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Université malienne : La banalisation du crime
Publié le jeudi 21 decembre 2017  |  L’aube
Enseignement
© aBamako.com par A S
Enseignement supérieur : marche organisée par L’AEEM
Bamako, le 15 juillet 2013. L’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) a organisé une marche pacifique de la FAST à la Primature pour remettre au chef du Gouvernement une pétition dans laquelle elle demande la reprise immédiate des cours par les grévistes du Syndicat national de l’enseignement supérieur (SNESUP).
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Pugilats dans les classes, rixes généralisées au cours des assemblées générales, agressions entre étudiants et contre les professeurs, assassinat…

Nos universités ne sont pas loin de devenir des zones de non droit. Une nouvelle illustration en a été donnée le mardi dernier par les affrontements sanglants entre étudiants à la Faculté des sciences et techniques (FST), sis à sur la colline de Badalabougou. Bilan provisoire : 2 morts, plusieurs blessés et beaucoup d'armes saisies. Le drame ? C’est l’indifférence générale affichée par les pouvoirs publics, les acteurs de l’école face à ces dérives dans les milieux scolaires et universitaires, où les pistolets, couteaux et machettes ont remplacé les cartables, livres et documents. Jusqu’où ira cette dérive qui menace dangereusement le devenir de l’éducation au Mali ?

Le 19 décembre dernier, à la FST, un affrontement (à coup de machette et d’arme à feu) entre des clans rivaux d’étudiants s’est soldé par la mort de 2 étudiants et a occasionné plusieurs blessés. Cet affrontement est la dernière manifestation d’une longue série d’incidents. En effet, l’espace scolaire et universitaire est devenu le théâtre de la violence. Le phénomène a pris de l’ampleur au fil des ans. Il intervient presque à chaque renouvellement du bureau de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM).

Au début de l’année 2017, des affrontements ont eu lieu à la Faculté de droit privé (FDPRI), à la Faculté des sciences économiques et de gestion (FSEG), à la Faculté des lettres, des langues et des sciences du langage (FLLSL) ex-FLASH, à l’Institut universitaire de gestion (IUG) et à l’Ecole centrale pour l’industrie et le commerce de l’administration (ECICA).

Les enseignants ne sont pas aussi épargnés. A titre d’illustration, Dr Boureima Touré, Secrétaire général du syndicat de l’enseignement supérieur du comité de l’USLHB signale que le 12 mai 2016, un affrontement entre des clans rivaux d’étudiants de la faculté des lettres et des sciences et langues, s’est soldé par la destruction de la voiture personnelle du Dr Boubacar S. Coulibaly, enseignant au département Anglais.

Il en est de même pour l’enseignant Mamadou Coumaré qui a trouvé les vitres et clignotants de sa voiture endommagés pendant qu’il était en cours. Plus révoltant, le 5 mars 2016, un groupe d’étudiants dirigés par le comité AEEM, mécontents du refus des professeurs de procéder à des repêchages, se sont introduits de force dans les salles d’examen pour déchirer les sujets et copies d’examen lors de la session de rattrapage.

Comme si cela ne suffisait pas, des étudiants ont tenté de s’introduire nuitamment au domicile du Chef de DER Sciences de l’Education dans l’intention de s’en prendre physiquement à sa personne. On se souvient également de l’agression du doyen de la Faculté des sciences et techniques (FST), Fana Tangara, il y a quelques années.
Bref, les enseignants vivent dans l’insécurité totale. Face à cette situation, le personnel enseignant a observé plusieurs grèves.

Le syndicat dénonce…
Par ailleurs, la politisation de l’école, le laxisme des autorités, l’interférence des députés et le manque de sanctions ont été déplorés par les enseignants qui pensent que l’AEEM est devenue une mafia avec la bénédiction de l’Etat.

Pour le secrétaire général du syndicat de l’enseignement supérieur (Synesup), Abdou Mallé, c’est la mauvaise gouvernance de l’université par les autorités de tutelle qui est à la base des tourments actuels. «La mauvaise gouvernance, le mauvais choix des hommes conforte la déliquescence des facultés. A titre d’illustration, l’incapacité du ministre de sanctionner la gestion calamiteuse du doyen de l’IUG est la source du chaos qui règne actuellement sur la colline », s’indigne-t-il.

Il précise que la situation de l’université malienne peut s’améliorer à condition que l’Etat change de méthode. « L’Etat a les moyens, mais il y a une mauvaise gestion, une mauvaise répartition des richesses du pays», affirme le leader syndical. Il souhaite en outre l’éradication totale de la violence dans l’espace universitaire et demande à Etat malien de s’assumer pour un enseignement supérieur de qualité.
Pour l’avenir du pays et des enfants, il urge de prendre des mesures fortes pour bannir la violence dans le milieu universitaire.

Mémé Sanogo
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