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Art et Culture

«Ça va aller», la photographe ivoirienne Joana Choumali à la Biennale de Bamako
Publié le vendredi 15 decembre 2017  |  RFI
La
© Autre presse par DR
La photographe ivoirienne Joana Choumali
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Ce sont des œuvres étonnantes, bouleversantes, des photographies brodées sur des sujets graves qui touchent à la fois à l’histoire de la Côte d’Ivoire et à la vie intime des personnages représentés. Ce projet artistique très particulier de l’artiste ivoirienne Joana Choumali, né à Abidjan, d’un père ivoirien et d’une mère hispano-équato-guinéenne, est exposé jusqu’au 31 janvier 2018 aux 11e Rencontres de Bamako. Entretien.

RFI : Joana Choumali, pourquoi votre série de photographies s’appelle-t-elle « Ça va aller » ?

Joana Choumali : « Ça va aller » est une expression typique de la Côte d’Ivoire, qui conclue toute conversation positive ou négative. C’est une façon pour nous de dire que tout ira mieux, et cela, quelle que soit la situation. C’est une expression qui a vraiment eu beaucoup plus d’importance après la guerre. Quand il y avait la crise sociopolitique, beaucoup de choses, des événements qu’on ne comprenait pas très bien, dont on ne connaissait pas les contours – ni le début, ni la fin – on utilisait souvent cette expression pour conclure. Ça va aller. Pour se donner du courage les uns aux autres.

Quand Bassam a subi l’attaque terroriste en 2016, j’étais à l’étranger. Et quand je suis rentrée deux semaines après, je suis allée sur les lieux. D’abord parce que je voulais rencontrer certaines victimes et puis aussi parce que la société des psychiatres de Côte d’Ivoire donnait une conférence sur le thème : comment surmonter un choc traumatique après une attaque terroriste ?

Comment avez-vous travaillé ?

J’ai fait le tour de la ville plusieurs fois et j’ai fait des photos avec mon iPhone. Ensuite, quand je suis rentrée à la maison, j’ai vu que toutes les photos parlaient de la même chose, de mon état d’esprit. Mais, je me sentais aussi connectée aux personnes qui figurent sur les photos. Il y avait une certaine mélancolie, une énergie que je ne reconnaissais pas dans cette ville. Et j’ai commencé à broder, parce que j’avais des problèmes de santé qui ne me permettaient pas de vraiment disposer de mon corps comme je le souhaitais. J’ai commencé donc à broder depuis ma maison et je n’ai pas arrêté.

Quelle est l’articulation entre la broderie et la photo ?

La photo, surtout la photo avec un portable, ne demande pas beaucoup de technique. C’est un instantané. Mais le contraste entre l’immédiateté de la photo et le temps qu’il faut pour pouvoir broder sur une photo, c’est ce qui m’a intéressé. C’est aussi le rapport avec le côté subit de cette attaque qui n’est jamais préparée, qu’on ne voit pas venir. Et ensuite, le temps qu’il faut pour pouvoir en guérir, pour pouvoir passer à un état plus serein en fait.

Comment est-ce que vous avez travaillé les couleurs ?

C’est complètement au hasard. Quand je commence une toile, je ne sais pas comment je la termine.
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