La réunion des chefs d’Etat du G5 Sahel qui s’est déroulée mercredi à Paris à l’initiative du président français, Emmanuel Macron, a répondu à toutes les attentes. Les travaux, tenus en cercle très fermé dans le château de la Celle Saint-Cloud, ont été sanctionnés par une conférence de presse animée par le président français, Emmanuel, le président malien Ibrahim Boubacar Kéita, la chancelière allemande, Angela Merkel, le Premier ministre italien, Paolo Gentiloni et le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat.
C’est avec une certaine satisfaction que le président Macron s’est adressé à la presse en annonçant deux nouveaux contributeurs financiers à la force du G5 Sahel, à savoir l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis. «Je souhaite souligner évidemment l’engagement de l’Union européenne, qui s’est engagée à hauteur de 50 millions d’euros, mais également l’Arabie Saoudite qui contribuera à hauteur de 100 millions et les Emirats Arabes Unis à hauteur de 30. C’est un premier engagement. Ce qui n’est qu’une étape dans la mobilisation puisqu’une conférence de soutien et de planification se tiendra à Bruxelles le 23 février prochain pour rassembler tous les partenaires intéressés», a-t-il déclaré.
De son côté, le ministre des Affaires étrangères de l’Arabie Saoudite, Adel al-Joubeir, a indiqué : «nous travaillerons aussi, grâce à l’Alliance militaire islamique, à fournir un soutien logistique et de l’entraînement militaire là où ce sera nécessaire». «Nous partagerons aussi du renseignement. Nous essaierons de fournir de l’aide humanitaire aux personnes que cette guerre contre le terrorisme risque d’affecter. Bien sûr, le roi d’Arabie Saoudite a son propre programme bilatéral d’aide au développement avec chacun des pays du G5 et cela va continuer», a-t-il ajouté. Quant aux 100 millions promis, le chef de la diplomatie saoudienne dira: «nous sommes prêts à fournir l’argent dès que possible. Nous attendons juste que les mécanismes adéquats soient mis en place mais nous pouvons débourser l’argent demain. Nous y travaillons en groupe et nous voulons être sûrs que les ressources seront dépensées de la manière la plus utile qui soit».
Face aux journalistes, le président Ibrahim Boubacar Kéita s’est réjoui de la tenue de cette rencontre au cours de laquelle des Etats ont promis d’épauler le G5 Sahel. «Je vais d’abord dire tout le plaisir et tout l’intérêt que mes collègues chefs d’État des pays du G5 Sahel et moi même avons pris à nous retrouver ici avec nos amis européens, Mme Merckel …., nos amis espagnols et américains. Tous étaient là pour nous dire le souci qu’il y a aujourd’hui par rapport à la sécurité dans le Sahel. Et très rapidement les soutiens ont été renouvelés, nos amis également des pays du Golfe, notamment l’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis m’ont dit ce qu’ils apportaient dans la cagnotte, 130 millions d’euros; c’est un apport assez important», a-t-il déclaré.
«En ce qui nous concerne au G5 Sahel, nous sommes conscients que le temps nous est compté, nous sommes conscients qu’avec ce qui s’est passé au Moyen Orient, avec la fin de la guerre en Syrie, il y aura un reflux vers nous et nous ne souhaitons pas que ce qui n’a pas été engrangé par certains au Moyen Orient le soit dans le Sahel. Je viens de dire l’urgence aujourd’hui à faire en sorte que notre force G5 Sahel aboutisse rapidement à des résultats concrets dans sa lutte contre le terrorisme. Pour cela, il nous faut tenir nos engagements financiers que les uns et les autres ont faits à notre endroit. La décision d’aujourd’hui a été très franche, très directe et très productive et je crois que les procédures qui seront mises en œuvre dans les temps à venir, nous ferons que tout cela soit diligenté à souhait», a ajouté le président de la République.
En ce qui concerne la situation au Mali, le président Kéita dira : «nous poursuivons nos efforts en vue de faire en sorte que l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali soit effectif. Il n’y a pas d’alternative à l’Accord de la paix au Mali. Nous avons déjà dit ce que nous en pensions, ce n’était pas le meilleur des accords, mais il a le mérite d’exister et de nous offrir un cadre dans lequel nous pouvons évoluer et où nous devons évoluer pour l’atteinte d’une paix durable, souhaitable et attendue par tout le monde. Il y a dans cet accord beaucoup d’éléments encore à parfaire mais nous tenons beaucoup à ce que la mise en œuvre, la régionalisation en particulier, soit effective pour que les uns et les autres soient plus proches des centres de décision, aient l’effectivité de leur appropriation de la part du pouvoir dans le pays. Tout cela sera fait, Inchallah, dans les temps à venir».
Et le chef de l’Etat de poursuivre : «nous souhaitons également que le même souci qui a engagé à nos côtés toute la communauté internationale, à savoir la stabilisation du Mali dans un cadre démocratique, que la démocratie malienne garde tous ses effets et qu’ainsi ce qui est prévu en matière d’agenda électoral se tienne. Nous avons, pour des raisons internes d’exclusivité, reporté les élections locales au mois d’avril, nous ferons en sorte qu’elles se tiennent. Egalement l’échéance présidentielle de juillet 2018, nous souhaitons créer les conditions pour qu’elle soit effective. C’est important pour nous, c’est important pour vous qui avez soutenu à bout de bras pour que le Mali se retrouve et que ce qui a été fait pour l’accompagner n’est pas été en vain», a-t-il indiqué.
Quant à la Chancelière allemande, Angela Merkel, elle a déclaré: «nous soutenons le président Keita dans toute la mesure du possible, notamment pour faire progresser la réconciliation politique, et puis pour que les élections puissent se dérouler et conférer ainsi une légitimité démocratique au processus de paix».
En marge de la réunion du G5 Sahel, le chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Kéita, a reçu en audience, le chef de la délégation américaine, Thomas Bossert, conseiller de la Maison-Blanche pour la sécurité et la lutte contre le terrorisme. De source diplomatique, les échanges entre les deux personnalités ont porté sur la coopération bilatérale, l’accélération de l’opérationalisation de la Force conjointe du G5 Sahel et le processus de paix au Mali. A ce propos, Thomas Bossert a affirmé que son pays comptait sur le leadership du président Kéita pour la mise en œuvre effective de l’Accord de paix au Mali. Il a également renouvelé le soutien des États-Unis d’Amérique au chef de l’Etat dans ses efforts pour la paix et la sécurité au Mali et au Sahel.