Dans le cadre de la célébration de la Journée de l’industrialisation de l’Afrique dans notre pays, des panels de haut niveau ont été débattus, le samedi 9 décembre, sur différents thèmes. Les travaux de cette journée d’échanges sur l’industrialisation, au Parc des expositions de Bamako, étaient placés sous l’égide du ministre de la Défense et des anciens combattants, Tièna COULIBALY, représentant le Premier ministre.
C’était en présence de plusieurs membres du gouvernement ; des industriels et des investisseurs étrangers. Le thème principal de cette rencontre de haut niveau sur l’industrialisation portait sur ‘’l’écosystème de l’industrie au Mali : États des lieux et opportunités’’. Des panelistes ont également entretenu l’assistance sur ‘’la formation technique et professionnelle au Mali’’ ; ‘’ la difficulté du financement de l’industrie du Mali’’ et ‘’le rôle d’encadrement de l’État’’.
L’exposé sur l’état des lieux de l’industrialisation au Mali a été fait par Lanfia CAMARA, chef d’entreprise et membre de l’Organisation patronale des industriels (OPI). Il a précisé que l’écosystème permet de fédérer des groupes d’acteurs autour d’une filière ou d’un secteur. Il est composé, dit-il, d’une multitude d’entreprises, d’organismes et de métiers fortement diversifiés et dotés de compétences spécifiques : les producteurs de matières premières, les fabricants, les commerçants, les transporteurs, les services financiers et d’assurances, les activités juridiques, de gestion et d’analyses techniques.
Selon M. CAMARA, notre pays comptait 878 entreprises industrielles en activité en 2016. Sur ce chiffre, il a expliqué que 85,7 % des entreprises industrielles exercent l’activité de fabrication ; 0,3 % des industries exercent l’activité de production, de distribution d’électricité et de gaz ; 1,3 % des industries font des activités d’extraction et 0,3 % des industries évoluent dans les domaines de production, de distribution d’eau, d’assainissement, de traitement et dépollution.
Comme rôle des activités manufacturées dans le développement, Lanfia CAMARA a affirmé que les industries de transformation sont essentielles et permettent de générer davantage de richesses et peuvent être aussi des sources importantes de recette fiscale pour le pays. De même, ajoute-t-il, les industries de transformation sont sources de demande essentielle pour les autres secteurs, car elles sont très consommatrices de services de banque, transport, activités juridiques, assurance, communication, télécoms, gestion, analyses techniques…
« Le secteur manufacturier crée plus d’emplois que l’agriculture et les services traditionnels. Plus la population croît et s’urbanise, plus il est important de développer le secteur manufacturier pour absorber la main-d’œuvre ne travaillant plus dans l’agriculture. La production d’articles manufacturés offre d’importantes opportunités d’expansion à l’exportation et représente donc un moteur essentiel de la croissance du commerce de marchandises », a souligné Lanfia CAMARA.
Comme préoccupation, l’on apprend que la lourdeur administrative représente un réel handicap pour 85 % des entreprises industrielles et que l’accès au crédit bancaire est difficile pour 51,5 % des entreprises industrielles. Pour relever ce défi, les industriels sollicitent l’accélération de la mise en place d’un fonds de garantie et d’un fonds d’investissement national pour les entreprises industrielles et la création d’un observatoire malien de l’industrie du Partenariat Public Privé.
Aussi, un accent particulier a été mis sur la fraude et la concurrence déloyale qui touchent 80 % des entreprises industrielles et les difficultés d’accès aux terrains à usage industriel qui touchent 39,8 % des entreprises industrielles. À ces difficultés s’ajoute le coût élevé des matières premières qui handicape 86,4 % des entreprises industrielles.
Face à ces difficultés, le conférencier a fait quelques propositions qui sont : augmenter les investissements publics pour développer les infrastructures ; réduire la fiscalité sur les entreprises industrielles et sur l’emploi industriel ; favoriser la formation technique et professionnelle orientée vers les besoins de l’industrie ; mener des actions de régulation : commande publique, correction des déséquilibres entre les marchés régionaux, lutte contre la fraude et l’informel ; favoriser une véritable intégration régionale pour atteindre les objectifs nationaux de développement ; adopter une véritable stratégie de filière intégrée : filière bétail-viande, filière blé, filière coton.
Se prononçant sur les difficultés de financement des entreprises industrielles, le PDG de la BNDA, Moussa Alassane DIALLO, a affirmé que le problème s’explique par le fait que le plus souvent les porteurs de projets ne sont pas suffisamment professionnels et que les projets présentés ne sont pas économiquement rentables. Pour ce faire, il a soutenu qu’il faudrait des cabinets spécialisés dans le montage de projets industriels pour minimiser la réticence des banques.
Une autre difficulté évoquée par le PDG de la BNDA est le fait que 80 % des entreprises au Mali sont informelles et ne sont pas bancarisées. Il n’a pas également occulté la qualité des ressources humaines si bien que les spécialistes manquent dans beaucoup de domaines.
Pour inverser cette tendance et amener les banques à financer davantage les projets des entreprises, Moussa Alassane DIALLO a affirmé que les établissements financiers sont dans la logique de s’adapter aux entreprises en changeant leur manière de faire. Il a souligné que les banquiers doivent désormais sortir de leurs bureaux pour chercher à connaitre les clients jusque dans leurs lieux de travail en vue de savoir leurs potentialités.