Le ministre de l’Agriculture Baba Berthé a achevé dimanche une visite de terrain dans la Région de Ségou par les zones de l’Office riz Ségou (ORS). Accompagnée par le directeur général de l’Office riz Ségou, Babougou Traoré, la délégation ministérielle a marqué une première escale dans le village de Soké où elle a visité l’unité de nettoyage du riz paddy en vue débarrasser la céréale de toutes les impuretés et le magasin de stockage des céréales du Projet villages du millénaire (PVM).
Le président du comité de gestion du magasin de stockage de céréales de Soké, N’Tji Coulibaly, a expliqué le stock est constitué essentiellement de riz paddy que les paysans donnent pour rembourser les crédits contractés pour l’achat d’engrais. Chaque membre de la coopération peut bénéficier de crédit engrais. La créance est remboursée en nature. Cette méthode convient aux producteurs qui peuvent avoir des difficultés à rembourser le crédit d’intrants en espèces, a expliqué N’Tji Coulibaly. La pratique a aussi l’avantage de mettre les paysans à l’abri de la tentation de brader leurs récoltes en vue de faire face aux charges des ménages.
Par ailleurs, la délégation ministérielle a visité le Projet d’appui au développement rural de Tien Konou et de Tamani (PADER-TKT). Ce projet est financé par la Banque islamique de développement (BID) et le gouvernement pour un montant de 14,9 milliards Fcfa. Il s’étend sur une période de cinq ans (2009-2013). Il consiste en la réalisation des travaux de recalibrage du canal principal du complexe de Dioro pour un montant de 2,011 milliards Fcfa (lot 1), l’aménagement de 1271 hectares du casier de Tien Konou pour un montant de 7,062 milliards Fcfa (lot 2) et l’amélioration du système hydraulique de 2200 hectares de la plaine de Tamani pour un montant de 1,104 milliard Fcfa.
Ces travaux visent à faire basculer progressivement la production de l’ORS des périmètres à submersion contrôlée (aléatoire et peu productive avec une production entre 1,7 et 2 tonnes à l’hectare) vers des périmètres à maîtrise totale de l’eau avec un rendement moyen de 4 à 6 tonnes à l’hectare.
L’ordre de démarrage des travaux pour le lot 1 a été donné seulement le 10 avril dernier pour un délai d’exécution de 10 mois hors saison des pluies. Celui pour le lot 2 a été donné le 18 avril pour un délai d’exécution de 19 mois toujours hors saison des pluies. Le dernier lot relatif à l’amélioration du système hydraulique de 2200 hectares de la plaine de Tamani a connu une situation préjudiciable. Le retard accusé pour le démarrage des travaux serait lié essentiellement à des manœuvres frauduleuses pratiquées par certaines entreprises ayant participé à l’appel d’offres.
La BID qui est le partenaire financier principal a tenu à clarifier cette situation avant de donner son feu vert à la réalisation des travaux pour un délai d’exécution de 8 mois.
Après le PADER-TKT, la délégation a mis le cap sur Dioro où elle été impressionnée par le dynamisme des femmes étuveuses de Dioro organisée en coopérative. Celle-ci a démarré ses activités en 2010 avec 150 femmes. Aujourd’hui, elle compte 207 adhérentes. L’étuvage du riz est devenu une activité très lucrative, assurent plusieurs personnes interrogées sur place. La coopérative a bénéficié de plusieurs appuis techniques et financiers notamment du Projet villages du millénaire qui lui prêté un fonds de 30 millions Fcfa.
Les membres de la coopérative ont donné un nouvel élan à l’emploi local. Elles emploient la main d’œuvre locale rémunérée à 500 Fcfa par sac de 100 kg de riz étuvé, et louent le matériel d’étuvage à 2000 Fcfa par mois. Le matériel d’étuvage est si sollicité que des listes d’attente se forment pour la location. La coopérative est donc confrontée à l’insuffisance de matériel d’étuvage. Autres difficultés pour la coopérative : l’écoulement des stocks de riz étuvé sur les marchés et l’absence d’un fonds de roulement. Les femmes ont expliqué qu’actuellement, elles n’arrivent pas à écouler leurs stocks faute de prix rémunérateurs.
Le ministre Berthé a encouragé ces femmes qui génèrent beaucoup d’emplois et de ressources. Elles méritent tout le soutien technique et financier nécessaire à leur épanouissement.
L’avant dernière étape de la visite a été le Projet villages du millénaire (PVM). Celui-ci a initié un concours de fabrication du compost qui a été primé par des prix en nature. Le PVM avait auparavant formé plusieurs paysans en technique de compostage pour produire de la fumure organique de qualité avec laquelle ils peuvent fertiliser leurs champs et réduire la facture d’engrais. Le compost produit remplace valablement l’engrais minéral DAP qui est acheté. Ainsi, les paysans Modibo Coulibaly de Babougou, Baba Cissé de Dioro et Seydina Oumar Koumaré de Soké se sont distingués dans cette compétition et ont reçu chacun des mains du ministre leurs prix offerts par le PVM. Ces prix étaient constitués d’une charrette d’une valeur de 100.000 Fcfa, deux sacs de 100 kg de semences de riz et deux sacs d’engrais minéral urée.
La délégation a bouclé sa visite par le Centre d’apprentissage agricole de Dioro (CAA) qui a été créé en 1966. Il abrite pour la formation 48 élèves en 1ère année et 49 élèves pour la 2è année. Les apprenants (filles et garçons) sont actuellement en congés scolaires conformément à leur cursus académique. Néanmoins, la délégation a pu visiter les salles de classe, les bureaux du personnel, le forage exécuté pour fournir de l’eau potable au site et constaté la vétusté des infrastructures qui datent de plus d’un demi-siècle.
Nul doute que le CAA de Dioro a besoin d’une action de réhabilitation afin de redonner aux jeunes garçons et filles l’envie d’embrasser la carrière agricole.