Convient-il de souligner que cet ouvrage a permis de faire « une pierre deux coups ». Primo : il magnifie la détermination de certains dignes fils de Banconi qui ne cessent de fournir des efforts louables afin d’extraire leur quartier de son sous-développement dont les causes sont multiples. Secundo : il illustre aussi la pierre (si petite soit-elle) apportée à la construction de notre édifice national par ces bâtisseurs et leurs partenaires étrangers.
Dans un passé récent, on ne se réjouissait pas dans certain milieu d’évoquer le nom de ‘’Banconi’’ qui fait simplement partie de nombreux quartiers spontanés de Bamako. Les raisons étaient diverses. On peut en citer entre autres : l’obsolescence des habitations due à la précarité tous azimuts, l’absence criarde du réseau électrique et d’eau potable liée à la non réhabilitation du quartier mais aussi et surtout le faible nombre de ses fils ayant réussi à faire valoir leurs compétences intrinsèques.
Mais aujourd’hui, ce cliché négatif appartient à un souvenir lointain. À preuve, l’évolution amorcée dans tous les domaines de la vie à Banconi qui impose le respect et l’admiration de tout le monde se consolide avec l’inauguration, le samedi 06 janvier 2018, d’une route pavée. Longue de 610 mètres pour 11 mètres de largeur, cette infrastructure qui traverse Zèkénékorobougou largitudinalement du sud au nord est certes modeste mais importante pour son essor.
En effet, cet ouvrage va offrir à une partie des habitants de Banconi un cadre sain tant souhaité en facilitant l’évacuation des eaux usées, précisons-le, issues des ménages qui sont sources de plusieurs maladies endémiques et chroniques. Il constitue également une principale voie d’accès dont la sensation de bien-être que procure sa praticabilité est assimilable à celui du bitume.
Les travaux ayant absorbé temporairement le chômage local en employant la jeunesse qui s’est montrée disponible ont été exécutés par Diarra BTP, pour un coût estimé à plus de 80 millions de nos francs. La spécificité qui convient d’être soulignée c’est que la moitié du financement fut prise en charge par l’entreprise Pakistanaise dénommée ‘’SK Company’’ en guise de sa propre contribution. L’autre partie a été couverte grâce à la quote-part de 10 000 F payée par 150 familles sur 350 recensées auxquelles s’ajoute l’apport d’autres bonnes volontés issues du monde politique, économique et social.
Parmi celles-ci on peut noter : CCA ONG appuyée par le PNUD, la société Yiyuan Mines Mali SARL que préside Cheung Ching, le couple Saran et N’Fa Simpara, Bayini Sangaré, Badjè Soukouna et l’ancien Premier ministre Moussa Mara. Ont également mis la main à la poche : l’honorable Waly Diawara, Sidi Daffé, Tapa Soukouna et Oumou Babo dite Ba Oumou Djan. En outre, Abdoulaye Sylla a accepté de mettre sa cour à la disposition de l’entreprise qui a réalisé ce pavage.
Le soutien que sollicitent maintenant ces bâtisseurs est un accompagnement singulièrement celui venant des ministères de l’environnement, de la santé, des transports et des autorités municipales. L’appui de ce beau monde est attendu afin qu’on puisse mettre en place un dispositif de suivi et d’entretien dans le but d’allonger la durée de vie de cette œuvre. Par ailleurs, on a émis le vœu de voir ce trajet relié à une route principale notamment à celle passant devant l’école fondamentale de Zèkénékorobougou qui mérite, enfin, d’être goudronnée au regard du trafic dense qu’elle connait ce dernier temps.
Comme la cerise sur le gâteau, il a été décidé et à l’unanimité que cette route pavée porte le nom de Moussa Ouattara dit « John », très connu dans le quartier pour son sérieux, sa passion du football et surtout sa piété. Cet homme d’un abord facile fut terrassé par un malaise le 25 mai 2015, journée de célébration de l’unité Africaine laissant à la postérité une veuve et trois orphelins dont deux filles et un garçon. Son décès en ce jour commémoratif du panafricanisme est-il une coïncidence ? Portait-il un message fort à transmettre à la jeunesse qui le chérissait pour les vertus qu’il a prônées tout au long de sa vie ? En tout cas, Moussa représentait la frange des jeunes au sein du comité de gestion de la grande mosquée de Zèkénékorobougou.
Une cérémonie pleine d’émotion
À l’image de John (que son âme et celle de tous les défunts musulmans reposent en paix) d’autres jeunes animés d’ambitions nobles constituent, de nos jours, de véritables espoirs dont la relève doit se préparer dès maintenant. Il s’agit à titre illustratif de Sekou Tangara « le talentueux journaliste » de la chaîne de télévision Africable constamment luisant de par sa carrure cognitive ; de Souleymane Toumani Sangaré « l’étoile polaire » qui, en véritable berger peulh, indique tous les jours et sans s’égarer le chemin juridique que doit emprunter la Direction nationale de la géologie et des mines (DNGM) ; de Daouda Mamadou Kanté promoteur de radio Ambiance FM « descendant de Soumangourou Kanté ayant, de son côté, vite dompté la parole pour en faire son cheval de bataille.
D’autres figures de proue ont l’insigne honneur d’être citées. C’est le cas du Docteur Samba Traoré où l’incarnation du serment d’Hippocrate, à en juger, par la kyrielle de patients dont il soulage les souffrances aussi bien chez lui qu’au Centre de santé de référence de la Commune I et le Dr Amadou Ouattara (petit frère de ce même Moussa Ouattara) qui dirige actuellement avec altruisme l’Association de santé communautaire de Banconi (ASACOBA).
Cette litanie loin d’être exhaustive ne peut s’empêcher de porter le nom de Younoussa Traoré dit You, Conseiller des affaires étrangères assumant aujourd’hui avec excellence les fonctions du premier conseiller à l’ambassade du Mali en Suisse. Enfin, nul ne peut occulter le jeune Modibo Babo qui, arraché à notre affection (paix à son âme) en juin 2015 n’a cessé d’œuvrer pour le bonheur de sa famille et celui de tout Zèkénékorobougou. C’est en son honneur que la réunion des initiateurs dont il faisait partie se tient toujours dans son accueillante famille paternelle devant laquelle passe d’ailleurs cette route pavée.
En somme, cette énumération élogieuse vise à inciter chacun des dignes fils de Banconi à inscrire le développement du quartier dans le carnet de ses priorités au même titre que sa quête de la pitance quotidienne. Si Banconi où n’importe quelle contrée du Mali se développe à travers des efforts collectifs c’est tout notre pays qui en bénéficiera. Doit-on baisser les bras et s’attendre à tout de la part de l’Etat ? Cet envieux auto-développement de Zèkénékorobougou qui s’ajoute évidemment à tant d’autres cas perceptibles au Mali en est la réponse.