Lors de la rencontre entre les représentants du conseil national du patronat du Mali et les leaders du Syndicat National des Chauffeurs et Conducteurs Routiers du Mali (SYNACOR), les autorités ont promis d’adopter les doléances du syndicat. Ainsi, les chauffeurs ont accepté de travailler mais les invitent aussi à respecter leurs engagements. Nous avons recueilli les propos de certains chauffeurs devant le siège du SYNACOR à Banankabougou samedi dernier.
La semaine dernière, le Syndicat National des Chauffeurs et Conducteurs Routiers du Mali (SYNACOR) était allé en grèves pour demander l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Aux dires des chauffeurs, leurs conditions de travail sont pires qu’on ne le peut imaginer. D’abord, les salaires des chauffeurs des Camions-Remorques sont plus qu’insignifiants. « Nous ne sommes pas bien payés .Malgré le risque de notre travail, le plafond du salaire d’un chauffeur est 50.000f », nous ont-ils informés. Aux dires des plaignants, les propriétaires des compagnies n’ont pas pitié des chauffeurs. Le propriétaire prélève tout dommage causé sur le chemin du voyage sur le salaire du chauffeur.
En plus de ce salaire insignifiant, rares sont ces chauffeurs qui sont inscrits à l’INPS et à l’AMO. « Nous ne sommes pas inscrits à l’INPS. Nous ne sommes pas inscrits à l’AMO .Comment pouvons-nous nous nourrir et prendre en charge des soins médicaux de nos familles avec seulement 40.000f ou 50.000f », se demande Ibrahim Coulibaly, un membre du SYNACOR.
Dans les pays de la sous-région comme la côte d’ivoire et le Sénégal, les chauffeurs nous ont confié qu’ils n’ont pas de parking. Ils sont donc obligés de passer les nuits auprès des véhicules et c’est le chauffeur qui est responsable de tout ce qui arrivera aux véhicules et aux bagages pendant ces moments difficiles. Pis, quand un chauffeur se blesse suite à un accident, certaines compagnies, au lieu de penser à le soigner, le licencient sans droits, nous a confié Monsieur Ibrahim Coulibaly.
D’après des chauffeurs, l’Etat ne leur accorde aucune importance car à chaque fois qu’ils décident de réclamer leurs droits, les policiers sont mobilisés contre eux pour les empêcher de garer les véhicules même auprès de la route. Une autre négligence des chauffeurs par l’Etat, selon eux, c’est qu’aucun chauffeur n’a bénéficié des logements sociaux. « Nous sommes aussi des travailleurs du Mali. Nous avons aussi droit aux logements sociaux mais aucun chauffeur n’a bénéficié de ces logements sociaux. C’est une injustice », a dénoncé Ibrahim Coulibaly.
Les jeunes chauffeurs dénoncent la position Youssouf Traoré, le propriétaire de Baní Transport. C’est lui qui serait l’instigateur des violences dont ont été victimes des chauffeurs suite à l’intervention des policiers ici à Bamako. Ils ont tabassé des chauffeurs, emprisonné certains et ont pris les motos d’autres chauffeurs. Tout cela parce que les chauffeurs ont refusé de rouler les camions après la déclaration de fin de grèves lue à la télé par les responsables syndicaux en complicité avec les autorités sans l’accord de la base.
Apres la suspension du mot d’ordre suite à la rencontre entre les leaders syndicaux et les représentants du conseil national du patronat du Mali, samedi dernier, les chauffeurs affirment être vigilants cette fois-ci. Pour eux, les autorités n’ont pas respecté leurs engagements pendant les premières grèves. Cette fois-ci, ils exigent que les engagements pris soient honorés.
Parlant des conditions qui ont été posées par le SYNACOR pour la fin de la grève, elles sont entre autres : l’augmentation du salaire des chauffeurs et conducteurs routiers à 125. 000fcfa pour les détenteurs des permis âgés de 1 à 5 ans et au-delà de 5 ans d’ancienneté 150.000 FCFA ; l’inscription des chauffeurs à l’INPS, l’AMO ; la création des parkings dans les pays voisins.
L’Etat a accepté les conditions qui seront appliquées dès l’année prochaine.
Les chauffeurs disent se contenter de ces montants en attendant car le plafond qu’ils recherchent est 210.000 F CFA. Selon eux, les chauffeurs de la sous-région sont dix fois mieux payés que ceux du Mali. Au Sénégal et en Côte d’Ivoire, un chauffeur n’a pas moins de 300.000 F CFA comme salaire. Il est aussi assuré.