Après le report des élections des conseillers de cercle, de région et du district de Bamako, plusieurs partis et analystes politiques pensent que le gouvernement sera dans l’incapacité d’organiser la présidentielle en juillet 2018. Quant à la majorité présidentielle, elle n’en doute point.
Si l’opposition et des analystes pensent que les conditions sécuritaires et techniques (fichier électoral) ne seront pas réunies avant juillet 2018, pour permettre à l’ensemble des Maliens de l’intérieur et de l’extérieur d’aller voter ; la majorité présidentielle pense le contraire. Car, pour elle, toutes les conditions seront réunies avant la date du scrutin pour que ces élections se tiennent dans de bonnes conditions.
Selon le président du Parena, Tièbilé Dramé, «tout le monde doute de la tenue de ces élections à la date prévue. Car le régime IBK est dos au mur». Etant incapable même d’organiser des jugements car, depuis plus de trois ans, Amadou Haya Sanogo et co-accusés sont toujours derrière les barreaux sans être jugés. Selon M. Dramé, le pourvoir actuel est incapable de sécuriser le pays ; il invite alors les Maliens au sursaut national pour élire un autre président de la République capable de sécuriser le pays, de rendre la vie moins chère et d’organiser des élections crédibles et transparentes.
M. Dramé le croit dur comme fer, «les Maliens ont l’obligation d’élire un nouveau chef d’Etat qui saura mettre le pays sur de bons rails». D’autant que, ce qui s’est passé le 27 novembre 2017 est inquiétant, selon Tièbilé Dramé. «Le pourvoir, à deux semaines de la présidentielle peut encore se réunir en session extraordinaire pour la reporter», affirme-t-il. Or, selon lui, le report de ce scrutin «pourra plonger non seulement le pays dans une crise politique, mais aussi susciter une insurrection populaire car le peuple malien est désespéré».
Pour Khalide Dembélé, professeur d’enseignement supérieur et analyste politique, c’est la 2e fois que les élections des conseillers de cercle, région et du district sont reportées par le gouvernement. Si le gouvernement invoque l’insécurité, la révision de la liste électorale et l’enrôlement des nouveaux majeurs, pour justifier ces différents reports. Khalide Dembélé estime que le parti au pouvoir n’est pas dans une bonne dynamique. Selon cet analyste politique, tout porte à croire que les Maliens ne sont pas satisfaits des réalisations du gouvernement à cause des promesses non tenues et l’impasse dans laquelle le pays se trouve.
Aussi, ajoute-t-il, la crise au nord n’est pas résolue comme promu par IBK en 2013 ; la corruption s’est généralisée et les ressources financières du pays sont dilapidées. C’est la raison pour laquelle, analyse-t-il, «les Maliens ne comptent plus renouveler leur confiance au RPM». Cependant, pronostique-t-il, «le report de l’élection présidentielle de 2018 sera fatal pour le pays car les Maliens ne font pas accepter une telle décision de l’exécutif».
Pour l’honorable Mamadou Diarrassouba, l’élection présidentielle et celles qui étaient prévues pour ce 17 décembre ne sont pas les mêmes. Celles du 17 décembre visent à renouveler les conseillers dans les assemblées régionales, dans les conseils de cercle, le conseil du district et le Haut conseil des collectivités territoriales. Donc des représentants des différentes localités dans les instances de prise de décision au plan local, régional et national. Alors que, pour l’honorable Mamadou Diarrassouba, la présidentielle vise à choisir le président de la République. «Si dans la majorité des localités, on peut organiser l’élection présidentielle, le résultat issu du scrutin est valable», soutient-il. «La situation sécuritaire très dégradée ne doit pas empêcher la tenue de la présidentielle de 2018 car, dit-il, personne ne peut prédire quand le pays sera stable».