Le Président feu Modibo Kéita avait coutume de dire: «Lorsque les propriétaires deviennent des observateurs, c’est le festival des brigands». A quelques jours de la fin de l’année 2017, quelles leçons faut-il faire de la gestion d’IBK ? Trois faits majeurs retiennent notre attention.
La révision constitutionnelle : Après avoir attentivement écouté les courtisans de son pouvoir, Ibrahim Boubacar Keita, n’a pas voulu tirer des leçons de la tentative du Président ATT de réviser la Constitution de 1992, révision qui lui aurait permis d’installer un Sénat à sa dévotion.
Notre peuple et son armée ont rejeté cette manœuvre d’ATT. La suite on l’a connue: ATT a été chassé du trône par des soldats patriotes acquis à la cause de notre peuple travailleur. IBK tenait à réviser la «révision» de la Constitution jetée à la poubelle par notre peuple. Il a dit en substance que nul ne le fera reculer sur la question. Mais il n’avait pas compté sur la volonté de ce peuple qui l’a presque plébiscité avec 77,67%.
En juillet 2016 ce peuple s’est levé comme un seul homme pour dire au président qu’il y a des priorités, des urgences à gérer au lieu d’une révision constitutionnelle qui, on le savait, visait à octroyer les pleins pouvoirs à IBK. La suite, on le sait, IBK n’avait plus qu’un seul choix sursoir, voire abandonné son projet de révision constitutionnelle budgétivore. Il faut retenir à ce niveau que ce refus catégorique de notre peuple de suivre IBK a été le déclic de l’éveil de conscience national après tant d’années d’affairisme des gouvernants aux dépens de nos masses laborieuses.
Insécurité grandissante: Tout notre peuple se rappellera toujours qu’au moment ou nos enfants mouraient sur le terrain, que pendant que le centre de notre pays devenait chaque jour davantage un no man’s land, c’est bien ce moment choisi par la présidence de la Cour Constitutionnelle pour jeter à la face des Maliens que l’insécurité dans notre pays est «résiduelle».
Pendant ce temps les enfants des gouvernants et leurs consciences d’Occident se bousculent devant les hôtels et bars-dancing pour se congratuler à merveille et à suffisance. C’est vraiment là une moquerie en l’endroit de ceux dont les familles sont régulièrement endeuillées du fait de ce que Manassa a appelé «insécurité résiduelle». Elle a oublié que ce peuple a payé le prix fort pour l’avènement de la démocratie» pluraliste au Mali.
La conséquence de cette insécurité résiduelle n’est plus à démontrer: l’insécurité s’est déplacée du Nord vers le centre de notre pays. Il n’est plus un secret pour personne que 500 écoles sont restées fermées, en 2017, dans le il centre du pays du fait de l’insécurité chaque jour plus dévastatrice.
Au moment où l’une des plaies les plus béantes de notre pays est l’analphabétisme, les dieux de la guerre, tapis dans les buissons de la démocratie à la malienne, menacent de mort les enfants et leurs enseignants dans le centre du Mali. Le souci du régime d’IBK n’étant nullement le devenir radieux de l’école malienne, il n’est pas surprenant que les grèves des enseignants se poursuivent allègrement sans couper le sommeil du président. Cet état de fait aggrave l’analphabétisme déjà criard au Mali. Et pour corrompre les scolaires pour qu’ils n’entrent pas dans la danse aux côtés de leurs enseignants, IBK a offert au secrétaire général de l’AEEM une voiture de luxe 4×4 toute neuve.
Un autre cadeau empoisonné cette fois à Madani Chérif Haïdara: 150ha, certainement pour avoir les grâces de celui-ci à la présidentielle de 2018. Mais il doit se rendre à l’évidence que notre jeunesse se réveille pour lire dans les intentions politiques : les nombreux appels des jeunes partout dans les coins et recoins du pays contre le second mandat du président en disent long, de même que la marée humaine qui a accueilli le jeune chroniqueur Ras Bath de retour d’Europe.
La santé a été perturbée par la grève illimitée des hommes de la blouse blanche sans que cela n’entache les soirées dansantes et les cérémonies de mariages d’une bourgeoisie de plus en plus dédaigneuse de notre peuple.
Il n’est plus besoin de dire à un Malien ou un étranger de passage dans notre pays que le cout de la vie est devenue intenable, en 2017, sans que cela ne perturbe les nombreux voyages du président, comme si de rien n’était. Ce n’est pas le panier de la ménagère qui nous démentira sur les marchés. Au Mali rien ne va plus pour les masses travailleuses.
Pendant ce temps les tentatives d’achat des consciences auxquelles on assiste ici au Mali se poursuivent sans relâche de jour comme de nuit. Mais pour un observateur avertit de la scène politique national tout cela pourrait être un coup d’épée dans l’eau. IBK a montré toutes ses limites dans la gestion du pouvoir dans notre pays et cela au mépris des cris de détresse de notre peuple. Ce qui fait le plus mal ici c’est le pillage systématique du patrimoine national sous IBK.
Notre jeunesse a compris cette réflexion de Frantz Fanon: «Chaque génération dans une relative opacité, doit découvrir sa mission et la remplir ou la trahir.» Il faut un changement réel à l’avantage de ce peuple qui a enduré les affres du régime de Moussa Traoré et payé le prix ultime de la chute de celui-ci.