L’essentiel pour un homme ne se résume pas à jouer un rôle dans l’histoire, mais l’image qu’on y laisse ; le pire pour tout homme s’est de manquer ce passage dans l’histoire, Oumar Mariko est de ceux-là qui ont hâte de réussir pour prendre en main leur destin. Défi et engagement, deux mots clés pour lui. Jusqu’à aujourd’hui, Oumar a suivi une carrière placée sous le signe de l’exigence. Exigeant, il l’est pour s’entourer de gens compétents. Il s’est fait entouré par deux éminentes personnalités dont : l’une, le sociologue Many Camara, et l’autre, le cinéaste Cheick Oumar Sissoko qui vont le servir de conseillers.
Originaire de Niankourazana, dans le cercle de Kolondiéba en troisième région économique du Mali (Sikasso), d’un père fonctionnaire, le jeune Oumar savait que l’avenir de l’Afrique se construira autour de l’intégration des peuples africains. Très tôt, il apprend le soninké, langue des localités où son père a servi. Dès lors il entreprend des tournées dans certains pays voisins où il rencontre des familles d’origine malienne.
Allure sportive, le visage serein, les gestes des mains qui rythment avec des phrases ou chaque mot est bien pesé. Oumar Mariko parle haut et fort et avec assurance, défenseur des causes justes. Ce grand militant des droits de l’Homme fut secrétaire général de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM). Sorti de l’Ecole de médecine du Point G, le docteur a, à son actif, une ONG, une clinique, un réseau de communication Kayira, un parti politique (SADI). Il fut vice-président des radios diffuseurs mondiales de l’Arc Canada pour l’Afrique de l’ouest et du centre. Il partage sa vie entre l’ONG MEDES-SAPCOM, son parti et ses partenaires en Europe où il compte pas mal d’amis.
Récemment un compatriote lui a dédié un livre. Il est marié et père de quatre enfants. Celui que l’on surnomme «Che Guevara» est député élu à Kolondiéba. Chose difficile pour un jeune de sa trame.
Le docteur Mariko n’est plus à présenter au Mali. Comme dit l’adage, nul n’est prophète en son pays. Depuis le coup force perpétré par la junte, Mariko est devenu l’animal politique à abattre. Il ne se passe guère de jours qu’on ne parle de lui et dans le mauvais sens.
Il faut signaler au passage que l’avènement de la démocratie a introduit chez le Malien la haine et la méchanceté gratuite. Deux phénomènes qui empêchent les hommes et les femmes à s’entendre.
A tort ou à raison, les politiciens du «tube digestif» ont pour ennemi commun Oumar Mariko. Il ne passe guère de jours sans que les hommes politiques de l’Alliance pour la démocratie et le progrès (ADP 44 partis qui se sont sabordés pour soutenir la candidature d’ATT en 2007) ne traitent Oumar Mariko de Satan.
Ce groupuscule de partis politiques n’entend pas se faire dévaluer par Mariko. D’où toute leur colère contre l’ancien leader estudiantin. Une raison toute trouvée par les membres du Front Uni pour la «Destruction» de la République (FDR) pour dénigrer le secrétaire général du Parti SADI sur certaines ondes FM de la capitale et même internationale. Une radio FM de la place s’est transformée en Radio FM FDR ; mais «La vérité finit toujours par triompher».
Cependant, pour ces militants de FDR, un amalgame hétéroclite, aveuglés par la conquête et la gestion du pouvoir la règle est connue ; on tait les contradictions le temps d’atteindre les objectifs : réduire au silence tous ceux qui les empêchent de tourner en rond. Fort heureusement, la cohabitation des tricheurs ne dure jamais au delà d’une saison. Mais les Maliens ne sont pas amnésiques.
En 1990, il fallait un secrétaire général charismatique et coriace comme Oumar Mariko à la tête de l’Association des Elèves et Etudiants du Mali (AEEM) pour affronter à visage découvert le régime du général Moussa Traoré et ses sbires.
Après la chute de ce régime dictatorial, Oumar Mariko deviendra un fervent opposant à ces démocrates sans conviction, qui ont choisi de faire pire que l’ancien régime.
Dès lors depuis 20 ans, Oumar Mariko a pu, à travers une politique d’éveil de conscience, se forger une notoriété et une assise populaire parmi les 80 % des Maliennes et Maliens qui boudent à chaque scrutin les urnes ; car le jeu politique n’est pas seulement une affaire des partis, il y a également la société civile. C’est ainsi, que tous les politiciens du «tube digestif» ont vu en Oumar Mariko un ennemi commun, étiqueté comme un homme «intransigeant», un homme «négatif».
«Intransigeant», aujourd’hui tu es traité par ceux-là, qui t’ont pourtant poussé à l’intransigeance en mars 1991, quand bien même que le Général Moussa Traoré avait accepté toutes les doléances des élèves et étudiants du Mali. «Intransigeant», ils te trouvent et te trouveront parce que tu as toujours refusé la compromission, toute chose qui justifie aujourd’hui la remise en cause de cette «démocrate de façade». Le mot est de Christian Roux, ambassadeur de France, qui disait courant décembre 2011 : «… la classe politique a démissionné au nom d’un consensus de façade qui lui a fait perdre tout esprit critique …».
Acteur majeur dans la lutte contre la dictature militaire, qui les a tous soumis 23 ans durant, Oumar Mariko portera, sans faire la grosse tête, le sobriquet «de tombeur de Moussa» que ATT lui collera.
«Intransigeant» Dr. Oumar Mariko le restera puisque convaincu, qu’il est illusoire de croire que l’on peut résoudre les problèmes avec ceux qui les ont créés. Malheureusement, cela passe difficilement dans notre pays, parce que la politique pourtant une activité très noble est ce sport actuellement joué soit par des amateurs soit par des voyous.
Dr. Mariko, le martyr vivant : Oumar Mariko pourrait être le Wole Soyinka malien. Arrêtons-nous sur le parcours de ce grand écrivain dont la vie se confond à celle de notre Mariko national ; éveilleur de conscience comme ce dernier, il le fut et le reste jusqu’à ces derniers évènements que le Mali a connu. La vie politique animée qui caractérisait le Nigeria n’était pas exempte des manipulations des hommes politiques pour l’accession au pouvoir. La guerre du Biafra, puis les dictatures qui se succédèrent furent pour lui autant d’occasions de dénoncer les élections truquées, le népotisme et la corruption.
En 1965, il fit un premier séjour en prison pour avoir dénoncé une manipulation électorale. Soyinka s’éleva contre les coups d’Etat des militaires et accusa ceux-ci d’avoir empoisonné Moshood Abiola, un civil, pour l’empêcher d’accéder à la présidence en 1994. Ses dénonciations le conduisirent à plusieurs reprises en prison.
Pendant la dictature de Sani Abacha (1994-1998), il se réfugia à l’étranger et, fort de son prix Nobel de littérature reçu en 1986, il ne cessa de dénoncer le plus cupide et le plus féroce des dictateurs que le Nigéria ait connu. Aujourd’hui, la haine viscérale du Premier ministre contre Mariko et le MP22 se comprend aisément.