NEW YORK (Nations unies) - Le Conseil de sécurité de l'ONU doit adopter jeudi matin une résolution créant une mission de maintien de la paix au Mali qui prendra le relais de la Misma (force panafricaine) et des forces françaises pour stabiliser le nord du pays.
Le projet de résolution prévoit de déployer cette mission au 1er juillet prochain si les conditions de sécurité le permettent et "pour une période initiale de 12 mois".
Dans les 60 jours à venir, le Conseil de sécurité devra déterminer si la situation sur le terrain est assez calme pour permettre ce déploiement.
La Mission intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) comprendra au maximum 11.200 soldats et 1.440 policiers, dont des "bataillons de reserve capables de se déployer rapidement".
La résolution autorisera aussi "les troupes françaises (...) à intervenir
en soutien à des éléments de la Minusma en cas de danger grave et imminent les
menaçant et à la demande" du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.
Paris a indiqué qu'un millier de soldats français resterait au Mali pour
contrer d'éventuelles actions de guérilla de la part des groupes islamistes
armés. L'armée française dispose aussi de bases arrières au Sénégal, en Côte
d'Ivoire ou au Tchad.
Il reste actuellement 3.850 soldats français au Mali. Leur nombre devrait
passer à 2.000 environ en juillet et à un millier à la fin de l'année. Au plus
fort de l'opération Serval, lancée le 11 janvier contre les jihadistes qui
occupaient le nord du Mali, le contingent français comptait près de 4.500
hommes.
La Minusma n'aura pas pour mission la lutte antiterroriste mais devra
"stabiliser les centres urbains essentiels, particulièrement dans le Nord" et
"empêcher un retour d'éléments armés dans ces zones". Les Casques bleus
devront aussi protéger les civils et le patrimoine culturel et contrôler le
respect des droits de l'homme.
"Nombreux risques"
Ils aideront les autorités maliennes de transition à instaurer "un dialogue
politique national", à organiser des élections présidentielle et législatives
"libres, équitables et transparentes", et à promouvoir la réconciliation avec
les Touaregs du Nord. Un représentant spécial de l'ONU pour le Mali sera nommé
pour diriger la Minusma.
Son déploiement effectif dépendra de certains critères, dont "la fin des
principales opérations de combat par les forces armées internationales" et une
"nette réduction de la capacité des forces terroristes de constituer une
menace importante".
Les Casques bleus seront choisis autant que possible dans les effectifs de
la Misma, la force conjointe des pays de l'ouest africain. Celle-ci compte
aujourd'hui 6.300 hommes venus d'une dizaine de pays membres de la Communauté
économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et du Tchad, déployés à
Bamako et dans le nord.
"La montée en puissance de la Minusma va prendre des mois", explique un
diplomate: les effectifs devraient être d'environ 6.000 hommes au 1er juillet
et augmenter parallèlement à la réduction du contingent français au Mali.
Environ 150 militaires français devraient participer à la Minusma, dont des
officiers intégrés au commandement. Selon un expert, la Mission devrait coûter
plusieurs centaines de millions de dollars par an à effectif plein.
Cette opération au Mali représente "un certain défi" pour l'ONU, souligne
un autre diplomate: "il est inhabituel de lancer une opération de maintien de
la paix alors qu'il n'y a pas de paix à maintenir".
Dans un rapport où il proposait la création de la Minusma, Ban Ki-moon
soulignait "les nombreux risques", dont les "attaques terroristes".
Après une visite au Mali à la mi-mars, le sous-secrétaire général Edmond
Mulet concluait que l'ONU fera face au Mali à "des menaces inédites, jamais
rencontrées dans un contexte de maintien de la paix".
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