En cette période de l’année, Noël et Nouvel An obligent, on a tous l’esprit à la fête, et je serais très mal inspiré de jouer au rabat-joie. Pourtant, que cela vous plaise ou pas, c’est ce que j’ai l’intention de faire dans cette dernière chronique de l’année 2017.
En effet, je ne voudrais pas faire partie d’une conspiration du silence lourde de conséquences notamment pour la jeunesse de notre pays qui, vous le savez bien, cède très facilement à l’ivresse de la joie débridée et à la griserie de l’excès de vitesse sur les routes. Si nos maigres ressources le permettent, nous serons des dizaines de milliers de fêtards dans les rues, boîtes de nuit, maquis et autres endroits hot de nos villes et campagnes, le 24 décembre au soir, pour célébrer la naissance de l’Enfant Jésus.
Certains, plus casaniers, resteront dans les limites de leurs concessions familiales, au chaud et en toute intimité, pour dévorer cuisses et ailes de gallinacées et ingurgiter quantité de breuvages. Cette catégorie d’inconditionnels de la bamboula est constituée à près des ¾ de jeunes insouciants, parfois inconscients, prêts à tous les excès pour manifester rageusement leur joie de vivre. Le 31 décembre au soir, on remettra ça pour le réveillon et les plus soucieux de la qualité de leur hygiène de vie seront rentrés à la maison entre 3-4 heures. Pour les autres, ce sera le pied au plancher jusqu’à 6-7 heures.
Le « 31 », dit-on ici, il n’y en a qu’un dans l’année et ça ne se raconte pas ; il faut le vivre pleinement, histoire de rentrer à tombeau ouvert dans la nouvelle ère. Malheureusement, de la vie à trépas, il n’y a que le tombeau qu’il faut ouvrir et le combler, par la suite, par le chagrin, la tristesse et les larmes. En période de fête, c’est connu, la route tue. La route fait des hécatombes. La route transforme la joie en deuil. Certains de ceux qui préparent les fêtes avec beaucoup de fougue juvénile risquent de ne pas les vivre, la faute à leurs engins à deux roues ou à leurs voitures lancés à vive allure au mépris de toutes règles prescrites.
Attention, je le répète, la route tue et la mort rode tout autour. C’est une tueuse sournoise qui vous enivre avant de vous envoyer dans le décor. Pour de bon ! Les pouvoirs publics et certaines organisations de la société civile n’ont de cesse d’en appeler à notre responsabilité collective pour conjurer les drames de la route. Malheureusement, leurs cris de détresse se noient dans les vrombissements des moteurs et les effluves d’alcool consommé en grande quantité pendant cette période.
Optimiste indécrottable, je voudrais faire le pari fou qu’aucun accident gravea fortiori mortel ne sera enregistré au cours de cette dernière semaine de l’année 2017 et que, dans nos formations hospitalières, les employés des services d’urgence tourneront désespérément le pouce. En somme, Objectif Zéro accident de la circulation ! On peut bien réussir son « Noël » ou son « 31 » en restant sobre et tempérant en tout. Simplement, « il faut savoir raison garder » en se projetant au lendemain des fêtes et en ne se départissant pas, pour rien au monde, de ses rêves, de ses projets, de ses bonnes résolutions pour le court, le moyen et le long termes.
Ceux qui ne réussissent pas cet exercice et qui ne vivent que pour l’instant, paient cash leur imprudence et leur manque de perspective, à la manière de ces 478 personnes mortes dans des accidents de la route en Thaïlande, rien que dans la semaine de congé autour du Nouvel An en 2016. Et devinez les circonstances de ces hécatombes : la consommation d'alcool et la vitesse excessive. Pour faire encore froid dans le dos, « dans plus de 80% des cas, un deux-roues était impliqué ».
Comparaison n’est pas raison, dit-on, mais la densité du parc de deux-roues du Mali coupe le sommeil et bien malin qui pourrait vendre aux autorités du District une recette à même de mettre de l’ordre dans cette jungle pétaradante dans laquelle la règle semble être l’absence de règle tant l’audace et la témérité le disputent à l’inconscience. Si j’avais le choix, je préférerais de loin vous faire, par anticipation, mon traditionnel « Sambè Sambè » que de devoir participer à des obsèques ou d’envoyer des messages de condoléances. Comme dit plus haut, je m’en tiens à mon optimisme béat et souhaite à chaque malienne, à chaque malien, de joyeuses fêtes de Noël et une bonne et heureuse année 2018.