PolitiqueMme Fatoumata Sacko dite Djina, Secrétaire Nationale du Comité Directeur National du PDES : « Je vous le confirme, le Président ATT ne se mêlera pas de politique »
Publié le vendredi 29 decembre 2017 | Le Républicain
Comment s’est organisé le retour du Président ATT au Mali, six ans après son départ, dans l’anonymat, pour un exil forcé à Dakar ? Qui sont les acteurs et les étapes de ce retour, qui a pris l’allure d’une rentrée triomphale ? Le Républicain donne la parole à Mme Fatoumata Sacko, dite Djina, Secrétaire Nationale du Comité Directeur National du PDES, chargée des Relations Extérieures et des Relations avec les Institutions ; cette voix, parmi les plus autorisées dit sa reconnaissance : « ce geste fort posé par le Président IBK, est le meilleur vers la réconciliation nationale ». Pour cette dame engagée, si ATT doit s’impliquer sur un chantier, ce serait sans doute celui de la paix. Quelles relations futures entre le Parti pour le Développement Economique et la Solidarité (PDES) et le RPM et la majorité présidentielle ? Mme Fatoumata Sacko répond, à lire à tout prix !
Sous quel signe placez-vous le retour de l’ancien Président de la République,
Amadou Toumani Touré (ATT) au bercail ?
Je place ce retour sous plusieurs signes. D’abord celui de la normalisation, le retour d’un Malien qui a été le premier citoyen pendant 10 ans, et qui a été contraint à l’exil depuis près de 6 ans. Deuxièmement, c’est le signe de la réconciliation nationale déjà amorcée, et de la cohésion nationale. Et troisièmement, c’est celui des retrouvailles du Patriote avec son peuple qu’il aime tant.
Comment s’est déroulé le processus du retour d’ATT au bercail ?
C’est un long processus qui a commencé il y a déjà plusieurs années, mais qui a été freiné de façon brutale en décembre 2013, avec la saisine de la Haute Cour de Justice pour « crime de haute trahison ». Dès lors il nous a fallu attendre que la Commission chargée du dossier fasse son travail en toute impartialité. Ce n’était pas facile, même si nous étions intimement convaincus, qu’il n’y avait pas matière à poursuite. A l’époque des démarches étaient entreprises au niveau de différents Chefs d’Etat de la CEDEAO proches des Présidents TOURE et IBK, mais l’implacabilité de la saisine a gelé tous ces efforts.
Aujourd’hui, ce retour que vous avez tant souhaité, est devenu une réalité, parlez-nous du rôle de votre parti, le PDES et celui du Président IBK?
A partir de 2013, le PDES alors présidé par Ahmadou Abdoulaye Diallo, à qui je rends un vibrant hommage, a décidé que le 1er point inscrit à l’Ordre du Jour de toutes les réunions du Secrétariat Permanent serait consacré au retour et à la réhabilitation du Président ATT. Ce que nous avons fait jusqu’au classement du dossier d’accusation, il y a un an, et à ce merveilleux dimanche 24 décembre 2017. C’est vrai que beaucoup d’initiatives ont été prises, beaucoup de choses ont été dites, mais la réalité dans l’aboutissement heureux de ce dossier, c’est l’implication personnelle du Président IBK, qui a été à l’initiative et qui est le vrai Maître d’œuvre de ce « chantier ».
Qui parle de Maître d’œuvre, fait forcément allusion à des « ouvriers », et ils se comptent sur les doigts d’une main, ce sont ses plus proches collaborateurs, et inutile de dire qu’ils ont travaillé dans la plus grande discrétion. D’ailleurs cela s’imposait pour éviter les éventuelles fuites et autres agitations. Concomitamment, le PDES a organisé une Conférence de Presse, au cours de laquelle, nous avons sollicité la magnanime bienveillance du Chef de l’Etat, le Président Ibrahim Boubacar Keita, pour le retour de l’ancien Président et son non moins cadet, le Général ATT. Nous lui avions ensuite adressé un courrier pour saluer les efforts inlassables par lui déployés en faveur de la paix, de la réconciliation et de la concorde dans notre pays.
Hasard du calendrier ou non, quelques jours après le Président IBK déclarait dans JA que l’aîné qu’il est, n’a rien à reprocher à son cadet, et que les liens fraternels sont toujours de mise. Nous avons alors été officiellement avertis que NOTRE CRI DE CŒUR A ÉTÉ ENTENDU et que le PDES est la voix autorisée. Et par la suite, les choses se sont accélérées et sont allées vite… et très vite.
Quel impact aura ce retour d’ATT sur votre parti qui est le PDES ?
Comme le Président ATT le disait en son temps, les problèmes du PDES sont au Sud; vous serez très surpris d’apprendre que beaucoup de nos cellules sont restées intactes à la base et le problème, c’était Bamako. Dieu merci nous avons fait face et nous sommes là. C’est la joie et la ferveur partout à l’intérieur du Pays, comme à Bamako d’ailleurs. Pour la petite histoire, au retour de sa visite à Mopti, le Président Touré m’a dit ceci: « FATOUMATA À BAMAKO C ÉTAIT LA FÉERIE, À MOPTI CE FUT LA FIÈVRE ET BANDIAGARA LA FERVEUR, LA FOLIE ET LA FRÉNÉSIE! ». Donc en résumé, le PDES ne s’en porte que mieux, et nous allons capitaliser toute cette énergie positive pour consolider notre travail de restructuration du Parti, entrepris depuis plus de 6 mois maintenant.
Beaucoup d’observateurs estiment que ce retour va contribuer à la réconciliation nationale ?
Je pense que vous étiez présent à l’accueil, et le Président et sa famille ont mis plus de 30 mn avant de pourvoir fouler le sol malien. Le Tarmac a été pris d’assaut et le protocole a été débordé, au point que le Premier ministre et les officiels ont été trimbalés dans tous les sens. C’est pour dire simplement que le Mali dans sa diversité a compris que ce geste fort posé par le Président IBK, était le bon pas et surtout le meilleur vers la réconciliation nationale.
Vous conviendrez avec moi que le Président ATT est un homme profondément attaché aux idéaux de paix et de cohésion nationale et comme il aime à le dire lui même, « j’ai appris à faire la guerre… mais je suis un soldat de la paix ». Dans sa toute première déclaration ses premières pensées, pieuses sont allées à l’endroit des victimes civiles et militaires qui ont payé de leurs vies la guerre qui nous est injustement imposée il a dit présenter ses devoirs à l’ensemble de la Nation malienne. Cela veut dire en mon sens tout simplement que s’il doit s’impliquer sur un chantier, ça sera sans doute celui de la paix.
ATT va-t-il directement ou indirectement prendre part aux débats politiques, notamment ceux des prochaines élections ?
Je vous le dis, je vous le confirme le Président ATT qui n’a d’ailleurs jamais été un homme politique, ne prendra pas part au débat et ne se mêlera pas de politique.
Au moment d’accueillir votre mentor à l’aéroport, ce dimanche 24 décembre, quels étaient vos sentiments en tant que leader du PDES?
Le PDES était dans sa tenue d’apparat pour accueillir son Mentor, qui nous avait tant manqué! Nous avions mis les petits plats dans les grands et la Planète PDES, de Kayes à Kidal, s’est retrouvée à Bamako pour dire « ATT, I NI LOBO, AW BISSIMILAHI ! ». Le Mali est sorti pour accueillir LE FILS prodigue, celui-ci qui avait été contraint de quitter le pouvoir et le pays sous les crachats et les balles! Et le voilà de retour tel le Messie! Alors le PDES rend grâce à Dieu!
Si on vous demandait de « présenter vos devoirs » à l’ensemble de nos lecteurs, que diriez-vous ?
Avant de livrer un message à tous les Maliens, qu’il me soit permis, ici de rendre à Jules ce qui est à César; au nom de tous les militants du PDES, de saluer et remercier avec déférence, Son Excellence El Hadj Ibrahim Boubacar Keita, pour avoir permis le retour de son cadet au Mali, avec les honneurs et tous les honneurs. Je tiens encore une fois à rappeler que c’est l’initiative du Président IBK et la sienne seule, et que cela soit clair.
Ceci dit, je remercie toutes les bonnes volontés, à l’intérieur du Mali comme à l’extérieur, qui ont consacré de leur temps pour que ce retour se fasse en toute quiétude et dans la dignité. Notre pays souffre énormément et comme l’a si bien dit Félix Houphouët Boigny : la paix n’est pas un mot, mais un comportement. Le pardon est biblique et coranique et nous sommes des croyants. Taisons nos différences, soyons au dessus des contingences, et ensemble évitons le pire à notre pays.
Etes-vous prêtes à dépasser les contingences pour composer avec le RPM ou participer à la majorité présidentielle ?
Je suis toujours Fatoumata Sako du PDES et mon Parti est toujours membre de l’Opposition Républicaine et Démocratique. Nous sommes un Parti assumé, qui a résisté au Tsunami, nous avons été victimes d’ostracisme, nous le sommes encore, et nous voulons juste qu’on nous respecte. Il y va de la cohésion au sein de l’Opposition.