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G5 Sahel : Macron veut « des victoires en 2018 »
Publié le vendredi 15 decembre 2017  |  Le Point
Arrivée
© aBamako.com par CHRISTOPHE PETIT TESSON
Arrivée du Président Français, Emmanuel Macron à Gao
Le Président de la République Française, Emmanuel Macron est arrivé à Gao le 19 Mai 2017 pour une visite à la force Barkhane.
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Coalition. À La Celle-Saint-Cloud, Emmanuel Macron a reçu une vingtaine de délégations pour relancer la création du G5 Sahel. Il a obtenu des financements supplémentaires et attend des résultats rapides.

Même si Emmanuel Macron a reçu les chefs d'État des armées de la force anti-djihadiste G5 Sahel sous une pluie glaciale, au château de La Celle-Saint-Cloud, dans les Yvelines, mercredi était une belle journée. L'Arabie saoudite a annoncé qu'elle donnerait 100 millions d'euros à la nouvelle entité, les Émirats arabes unis 30 millions d'euros et les Pays-Bas 5 millions d'euros. Bref, du côté de l'Élysée, on parle tout sourire d'un « déjeuner à 135 millions d'euros ». Ce n'était pas le seul objet de la réunion.

« Le terrorisme bat son plein au Sahel »
Le G5 Sahel a été créé en juillet dernier, à Bamako, avec cinq pays concernés par une recrudescence d'attaques djihadistes : le Mali, le Niger, le Burkina Faso, la Mauritanie et le Tchad. L'objectif, d'ici au mois de mars 2018, était qu'elle rassemble une force d'au moins 5 000 hommes. Le Niger, aujourd'hui, a annoncé qu'il ajouterait deux bataillons aux deux qu'elle a déjà mis à disposition, ce chiffre sera donc largement dépassé. La force, dotée d'un secrétariat exécutif et d'un commandement unique, concentrera ses efforts sur la zone des trois frontières (Mali, Burkina Faso, Niger), où les groupes djihadistes, et notamment celui mené par Abou Walid al-Sahraoui, rallié à l'État islamique, mènent des attaques régulières. On les estime à quelques centaines, répartis en petites katibas de quelques dizaines d'individus, mais ils terrorisent les populations et s'y infiltrent peu à peu, rendant la traque d'autant plus délicate. Le 4 octobre, à Tongo Tongo, au Niger, le groupe d'al-Sahraoui a ainsi tendu une embuscade à une unité spéciale, causant la mort de quatre bérets verts américains et de cinq soldats nigériens.

Quelques jours plus tard, le 21 octobre, 12 gendarmes étaient tués à Ayorou, près de Tillabéri, non loin de la frontière malienne. De plus, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a, comme lors du forum sur la paix et la sécurité de Dakar en novembre, rappelé sa crainte de voir, après une victoire militaire contre l'État islamique dans la zone irako-syrienne, un « reflux » vers le Sahel. Or, pour l'instant, le G5 Sahel n'a mené qu'une seule opération, en octobre, nommée HAW BI, et qui a été loin d'être un succès. L'objet de la réunion de mercredi était donc, selon l'Élysée, de « reprendre la main » et d'augmenter l'effort militaire. « Il nous faut gagner la guerre contre le terrorisme dans la zone sahélo-saharienne, or elle bat son plein. Il y a des attaques chaque jour, il y a des États qui sont aujourd'hui menacés et il y a une réelle présence terroriste. Et donc il faut intensifier l'effort avec cette forme nouvelle, en partenariat avec l'Union africaine et les États africains présents », a ainsi affirmé Emmanuel Macron. Il a annoncé un objectif simple : « avoir des victoires au premier semestre 2018 ».

Pas de plan de sortie française
Au-delà de la rhétorique guerrière, il s'agit sans doute aussi de convaincre les États-Unis de céder sur un point sur lequel ils se sont jusqu'à présent montrés inflexibles : l'obtention d'un mandat sous chapitre 7 de la charte de l'ONU, qui autoriserait l'usage de la force et engagerait la responsabilité des États autres que ceux de la « coalition Sahel ». Pour l'instant, la France a arraché une résolution autorisant la mission de l'ONU au Mali (Minusma) à apporter un soutien logistique et opérationnel au G5 Sahel, comprenant, par exemple, les évacuations sanitaires mais aussi les ravitaillements en carburant, en eau, en rations alimentaires. Outre les 12 000 Casques bleus, la région est sillonnée par l'opération Barkhane, française, 4 000 hommes qui traquent les djihadistes. Contrairement à ce que l'on avait pu percevoir au forum sur la paix et la sécurité de Dakar en novembre, où le G5 Sahel avait été présenté comme « une solution africaine aux problèmes africains » qui devait, à terme, permettre à la France de diminuer sa présence, l'Élysée a cette fois affirmé que la nouvelle force n'était « pas une stratégie de sortie ». Pour l'instant, Barkhane doit fournir un soutien opérationnel au G5 Sahel, dont les ministres de la Défense doivent se réunir pour caler des arrangements techniques avant la mi-janvier.

L'argent, le nerf de la guerre
Outre les présidents des pays du G5 Sahel étaient présents Moussa Faki Mahamat, président de l'Union africaine, Paolo Gentiloni, Premier ministre italien, qui a tenu à rappeler l'importance de rétablir la stabilité dans la zone pour lutter contre les trafics de drogue et d'êtres humains, Angela Merkel, mais aussi des représentants américain, saoudien, émirien. En ce qui concerne les financements, les 135 millions d'euros annoncés s'ajoutent aux 10 millions que doit verser chaque pays du G5 Sahel, aux 50 millions déjà apportés par l'Union européenne, aux 60 millions des États-Unis et aux 8 millions de la France, essentiellement en matériel. Le budget initial était de 400 millions d'euros, 250 millions dans un premier temps. Le 23 février, une conférence aura lieu à Bruxelles pour « augmenter le nombre de donateurs », selon l'Élysée.

Quelques questions d'importance restent cependant en suspens. Grande inconnue, l'Algérie. Selon l'Élysée, Emmanuel Macron aurait évoqué la question avec Abdelaziz Bouteflika lors de sa récente visite à Alger, attendant de lui « une pleine coopération pour le contrôle de la frontière ». Par ailleurs, IBK a promis de faire appliquer l'accord d'Alger (qui n'est « pas le meilleur des accords, mais a le mérite d'exister », selon le chef d'État malien), signé entre la République du Mali et une coalition de rebelles touareg en 2015. Mais, pour l'instant, c'est bien le Mali dont la situation chaotique précipite les voisins dans une spirale de violence, au grand dam, par exemple, de son voisin nigérien. Et rien n'indique que la solution militaire suffira, dans une zone où s'entremêlent des conflits ancestraux d'accès aux ressources, ethniques et finalement religieux.
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