Même si au début les forces de l’ONU et du Barkhane avaient été une bouffée d’oxygène pour les habitants, le peuple de Gao est loin de se sentir en sécurité. Ibrahim Touré, président de l’antenne régionale de l’Union nationale des travailleurs du Mali dans (UNTM), depuis son bureau non loin du marché de Gao, fait savoir que l’insécurité est le plus grand problème à Gao aujourd’hui, marquée par des enlèvements.
Très remonté contre la Minusma, il estime qu’elle n’est pas très efficace et qu’elle ferait mieux de s’en aller. En lieu et place, souligne Ibrahim Touré, il faudrait une force moins importante en termes de nombre de soldats et plus efficace sur le terrain.
Plus alarmiste, Seydou Ibrahim Maïga, secrétaire général de Gao-Lama, une organisation de la société civile, affirme qu’”il y a maintenant plus d’insécurité qu’en 2012, pendant l’occupation jihadiste du Nord et avant l’arrivée de la Minusma”.
Un regroupement des jeunes, dénommés les patrouilleurs assuraient la sécurité, durant les neuf mois d’occupation les gens n’étaient pas enlevés, rappelle-t-il. Les jeunes ont rendu leurs armes lorsqu’en 2013 la ville de Gao a été reconquise par l’intervention militaire étrangère dirigée par la France. Depuis lors ils attendent en vain leur intégration dans le processus de paix à travers un cantonnement qui tarde à démarrer.
D’où cette menace à peine voilée de Moussa Boureima Yoro, le responsable des patriotes. “Si l’Etat et les forces internationales ne s’acquittent pas correctement de leur mission de retour de la paix, nous serons obligés de nous sécuriser nous-mêmes. On a encore des coupe-coupe, des machettes et bâtons”.