À la faveur d’une intervention sur Radio Klédu, Amadou Koïta, conseiller technique à la Primature, a donné des précisions concernant le problème d’annulation du marché d’achat de matériels roulants pour l’armée malienne sur initiative de l’Autorité malienne de régulation des télécommunications/Tic et des postes (Amrtp). M. Koïta estime qu’il s’agissait là d’une vraie magouille planifiée sous le couvert de don à l’armée malienne, n’eusse été la clairvoyance de l’administrateur chevronné, Diango Cissoko, pour la contrecarrer.
Où en sommes-nous avec l’application de la feuille de route de la transition ?
Amadou Koïta : Nous sommes en train de travailler sérieusement à la Primature pour combler, une fois de plus, les attentes de la Nation malienne. Ce n’est pas facile, mais la seule ambition du Premier ministre est de mener à bien, avec son staff, les missions qui lui ont été confiées, afin de relever les défis de cette page sombre de l’histoire de notre pays. On peut dire que beaucoup a été réalisé aujourd’hui et qu’il en reste encore. Diango Cissoko a été nommé à la Primature à un moment très critique (les 2/3 de notre territoire national étaient envahis, ndlr). Mais aujourd’hui, grâce à Dieu et au soutien de nos partenaires, nous avons pu libérer la majorité de ces zones occupées.
Par ailleurs, nous sommes à pied œuvre quant à l’organisation des élections conformément à la feuille de route de la transition adoptée par l’Assemblée nationale du Mali. D’ailleurs, les deux points essentiels de cette feuille de route, à savoir la libération des régions envahies et l’organisation des élections, ont toujours été la priorité de l’équipe de Diango Cissoko. Nous travaillons quotidiennement, sans relâche, pour mener à hauteur de souhait ces deux missions. Le gouvernement est en train de tout mettre en œuvre pour pouvoir organiser des élections crédibles, incontestables, acceptées par tous. Cela, avec l’implication de tous les acteurs (partis politiques, société civile, et autres partenaires), afin d’investir un président élu par la majorité des Maliens.
Pouvez-vous nous donner des précisions concernant l’annulation du marché de l’Amrtp par le Premier ministre pour l’achat de matériels roulants pour l’armée malienne ?
Je ne suis pas ici au nom de la Primature, mais en tant qu’acteur politique. De toutes les façons, je suis conseiller à la Primature et je peux édifier les Maliens sur certaines choses. Car, les journaux ont beaucoup parlé de ce problème. Le Premier ministre Diango Cissoko n’est pas quelqu’un qui est venu du néant. Tout le monde connaît sa carrière, c’est un administrateur chevronné de ce pays qui a accepté de venir à la tête de la Primature en un moment très critique pour le Mali. Ce n’était pas n’importe qui, qui pouvait accepter d’être Premier ministre du Mali à cette heure très chaude pour le pays. C’est très déplorable, maintenant que l’ordre commence à s’installer, de la part de certaines personnes qui taxent le Premier ministre d’avoir refusé l’achat de matériels roulants pour l’armée malienne ; que le Premier ministre a annulé un marché. Pourtant, les Maliens réclament la lutte contre la corruption, la lutte contre la délinquance financière et surtout, la bonne gouvernance. Donc, les décisions nationales du Mali doivent venir du Premier ministre ou être autorisées par lui. Mais, contre toute attente, la structure que dirige Choguel K. Maïga, a fait passer un marché de huit milliards neuf cent millions (8. 900. 000. 000Fcfa), comme aide à l’armée malienne, pour l’achat de matériels roulants. Pourtant, cette structure n’est pas une structure privée et à cet effet, elle ne doit pas faire passer un marché sans l’accord de la Primature. C’est l’argent de l’Etat. C’est comme si le Dg de la douane se lève demain, sans autorisation, pour utiliser les sous de l’Etat, parce qu’il veut appuyer l’armée. Toutes les affaires de l’Etat marchent sur la base des règles. Ce genre d’aide d’une structure étatique doit passer par l’Etat. Et c’est à la Primature de demander les besoins de l’armée malienne au ministre de la Défense et des Anciens combattants. À cet effet, le ministre de la Défense et ses services techniques, après études, font la demande des besoins. En ce comment, les commandes seront faites en fonction de ça.
Malheureusement, quelle que soit la bonne volonté de la structure que dirige Choguel K Maïga, la transparence n’admet pas le déroulement dudit contrat d’achat. Le peuple malien doit féliciter et applaudir le Premier ministre Diango Cissoko, si réellement il veut la bonne gouvernance, la lutte contre le népotisme et la corruption. Diango Cissoko, en tant qu’administrateur chevronné, a fait le dossier qui devrait passer au Conseil des ministres. D’ailleurs, le ministre de la Défense a fait un communiqué, à l’époque, à la télévision nationale pour préciser que son département n’a pas exprimé ce besoin. Parce que le ministre de la Défense avait déjà fait des commandes pour l’achat de matériels roulants dans le cadre de l’équipement de notre armée nationale pour faire face à sa mission régalienne. Il faut signaler que ce genre de marchés doit être confié à quelqu’un qui peut assurer le service après vente.
En réalité, le Premier ministre Diango Cissoko n’a fait que respecter les règles en la matière. Rappelons que cette structure étatique voulait faire conclure ce marché, sans l’avis de la Primature et aussi sans l’accord du ministère de la Défense sur ses besoins. Ce problème a fait couler beaucoup d’ancre et de salive. D’autres ont dit que nous avons refusé d’acheter des équipements pour l’armée malienne. Ce qu’ils ne savent pas, c’est que les équipements exprimés par le département de la Défense sont en route pour le Mali. Bientôt, ils seront livrés à notre armée nationale.
Par ailleurs, d’autres disent que Diango Cissoko a ajourné ce marché, mais qu’il a fait passer de deux milliards de nos francs pour l’achat des véhicules roulants pour la Primature. S’il y a des institutions qui ont souffert du coup d’Etat, c’est bien la présidence de la République et la Primature. Il n’y a même pas de véhicules pour les déplacements du Premier ministre à l’intérieur du pays. Donc, il a décidé de renouveler le parc automobile de la Présidence et de la Primature. C’est normal, car c’est la vitrine du pays. Diango Cissoko n’achète pas les véhicules à son nom propre. Cette décision de faire des commandes a été prise après le constat du manque de véhicule à la Présidence et à la Primature. Aussi, la Commission dialogue et réconciliation doit être équipée en matériels roulants. C’est le département des Finances et du Budget qui a fait les commandes et non la Primature.
Dans tous les cas, je rassure les Maliens que le marché annulé a été fait pour l’intérêt de la Nation et surtout avec l’esprit de la bonne gouvernance et de la transparence. L’argent a été versé au trésor. Il (cet argent) a été utilisé pour la satisfaction des besoins de renouvellement du parc automobile de la Présidence, de la Primature et surtout pour l’équipement de la Commission dialogue et réconciliation. Cependant, un privé peut faire des aides à l’armée de n’importe quel matériel, même si le besoin n’est pas. Par contre, une structure étatique est soumise à des règles à ne pas violer. Diango Cissoko n’avait aucune idée dernière la tête, en annulant le marché de la structure de Choguel K Maïga. Que cela soit clair pour tous les Maliens ! Bientôt, le nouveau président sera élu et il va choisir un nouveau Premier ministre. Le peuple malien ne va certainement pas aimer que ce nouveau président et son Premier ministre trouvent qu’il n’y a pas de véhicules.
Qu’en est-il de votre position politique ? Vous êtes dans quel parti politique précisément ?
Je lis beaucoup de choses dans les journaux sur ma position. Mais, ne dit-on pas que seul le silence est grand et que tout le reste est faiblesse ? C’est vrai, j’étais le secrétaire politique du Fdr et j’ai été un moment le porte-parole. C’est grâce à l’Union des mouvements et alliances pour le Mali (Umam) que j’ai été au Fdr. Après le coup d’Etat, nous nous sommes retrouvés dans le Fdr pour faire front commun afin de défendre la démocratie. Mais, il faut reconnaître qu’il y a aujourd’hui des petites difficultés au sein de notre parti Umam. Comme le dit un adage de chez nous : «Même la dent et la langue se contredisent…». Mais, quelles que soient les contradictions, certaines choses ne sont pas bonnes. En politique, il ne faut jamais dire à la fontaine que je ne boirai point de ton eau. Bittar et moi, nous nous sommes retrouvés à travers nos idées. Toute chose qui a conduit à créer à Umam pour nous lancer dans la conquête du pouvoir. C’était avant le coup d’Etat. Mais, il y a des contradictions entre lui et moi. Sinon, rien d’autre.
Vous êtes présentement membre de l’Umam ou pas ?
Là où je suis, j’ai suspendu pour le moment toutes mes activités à l’Umam. Je l’ai fait parce que mon grand-frère Bittar et moi n’avons pas pu nous comprendre. Après la tragédie du coup d’Etat, j’ai demandé à Bittar qu’on sursoie à notre vision de se présenter à l’élection présidentielle prochaine, car nous ne nous sommes pas bien préparés. Cela, afin de minimiser les pertes. Surtout qu’en matière politique, il faut être objectif et réaliste pour laisser de côté toute subjectivité. Je lui ai dit qu’on doit renoncer à cette présidentielle pour préserver nos défenses, surtout que c’est lui, Bittar, le principal bailleur, et pour garantir notre avenir politique. Pour ce faire, je lui ai proposé de voir si c’est possible de se rallier à une grande coalition du Fdr pour les élections à venir. Sans préciser. Dans cette coalition, nous allons soutenir un candidat. Et à travers elle, nous allons préparer les élections législatives ainsi que les communales. En conclusion, j’ai dit à Bittar que si l’on part à la présidentielle, sans qu’on soit préparé pour pouvoir sauver notre, si on arrive à avoir un score au-deçà des attentes.
Quelle a été la réponse de Bittar ?
Il m’a demandé de lui donner du temps, qu’il va réfléchir sur comment on doit faire. C’est après qu’il m’a déclaré que personne ne peut empêcher sa candidature. Donc, nous nous ne sommes pas compris sur la situation. C’est ainsi que d’autres ont intoxiqué que j’ai quitté Bittar à cause de l’argent. Sinon, moi j’ai combattu sept ministres du Pdes pour suivre Bittar. Pourtant, ces ministres maliens pouvaient m’ouvrir plusieurs portes. Donc, ce n’est à cause de l’argent qu’on a été ensemble. D’ailleurs, on allait suivre Bittar dans son ambition de candidature, si c’était à cause de l’argent, pour profiter de lui. Mais, notre carrière nous est chère plus que l’argent.
Qu’allez-vous faire maintenant : soutenir un candidat ou créer un parti politique ?
Non, j’ai dit à mes camarades qui sont à Bamako et partout au Mali avec qui on est guidé par deux sentiments : le patriotisme et le devoir. C’est-à-dire, faire une analyse patriotique sur les causes qui ont plongé le Mali dans cette situation et surtout savoir quel candidat peut sauver notre pays ; quel candidat peut relever le Mali d’aujourd’hui à terre et par terre et quel président peut réellement travailler dès le lendemain de son élection. Celui qui a de l’expérience, de l’expertise, un carnet d’adresses nationales et internationales bien fournies. Un candidat qui incarne des valeurs rassurantes pour sortir le Mali de ce chaos, une fois élu. Avec mes camarades, nous sommes en train de nous concerter pour bien analyser la situation afin de créer un mouvement et soutenir un candidat potentiel. Car, si vous ne faites de la politique, elle va vous faire.