Les cinq chefs d’Etat du Sahel ont répondu à l’invitation d’Emmanuel Macron et le G5 Sahel se tiendra ce mercredi à la Celle Saint-Cloud . Au total c’est une vingtaine de délégations qui seront présentes avec un objectif commun : renforcer la coopération internationale en matière de lutte contre le terrorisme.
Atlantico : Ce 13 décembre, Emmanuel Macron recevra à la Celle Saint-Cloud les chefs d'Etat des pays membres du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad), du président de la Commission de l'Union Africaine, mais également en présence d'Angela Mekel et du premier ministre belge, Charles Michel. Alors que la problématique touchant aux pays de la zone sahélienne concerne l'ensemble de l'Union européenne, aussi bien sur les questions de développement que de sécurité, comment expliquer une si faible présence des pays membres dans une telle réunion ?
Comment expliquer ce qui ressemble à un désintérêt ?
Jean-Sylvestre Mongrenier : Ce n'est pas du désintérêt. L'Union européenne (UE) en tant que telle et ses Etats représentent la moitié du financement prévu pour le "G5 Sahel", cette coopération militaire entre cinq Etats de la région sahélo-saharienne (Burkina-Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad). Ce G5 est destiné à lutter contre les groupes djihadistes armés ainsi que le trafic de drogues et de migrants, activités qui contribuent à financer les groupes en question. Parallèlement, il existe depuis 2013 une Mission d'entraînement et de formation européenne, l'EUTM, qui a déjà formé 12.000 militaires maliens (sur un total de 30.000). L'EUTM compte 500 soldats européens, l'Allemagne, l'Espagne et la Belgique fournissant chacun une centaine d'hommes. Cette mission est sous les ordres d'un général belge. Il s'y ajoute l'EUCAP-Sahel-Mali, autre mission européenne qui forme les cadres de la police. Quant à l'ONU, elle a déployé au Mali la mission Minusma, forte de 11.000 hommes, qui est en charge de la stabilisation du Mali et de la réconciliation. Si la Minusma n'est pas une mission d'imposition de la paix, il reste qu'elle essuie des pertes relativement importantes. Son importance ne doit pas être sous-estimée.
On se défiera donc du "blame game": plusieurs missions sont superposées, au Mali comme dans la région, et tout ne repose pas sur les Français Il est vrai cependant que la France est en pointe sur ce théâtre. En 2014, l'opération "Barkhane" a succédé à "Serval", lancée en janvier 2013 pour empêcher les groupes djihadistes de "descendre" vers Bamako. "Barkhane" mobilise envrion 4.500 hommes et d'importants moyens. Ce n'est pas une opération européenne mais nationale, décidée, préparée et conduite depuis Paris, à l'extérieur des structures de l'UE. On ne saurait donc s'étonner de ne pas y voir incorporés d'autres soldats européens. C'est ensuite que la France s'est tournée vers ses partenaires, afin d'obtenir des moyens logistiques ou autres. Cela dit, l'aide militaire essentielle est fournie par les Etats-Unis (drones, ravitailleurs et avions de transport). Près de 800 soldats américains seraient présents dans la zone. Le fait est négligé, voire passé sous silence. Pudeur de jeune fille? L'Afrique et ses périls occupent une place grandissante dans la vision stratégique américaine (il y a loin du discours isolationniste aux réalités géopolitiques).