Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Région
Article
Région

Yélimané: bavure policière à Konsiga
Publié le lundi 18 decembre 2017  |  Info Matin
Comment


La jeunesse de la commune de Konsiga, cercle de Yélimané, a organisé encore vendredi dernier, un sit-in devant la mairie pour se faire entendre du gouvernement sur sa plainte contre le maire. Depuis le matin à 5 h dans un froid glacial, ces jeunes sont devant la mairie. Les jeunes de Konsiga demandent la démission pure et simple du maire. Ce dernier a fait appel aux forces de l’ordre pour évacuer les jeunes. Malheureusement l’opération de maintien d’ordre a dégénéré.

Le bilan de l’opération fait état d’un mort (Abdoulaye Coulibaly, âgé de 61 ans qui a succombé à ses blessures à l’hôpital Alphousseini Dao) et de 6 blessés graves qui reçoivent des soins à l’hôpital régional de Kayes suite aux affrontements entre les forces de sécurité et la population de Konsiga, le vendredi 15 décembre 2017.
Les forces de l’ordre, indiquent des manifestants, auraient tiré à balle réelle sur les manifestants non armés faisant plusieurs blessés, dont des cas graves évacués sur Kayes. Des images-chocs circulent sur les réseaux sociaux sur ces affrontements du vendredi dernier.
Le fond du scandale
Depuis le début de la semaine, la jeunesse de la commune de Konsiga, cercle de Yélimané, a organisait chaque jour des manifestations devant la mairie pour se faire entendre du gouvernement sur sa plainte contre le maire. Ainsi, comme d’habitude, ils étaient sortis encore ce vendredi très nombreux, en bravant même le froid glacial, depuis ce matin 5 h du matin, pour prendre d’assaut la devanture de la municipalité.
À la différence des jours précédents, le maire fait appel aux forces de l’ordre pour évacuer les jeunes et lever le siège devant la maire. Le gouverneur accède à la requête du maire contesté et envoie cinq véhicules des forces de l’ordre à Konsiga avec une consigne claire : reprendre le contrôle du bâtiment. Les gendarmes ont pris d’assaut la mairie, en escaladant les murs pour tenter de faire fuir les manifestants. L’opération de maintien d’ordre a dégénéré.
Les forces de l’ordre ont tiré à balle réelle sur les manifestants non armés faisant plusieurs blessés, dont des cas graves évacués sur Kayes.

Comment en est-on
arrivé là ?
Il s’agit en fait d’une vieille affaire qui date d’une année. En effet, lors des élections communales de novembre 2016, à l’initiative de l’Association Dagakane, la population à majeure partie des jeunes résidants dans la commune de Konsiga et de la diaspora se sont réunis en bloc pour appeler à ne pas voter pour les partis politiques traditionnels (Adéma, Rpm, Urd…) de leur localité qui ne peuvent plus amener à leur entendement le changement souhaité.
Pour ce faire, ils ont décidé de se retrouver tous dans la même liste, sur demande de la diaspora. Ils ont choisi le parti Yelema pour la conquête de la mairie de Konsiga. Puisque c’était une décision commune, cela ne donnait pas assez de marge de manœuvre aux partis traditionnels de faire leur liste faute de candidat valable, car certains leaders de cesdits partis étaient sur la liste Yelema qui représentait la quasi-totalité des leaders politiques de la commune.
Néanmoins, le parti des poignées de main (URD) est parvenu à déposer sa propre liste contre la liste Yelema des jeunes, qui aspirent à un changement profond et qui sont allergiques aux partis traditionnels.
Pourquoi l’URD n’a pas suivi l’appel de Dagakanè ?
Après la clôture du dépôt des listes, il y avait seulement deux listes en compétition : celle de l’URD et la liste Yelema.
Le parti URD décide alors de porter plainte contre la liste Yelema, car il estime que sur la liste Yelema figurent des personnes qui n’ont pas l’âge requis d’être éligibles. Le tribunal après avoir constaté les faits a décidé d’invalider la liste Yelema pour les élections communales du 20 novembre 2016.
Cette décision a ouvert donc la voie libre à la liste URD qui restait finalement la seule en compétition. Pour une commune, qui compte plus de 3000 électeurs, la liste URD étant la seule en compétition n’a obtenu qu’une centaine de voix, soit 15 %, ce qui met en doute la popularité du Maire de l’URD aux yeux de la population, mais n’empêche qu’il demeure un maire légal.
À la sortie de ces élections communales, le conseil communal de Konsiga est composé uniquement des élus de l’URD, un fait difficile à gober pour la majorité de la population. Ainsi, la population n’obéit plus depuis au maire et ne fréquentait pas la mairie.
Dans cette confusion, récemment, le maire Tamassa Kébé a effectué un déplacement à Paris, dans la capitale française, afin de rencontrer la diaspora de Konsiga qui l’aurait boudé. C’est lors de son retour de la France qu’un soutien haut placé du maire résidant à Bamako a décidé d’organiser un accueil chaleureux pour son camarade Maire de l’URD.
La population de la commune de Konsiga a pris cette cérémonie d’accueil comme une forme de moquerie et de provocation. Elle a alors décidé d’assiéger les locaux de la mairie pour empêcher au Maire d’y mettre pieds. Pour ces jeunes, être élu avec une centaine de voix sur plus de 3000 électeurs, le maire URD, Kébé, ne représente pas la population qui se dresse à 85 % contre lui. Ils ont fait une marche la semaine dernière pour demander le départ du Maire Kébé et l’installation d’une autorité intérimaire dirigée par un administrateur de l’État.
Le Maire se sentant offusqué dans ses pouvoirs régaliens a donc saisi l’autorité de tutelle au niveau local (Yélimané) qui sollicite le gouverneur (Kayes) à son tour.
Après quelques heures de sit-in, des renforts de force de l’ordre sont venus de Kayes pour appuyer les éléments sur place. Ils ont essayé, dans un premier temps, de négocier avec la population et n’ayant pas d’issue favorable, des manières fortes ont été utilisées pour déloger la population et ça tourne au dérapage avec des tirs nourris sur la population.
Le Bilan fait état de plusieurs blessés des deux et transportés à l’hôpital Fousseyni Daou de Kayes.
Le Maire Tamassa Kébé aurait été obligé de quitter la commune de Konsiga pour se réfugier à Kayes et les forces de l’ordre également se sont retirées des lieux. La mairie est toujours sous le contrôle de la population qui a financé de sa poche la construction des dits locaux.
Le gouverneur ne dément pas les tirs à balle réelle sur les manifestants qu’il qualifie d’assaillants. Informés de la situation, le ministère de la Sécurité et celui de l’Administration territoriale ont envoyé une commission d’enquête. Elle est arrivée à Kayes samedi. Elle doit se rendre le même jour à Konsiga sur les lieux des affrontements pour faire son rapport.
Hier, la situation était calme, mais toute fois des mouvements de foules en groupuscules se constataient dans la ville de Yelimané à quelques kilomètres de Konsiga.
L’État doit s’assumer, situer clairement les responsabilités et punir les fautifs, car aucune raison ne doit amener les agents à ouvrir le feu sur des paisibles populations.

Le consulat du Mali en France occupé !
L’affaire semble désormais dépasser les frontières du Mali. Selon les informations qui nous sont parvenues, la jeunesse de la commune de Konsiga, avec le soutien de Yélimané Dagakané, occupe les locaux du consulat du Mali en France. Cette occupation fait suite ‘’aux actes inhumains et déplorables à l’endroit de nos frères, sœurs et femmes de Konsiga’’, indique un manifestant. En effet, depuis 6 jours, la population de Konsiga fait un sit-in devant la mairie pour demander le départ de leur Maire, M. Tamassa Kebe.
Ce dernier, avec la complicité du gouverneur de Kayes, a fait venir l’armée
pour tirer à Balles réelles sur la population civile non armée qui manifestait
pacifiquement, rapporte-t-on.
Suite à ces actes, ‘’nous occupons le Consulat jusqu’à ce que les responsables répondent de leurs actes. Et d’autres consulats vont suivre dans d’autres Pays’’, indiquent des responsables de cette fronde. L’Association des Jeunes pour le Développement de Konsiga (AJDK) exige :
1-L’arrêt immédiat des arrestations par les gendarmes.
2-La libération de tous ceux qui ont été arrêtés injustement
3-La démission de M. Tamassa Kebe et sa poursuite en justice
4-La démission du Gouverneur de Kayes ainsi que le préfet de Tambacara.
Il faut noter que l’association Dagakane de Yelimane a envoyé une délégation de quatre personnes tous de la commune de Tambacara pour féliciter les jeunes de Konsiga pour leur initiative et s’en acquérir les conditions des jeunes.
Selon Yamadou siga Doucoure et Papa Moulla Drame <>, mais si le maire ne nous fait pas avancer, nous ne sommes pas obligés de l’accepter, ce que font les jeunes est juste, car ils ne réclament que ce qui est de leur droit donc dagakane est en première ligne dans ce combat.

Par Christelle KONE

Commentaires