C’était à la faveur d’un point de presse animée, le vendredi 15 décembre, dans les locaux de son département en réponse aux accusations d’«incompétence » et d’«incapacité» consécutives au report des élections locales et régionales initialement prévues pour ce 17 décembre 2017. Avant de se prêter aux questions des journalistes, le ministre Tieman Hubert Coulibaly a d’abord fixé le cadre des échanges avec la presse en indiquant qu’il ne s’agit pas d’un bilan, mais plutôt de faire le point et apporter des réponses à certaines questions qui alimentent le débat ces derniers temps.
Allusion est faite sans doute à l’opposition et à une récente sortie médiatique pour exiger du gouvernement un «chronogramme clair et précis» pour les élections de 2018, au risque de confirmer les soupçons d’un report de la présidentielle aux fins de «maintenir le président IBK» au-delà de son mandat.
Sur la question, le ministre de l’Administration territoriale - dont la démission avait même été réclamée par certains - a d’abord tenu à expliquer les motivations du report des élections du 17 décembre. Selon Tiéman Hubert, l’exécutif s’efforce depuis plusieurs mois à réunir les conditions mise en œuvre de l’Accord pour la paix et de la réconciliation.
Avec notamment le dessein du redressement économique, administratif et socio-politique du Mali, a-t-il indiqué, en rappelant les séquelles de la crise de 2012 et son impact sur la structure nationale dans toutes des composantes. «Nous nous efforçons à maintenir l’administration générale et l’administration territoriale efficace pour qu’elles puissent être des outils au service de la mise en œuvre de l’Accord de paix et de la réconciliation nationale, gage de la stabilité de notre pays et de renforcement du retour de l’autorité de l’Etat au septentrion», a-t-il expliqué. Et de soutenir par ailleurs que c’est grâce aux reports successifs que les communales de 2016 ont permis d’atteindre les résultats notamment la tenue desdites élections dans toutes les communes à l’exception de 59.
Le chef de l’administration territoriale a tenu à souligner que l’agenda électoral - dont il reste les élections locales et régionales - est d’autant plus important qu’il s’agit de la première expérimentation de l’élection des conseillers de cercle et de région au suffrage universel direct, conformément à l’accord pour la paix qui corrige les faiblesses de notre dispositif institutionnel révélées par la crise. La finalité du nouveau mode électoral étant de conférer plus de légitimité à la catégorie d’élus concernée et d’en faire l’émanation directe du peuple.
«Ayant convoqué le collège électoral pour le 17 décembre, écouté toutes les parties-prenantes de l’Accord et les partenaires qui nous accompagnent depuis 2012, le gouvernement a estimé qu’il est bon de revoir son agenda et d’accorder plus de temps pour réaliser l’objectif d’inclusivité à ces élections aux regards de leurs enjeux», a renchéri le ministre dans sa justification du report des élections. Toutefois, a-t-il tenu à rappeler, «La convocation du collège est de la prérogative du gouvernement, face à un constat d’insuffisances, il peut décider de revoir son agenda ». Car, organiser une élection n’est pas difficile mais sa réussite pose souvent problème.
En reportant les échéances, le gouvernement n’a d’autre agenda en définitive que leur réussite, qui passe par la participation de toutes les couches de la société sur toute l’entendue du territoire, a-t-il expliqué, en assurant qu’il n’existe aucun agenda caché. Quid des accusations d’incompétence dont il est personnellement l’objet ? En réplique à ces détracteurs, Tieman Hubert Coulibaly, tout en promettant le respect du calendrier électoral en cours, a estimé que la véritable compétence réside dans notre capacité à prendre en charge les urgences du Mali que sont le retour de la paix dans la mesure où tout le monde parle d’insécurité.