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L’ex-général Moussa Sinko Coulibaly à cœur ouvert :« Je ne suis ni de la majorité, ni de l’opposition mais du côté du changement »
Publié le lundi 18 decembre 2017  |  Le challenger
Réunion
© aBamako.com par as
Réunion du ministre de l`Administration Territoriale, de la Décentralisation et de l`Aménagement du Territoire, Col Moussa Sinko Coulibaly avec les partis politiques et de la société civile
Jeudi 12 Juillet 2012.Bamako. Gouvernorat du district de Bamako. Le ministre de l`Administration Territoriale, de la Décentralisation et de l`Aménagement du Territoire, Col Moussa Sinko Coulibaly
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« Le projet que nous mettons en place n’est pas une histoire entre Moussa Sinko et le régime en place…»

Le 30 novembre dernier, le général de brigade, Moussa Sinko Coulibaly, a créé la surprise en adressant sa lettre de démission au chef suprême des armées. Ancien ministre de l’Administration territoriale de 2012 à 2014, ce jeune officier âgé de 45 ans, était jusqu’à sa démission, le Directeur général de l’Ecole de maintien de la paix Me Alioune Blondin Beye de Bamako. L’ex-général Moussa Sinko Coulibaly nous a accordé, le vendredi 15 décembre, une interview dans son nouveau bureau sis à Faladiè en commune VI du district de Bamako. Au cours de cet entretien, il a expliqué sa vision pour la gouvernance du Mali, ses ambitions pour 2018 et les nouvelles missions qu’il s’est assignées personnellement pour le Mali afin de donner de l’espoir au peuple. Lisez plutôt !

Le Challenger : Bonjour, doit-on vous appeler encore mon général ? Votre démission de l’armée a fait un tollé dans le milieu politique où les critiques et les spéculations vont bon train. Quelle appréciation en faites-vous ?

Moussa Sinko Coulibaly : (Rire…). Disons que j’essaie de me préoccuper essentiellement des difficultés que les Maliens vivent aujourd’hui. Je pense que les réactions de la classe politique ne constituent pas aujourd’hui ce qui est important pour les Maliens parce que depuis très longtemps, je pense que cette classe politique qui a été chargée de gérer les affaires publiques, a montré ses limites. Donc, nous voulons aujourd’hui d’autres solutions et nous voulons aller au contact des Maliens. C’est ce qui est important aujourd’hui pour nous afin de trouver une solution aux problèmes que nous vivons.



Mon général, en tant que ministre de l’administration territoriale de la Transition, vous avez contribué à l’élection du président IBK en 2013. Entre vous et le régime actuel, qu’est-ce qui n’a pas marché ?

Le projet que nous mettons en place n’est pas une histoire entre Moussa Sinko et le régime en place. Ce projet que nous voulons mettre en place s’adresse à tous les Maliens, c’est pour résoudre un problème particulier. C’est pas pour mettre en avant le général, ce n’est pas pour régler une histoire quelconque avec ceux qui sont chargés aujourd’hui de diriger les affaires publiques. Nous avons fait le constat que depuis 2013 jusqu’à maintenant, la situation générale du pays ne fait que se dégrader et inévitablement si on ne trouve pas une solution, la finalité c’est le chaos et la destruction de ce pays. L’année prochaine, il y a une opportunité formidable qui nous est offerte de pouvoir changer les mauvais évènements à travers l’élection présidentielle. C’est pourquoi, nous avons décidé aujourd’hui d’aller vers les Maliens pour leur dire qu’une autre voie est possible. Nous allons essayer, à partir de maintenant, de sensibiliser l’ensemble des Maliens sur le territoire national et hors du Mali afin que tous les Maliens, sans exception, se mobilisent pour donner une chance au changement. Nous pensons que l’équipe qui est en place, peut être de bonne foi, a essayé ce qu’il a pensé être la solution mais le constat est que nous n’avons pas fait de progrès sur les grands sujets, sur les grandes préoccupations de l’Etat malien. Donc, nous voulons qu’à la fin du mandat qui est en place, il y ait une autre formule pour nous permettre de faire face à la crise que nous vivons actuellement.

Vous venez de nous parler des grandes préoccupations. Est-ce que vous pouvez les énumérer ?

Je vais citer seulement quelques points essentiels. Le processus de paix est complètement en panne, vous pouvez le remarquer. Les questions sécuritaires, tous les jours, ce sont de nouvelles attaques, tous les jours des zones sont inaccessibles aux populations et aussi, l’économie. Il suffit d’aller dans les rues, de demander aux Maliens, tout le monde constate que, comme on le dit habituellement, le panier de la ménagère est aujourd’hui complètement vide. Pour ne citer que ces quelques points. Le constat est vite fait. Demandez aux maliens, 9/10 diront spontanément qu’il y a lieu de faire les choses différemment.

Au lendemain de votre démission, vous avez fait des déclarations fracassantes critiquant le régime en place. Est-ce que vous ne pensez pas que cette démarche était suicidaire ?

Aucun sacrifice aujourd’hui n’est de trop pour le peuple malien. J’ai envie de dire simplement mais clairement que nous avons des solutions pour le Mali et ces solutions passent par le changement, encore une fois j’insiste. La porte est ouverte à tout le monde, la classe politique n’a pas à avoir peur, nous voulons reconstruire ce pays, nous voulons mettre ce pays sur les rails, tout le monde a sa place dans ce projet mais nous voulons seulement bien agencer les priorités. Ce sont l’Etat malien, la collectivité qui doivent être les priorités, les calculs et ambitions personnels viendront aux deuxième et troisième positions. Nous pensons qu’aujourd’hui, on a inversé les priorités. Tout ce qui est intérêt national, tout ce qui est au bénéfice de la collectivité est considéré comme secondaire. Nous allons mettre les priorités de ce pays au premier plan.

Vous avez dit dans votre lettre de démission que vous voulez servir le pays autrement, est-ce que vous pouvez nous dire exactement comment vous comptez le faire ?

Disons que jusque-là, je m’intéressais essentiellement aux questions de défense et de sécurité. Aujourd’hui, face aux défis que nous vivons actuellement, je pense que je peux apporter des contributions dans le domaine politique, dans le domaine de la gouvernance, dans le processus de paix en plus de ce que je faisais avant pour pouvoir apporter d’autres contributions.

Voulez-vous créer un parti politique ?

Non, pas à ce stade. L’important pour moi, je le dis, c’est le rendez-vous de l’année prochaine, il faut que nous puissions mobiliser tous les Maliens au sein d’une plateforme qui permettra d’accueillir tout le monde au-delà des partis politiques. Vous pouvez être de la majorité, de l’opposition, sans parti, sans coloration et vous pourrez être dans cette plateforme. L’objectif pour nous, c’est de faire la promotion du changement et le changement en profondeur. Et la première étape de ce changement passe par le changement d’équipe dirigeante.

Serez-vous candidat en 2018 ?

Il faut prendre les choses dans l’ordre, il ne faut pas trop anticiper. On n’est pas encore en 2018. Nous faisons ce que nous devons faire en 2017, c'est-à-dire continuer à mobiliser les Maliens, à dire aux Maliens que ce que nous vivons actuellement n’est pas forcément une fatalité et que nous pouvons agir positivement sur le cours des évènements.

On murmure dans les états-majors des partis politiques que vous seriez proche de certains candidats potentiels, est-ce que vous pouvez nous en dire plus ?

Il y a des discours chez certains candidats qui parlent aussi de changement et ce discours nous plaît. Il serait important que dans les prochains jours, nous nous retrouvions pour mettre le contenu que nous devons donner à ce changement mais je pense qu’il y a des opportunités que nous pouvons partager. Il y a des choses que nous pouvons mettre en commun, nous sommes ouverts à toutes les formes de collaboration, de coalition ou d’alliance qui nous permettront aujourd’hui d’arriver au changement souhaité.

Certains n’hésitent pas à évoquer la mise à prix, entre parenthèses, de votre tête pour avoir osé critiquer la gestion du pouvoir. Que répondez-vous ?

J’ose croire qu’on est dans un pays démocratique où la liberté d’expression est garantie pour tous les citoyens. Donc, je ne vois pas de difficultés que quelqu’un critique le régime, c’est mon opinion, c’est mon point de vue. Je pense que le bilan n’est pas bon et je le dis avec mes mots.

Votre position s’inscrit dans l’opposition. Est-ce que vous vous reconnaissez dans l’opposition actuelle ?

Je ne suis ni de la majorité, ni de l’opposition. Je suis du côté du changement. Je fais la promotion du changement. C’est ce changement que nous voulons. Si ce changement plaît à la majorité, elle sera la bienvenue, si ce changement plaît à l’opposition, elle sera également la bienvenue. Nous nous adressons aux Maliens, nous ne voulons pas mettre de coloration à ce projet de changement, il s’adresse à tous les Maliens.

Entretien réalisé par Drissa Togola et Bourama Camara



Encadré : Moussa Sinko Coulibaly, un homme très courtisé !

Les bureaux du général démissionnaire, Moussa Sinko Coulibaly, ne désemplissent pas. Il a un agenda hyper chargé. Il est courtisé par toutes les couches sociales. De longues files d’attente constituées d’hommes, de femmes et surtout de jeunes, sont enregistrées tous les jours. Tous cherchent à s’entretenir avec Moussa Sinko Coulibaly. Nous avons été témoins de cette prise d’assaut à l’occasion de cette interview qu’il a bien voulu nous accorder. Sans être dans les secrets des dieux, tout porte à croire qu’il reçoit des gens qui partagent sa vision et sa soif du changement. En tout cas, le général démissionnaire ne ménage ni son temps, ni son énergie pour écouter tout le monde.

Source: le challenger
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