créée en début d’année par les États du G5 Sahel, à savoir le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad, en vue de lutter contre le terrorisme et les réseaux criminels transnationaux, la Force conjointe, qui a été saluée par la résolution 2359 (2017) il y a six mois, compte des effectifs en personnel militaire et personnel de police pouvant aller jusqu’à 5 000 personnes.
Par ce texte, le Conseil précise que « l’appui ne serait accordé aux forces de défense et de sécurité des États du G5 Sahel que lorsqu’elles interviennent sur le territoire malien dans le cadre de la Force conjointe ». Cet appui prévoit des évacuations sanitaires ainsi que l’accès aux articles consommables essentiels (carburant, eau et rations), l’utilisation d’engins de levage et de terrassement et de matériel de génie de l’ONU, et d’unités de génie en uniforme de la MINUSMA pour aider à préparer les bases opérationnelles de la Force conjointe au Mali.
En outre, l’ONU devrait être « pleinement remboursée » au moyen d’un dispositif de financement coordonné par l’Union européenne aux fins de la coordination des contributions volontaires internationales à l’appui de la Force conjointe, note la résolution qui souligne que le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Mali et Chef de la MINUSMA « peut décider ou non », en étroite coordination avec le Commandant de la Force d’accorder cet appui, « du moment que cela ne remette pas en question la capacité de la MINUSMA de s’acquitter de son mandat ».
Le Conseil souligne par ailleurs que les opérations de la Force conjointe doivent être menées « dans le plein respect du droit international, notamment du droit international humanitaire, du droit international des droits de l’homme et du droit international des réfugiés ».
Dans cet esprit, le Secrétaire général est prié de veiller à ce que tout appui fourni à des forces de sécurité non onusiennes soit « strictement conforme à la politique de diligence voulue en matière de droits de l’homme, et demande à la Force conjointe de coopérer avec l’ONU pour appliquer cette politique.
Enfin, le Conseil de sécurité invite le Secrétaire général à lui faire rapport sur les activités de la Force conjointe, cinq mois après l’adoption de la présente résolution, puis tous les six mois.
“La résolution que nous venons d’adopter ne se borne pas à créer un lien opérationnel entre la Force conjointe du G5 Sahel et la MINUSMA”, a expliqué le représentant de la France. Elle entérine la détermination des pays du G5 Sahel à unir leurs efforts de lutte contre la menace terroriste et appelle chacun à prendre ses responsabilités pour que la Force conjointe atteigne au plus tôt sa pleine capacité opérationnelle.
Cette résolution marque donc un véritable “bond en avant” du Conseil de sécurité sur la question à l’ordre du jour, a estimé François Delattre, qui a rappelé qu’il y a quelques mois encore, la mise à profit des moyens de la MINUSMA à l’appui de la Force conjointe était simplement inenvisageable.
“Mais ne nous y trompons pas, il reste encore beaucoup à faire. Le mécanisme de l’accord technique, auquel il a été fait recours afin de contourner le cadre de contraintes qui s’impose aujourd’hui au Conseil, n’est évidemment pas celui qui recueillait notre préférence initiale”, a-t-il expliqué. Pour lui, il constitue toutefois “un tremplin” pour progresser davantage pour autant que les États du G5 continuent à prendre les mesures nécessaires pour permettre une pleine opérationnalisation de la Force. Il s’agit selon le délégué français “d’une opportunité que nous ne devons pas rater”.
Son homologue des États-Unis a salué “la créativité et l’innovation de cette résolution qui laisse voir ce qu’il est possible de faire à l’échelle internationale pour la résolution des conflits”.
Relevant les annonces de contributions de l’Union européenne en faveur de la Force, Mme Nikki Haley a rappelé qu’il ne fallait pas oublier de veiller à ce que la MINUSMA reçoive tout l’appui nécessaire pour mener à bien son mandat. Les capacités actuelles de la Mission ne sont pas adéquates, a noté la déléguée, avant de souligner qu’elle ne saurait coopérer efficacement avec la Force sans des capacités idoines. Selon les États-Unis, le G5-Sahel doit veiller, dans le cadre des actions de la Force, au respect des droits de l’homme, et s’assurer que les priorités des communautés soient prises en compte.
D’après le représentant du Mali, le G5 Sahel aurait souhaité obtenir un mandat “beaucoup plus robuste et placé sous le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies”, ainsi qu’un “soutien plus large de l’ONU” en termes de communication et d’équipements, une extension de l’appui à la MINUSMA à l’ensemble des fuseaux de déploiement de la Force conjointe (centre, est et ouest) et un financement prévisible et durable de cette force, “y compris à travers les Nations Unies”.
Cependant, “nous ne désespérons pas”, a concédé Issa KONFOUROU. Le délégué malien s’est ainsi déclaré reconnaissant à chacun des membres du Conseil pour les “progrès déjà réalisés”, se disant confiant que les attentes du G5 Sahel seront satisfaites dans le cadre des clauses de rendez-vous et d’examens périodiques prévues par cette résolution.
La Mauritanie, qui a aussi appuyé la résolution, a insisté sur la nécessité d’assurer à la Force conjointe un financement adéquat et pérenne, de 423 millions d’euros au départ et de 115 millions d’euros par an par la suite, et de veiller à ce que la Force effectue des offensives sur toute la bande sahélo-saharienne.
Plusieurs délégations ont aussi rappelé l’importance de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali pour assurer la paix et la sécurité durables dans la région du Sahel.