La force conjointe du G5 est-elle vraiment la clé pour une sortie réussie de l’armée française au Sahel ? D’un point de vue strictement militaire, tous les observateurs s’accordent à le dire, la machine G5 est loin d’être prête. La première sortie des contingents estampillée G5, cet automne, a été notoirement chaotique.
«Elle a été annoncée avec tambours et trompettes, mais elle n’était clairement pas à la hauteur des espérances, rappelle Laurent Touchard, spécialiste des questions de défense en Afrique. Cela ne signifie aucunement que les unités sont mauvaises, comme on l’entend parfois. Prises isolément, elles peuvent faire du bon boulot. Mais elles sont pour le moment incapables de travailler ensemble sur le terrain, avec une chaîne de commandement unifiée.»
Cette opération test, baptisée «Haw Bi», a mobilisé plus de 500 soldats africains. Des éléments français ont accompagné la manœuvre tout du long. «Des efforts de coordination restent à faire, commente pudiquement un membre de l’équipe élyséenne. Quant à une autonomisation pleine et entière de la force, on n’en parle même pas pour le moment.» Certaines capacités – le soutien aérien, le renseignement technique ou les évacuations sanitaires rapides, notamment – sont hors de portée des armées en question, faute de moyens, leurs gouvernements comptant parmi les plus pauvres de la planète.