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Editorial : le G5 Sahel : Entre promesses et réalité
Publié le vendredi 22 decembre 2017  |  Diasporas News
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© Autre presse par DR
Editorial : le G5 Sahel : Entre promesses et réalité
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Créé le 16 février 2014 à Nouakchott en Mauritanie à l’initiative des dirigeants du Mali, du Burkina Faso, du Niger, du Tchad et du pays hôte, le G5 Sahel peine à être opérationnel contrairement à toute la belle publicité qui est faite dans les médias. Derrière le discours politique et très médiatisé de la communauté internationale, à commencer par la France et l’Union Européenne (UE) qui soutiennent cette belle initiative, se cache en réalité des non-dits.

Commençons par le financement des équipements et de l’entrainement des 5000 hommes qui composent cette force, fruit de ce partenariat militaire de coopération transfrontalière (PMCT). Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’à ce jour, les 8 millions d’euros promis par la France, les 51 millions des Américains, les 75 millions de l’UE et les 10 millions des pays partenaires n’ont toujours pas été versés dans la besace du G5 Sahel. Une situation qui est loin de plaire aux dirigeants des pays signataires. Elle est jugée exaspérante par certains qui pensent que la communauté internationale fait un peu trop de publicité sur leur PMCT qu’il en faut ou du moins qu’il le vaut.
« Le G5 Sahel ne peut pas être un épouvantail, déplorent-ils, pour faire peur aux groupes armés terroristes et criminels qui se jouent de nos frontières ». Idem pour les trafiquants d’êtres humains qui pullulent dans le désert libyen et organisent un nouveau marché des esclaves au su et au vu de tous.

C’est pour cette raison que l’on reste sceptique sur les nombreuses annonces faites par Emmanuel Macron à ce sujet. Le président français avait déclaré au sortir d’une réunion d’urgence tenue en marge du sommet UA-UE à Abidjan qu’un soutien conséquent serait apporté à l’Organisation internationale de la migration pour rapatrier les migrants retenus en captivité et vendus comme des esclaves en Libye dans leur pays d’origine. Dans la foulée, il a aussi annoncé la mise en place d’une coopération renforcée sur le plan de la sécurité et de l’intelligence pour démanteler les réseaux de trafiquants d’êtres humains et leurs financements. Est-ce encore un autre effet d’annonce ?

A bien des égards, si rien n’est réellement fait au cours du premier trimestre de l’année 2018, le G5 Sahel court le risque de passer à côté de son objectif de contrôler les espaces frontaliers pour isoler les groupes armés, de limiter leur liberté d’action et de les neutraliser.

La situation est devenue d’autant plus préoccupante qu’à côté du problème du financement, il se pose celui de la légitimité de cette force conjointe sous régionale. Au vu du droit international, elle aurait moins de légitimité que la force française Barkhane, son partenaire militaire dans cette région. En effet après un peu plus de trois ans d’existence, force est de constater que le G5 Sahel est toujours en attente d’une résolution de l’ONU pour lui octroyer un statut juridique clair.

C’est en cela que certains dirigeants de la région ne partagent pas forcément l’opinion qui est faite sur ce PMCT et les nombreuses déclarations à l’emporte-pièce entendues ça et là au cours des rencontres internationales comme celle du 5e sommet UA-UE qui s’est tenu à Abidjan en Côte d’Ivoire les 29 et 30 novembre derniers.

Pour le chef de l’Etat mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, « l’on met la charrue avant les bœufs » faisant allusion à la première opération militaire baptisée « Hawbi » conduite par la Force antiterroriste déployée récemment dans la zone frontalière entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Une zone en proie à des attaques intempestives de bandes terroristes à l’instar du groupe Ansaru al-Islam qui sévit dans la région.

Selon une source militaire crédible, l’opération « Hawbi » serait une opération de communication et de propagande parce qu’elle ne reflète pas la réalité. La réalité est que le G5 Sahel ne dispose pas de moyens pour se déployer et elle n’a aucun statut juridique.

Clément Yao
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