Dans la manifestation suprême de sa vanité, l’homme s’était engagé il y a plusieurs décennies de cela, dans une entreprise sans précédent de destruction de ce qu’il y a de plus précieux sur terre, la vie de son prochain. Cette déraison avait conduit à des horreurs sans nom et à la transgression de cet interdit sur lequel sont unanimes les grandes religions. Revenu quelques années plus tard de son égarement meurtrier, l’homme s’est trouvé tout contrit de la désolation qu’il avait semée autour de lui et avait ressenti l’impérieuse nécessité de se donner bonne conscience en posant des balises qui seraient sensées le guider dans ses rapports futurs avec son prochain. Un texte résumera ainsi l’essentiel du cadre dans lequel l’homme aurait souhaité voir son action s’inscrire ici bas.
Les principes fondamentaux, consignés dans ce texte connu comme la déclaration des droits de l’homme, ne sont pas apparus ex nihilo mais reposent sur les croyances de leurs rédacteurs, même si la forme définitive s’en tient à bonne distance. Les recommandations qui y sont professées ne sauraient apparaître comme un carcan pour le monde musulman, malgré l’avalanche d’images soigneusement sélectionnées et de reportages divers tendant à assimiler le seul concept de l’islam à la négation de toute liberté, de tout droit. Les exégètes se réfèrent en cela à maints passages du Livre saint, ancrant ces principes dans la religion musulmane, même si l’observance des prescriptions a beaucoup varié jusque là sous les latitudes, altérée par le poids des coutumes et des traditions. Pour les docteurs de la foi, l’islam, sur le principe de la liberté, présente la vérité divine et laisse à l’homme le choix de décider de sa propre voie. Ils se réfèrent en cela à divers chapitres du Livre sacré.
Il est notamment indiqué : « La vérité est là, émanant de votre Seigneur. «Croira qui veut, la reniera qui voudra». (18:29) ». Et cette liberté de croyance est réaffirmée par ailleurs : « Si ton Seigneur l’avait voulu, tous ceux qui sont sur la terre auraient cru. Est-ce à toi de contraindre les gens à devenir croyants ? » (10:99)
Les humains n’en sont pas moins conviés au discernement : « La vérité est désormais distincte de l’égarement. Celui qui renie les faux dieux et voue sa foi au Seigneur aura saisi une anse ferme irréfragable. » (2:256).
Par ailleurs, dans le domaine des rapports quotidiens, s’il est un point sur lequel insistent les théologiens, c’est bien celui de l’équité. En rapportant ces préoccupations, ils soulignent que l’islam dans son essence en appelle à la droiture, substituant à l’instinct de vengeance la nécessité de justice, devançant les principes que l’homme proclame seulement depuis peu.
Les oulémas, suivant ce passage du Livre saint, exhortent ainsi l’humain : « La droiture, ce n’est point tourner sa face vers l’orient ou l’occident. La droiture c’est croire en Dieu, au jugement dernier, au Livre et aux Prophètes, c’est donner de son bien quelque besoin qu’on en ait à ses proches, aux orphelins, aux pauvres, aux voyageurs démunis et aux mendiants et pour délier les jougs. La droiture c’est observer la prière, faire l’aumône, tenir ses engagements, supporter avec courage l’adversité et le malheur. C’est la droiture par excellence. » (2:177).