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L’Essor N° 17420 du 25/4/2013

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Commission Dialogue et Réconciliation : Et maintenant au travail !
Publié le vendredi 26 avril 2013  |  L’Essor


© aBamako.com par A S
Installation de la Commission Dialogue et Réconciliation
Bamako, le 25 avril 2013 au CICB. Le chef de l`Etat par intérim, Dioncounda Traoré a procédé à l`installation officielle des membres de la Commission Dialogue et Réconciliation


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Avant de les renvoyer à leurs fonctions, le président de la République a rappelé à l’attention des « 33 sages » qu’il ne s’agit pas d’un banquet auquel ils sont invités, mais plutôt un sacerdoce que la République leur confie

En les installant officiellement dans leurs nouvelles fonctions hier, le président de la République, Dioncounda Traoré, sait mieux que quiconque que la tâche qu’il vient de confier aux 33 membres de la Commission Dialogue et Réconciliation est loin d’être une sinécure, tant les plaies de cette guerre en partie fratricide restent béantes. La cicatrisation, qui prendra certainement du temps, doit être accompagnée de « pardon » et aussi de « justice ». L’actualité brûlante atteste de la complexité de la situation : l’organisation des élections en juillet et le désarmement des groupes armés scotchés à Kidal, le cantonnement de la milice arabe à Ber… sont autant de préoccupations à gérer dans un temps relativement court.

Signe de l’importance accordée à l’événement, la salle des banquets du CICB qui a accueilli la cérémonie d’investiture a fait le plein. Au présidium, le président de la commission, Mohamed Salia Sokona, et le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de l’Aménagement du Territoire, le colonel Moussa Sinko Coulibaly, se sont installés de part et d’autre du président de la République. Les chaises du flanc gauche de la salle seront occupées par les « 33 sages » de la commission.

En face d’eux, l’assistance fournie se distribue de chaleureuses poignées de mains ou des accolades. Outre les membres du gouvernement et les présidents des institutions, les représentants du corps diplomatique étaient venus nombreux pour mesurer la volonté des autorités de transition de faire taire les canons pour donner une ultime chance au dialogue. La société civile, les femmes, les forces armées et de sécurité étaient également là.

La présence des anciens Premiers ministres à la première loge n’est pas passée inaperçue, comme pour marquer une volonté commune de repartir sur de nouvelles bases. Autre signe positif : une présence remarquée des Tamasheq, cette communauté du nord qui s’emploie toujours à ramener à la raison quelques uns de ses fils et frères égarés qui ont choisi la voie des armes. Les Arabes, autre composante de la population du Septentrion, étaient aussi bien visibles.

Solennellement, la fanfare de la Garde nationale a joué l’hymne national quand Dioncounda Traoré a fait son entrée dans la salle. Avec le même sourire léger et son habituelle écharpe blanche au cou, le président de la République par intérim a clairement averti les membres de la commission que le travail ne sera pas facile.

Mais le président de cette commission assure mesurer tout le poids de la charge et la portée de la confiance portée à sa « modeste personne », pour cette mission « noble ». Il mesure aussi « l’attente des populations du Nord » qui n’ont que trop souffert d’une occupation faite d’humiliations et de violations des droits les plus élémentaires de l’homme. Et que dire des familles entières jetées sur les routes à pied pour fuir la honte et la mort ? Mohamed Salia Sokona rêve d’un Mali où il fait bon vivre. Notre pays, dit-il, était un havre de paix. Aujourd’hui, il est à la recherche de nouveaux repères.



VAINCRE LES FORCES CENTRIFUGES. Parlant de la composition de la commission qu’il préside, Mohamed Salia Sokona estime que tous les Maliens et toutes les Maliennes s’y reconnaitront. Elle est surtout « un creuset où chacun pourra apporter du sien ». De son point de vue, « il est temps qu’après tant de violences et d’humiliations de savoir faire la paix ». « Nous serons interpellés par les générations futures » si le vivre-ensemble n’est pas rétabli.

Mohamed Salia Sokona s’indigne du fait que « le Mali ne soit pas en paix à cause des Maliens eux-mêmes » avant d’inviter tous les acteurs à « dialoguer » et à « pardonner ». « Prions pour le Mali à tout moment et parlons de paix partout pour vaincre les forces centrifuges », préconise-t-il avant de s’engager à servir loyalement notre pays.

C’est justement cela qu’attend de lui le président de la République qui le lui a dit dans son allocution d’investiture. Se tournant vers Mohamed Salia Sokona, Dioncounda Traoré a salué en lui « sa capacité d’écoute » et son « sens élevé du patriotisme ». « C’est un homme de confiance et de résultat », a jugé le président intérimaire qui est convaincu qu’il saura être « un bon chef, un aiguilleur et un planton ».

Et Dioncounda Traoré de s’expliquer : pour sa capacité d’écoute et sa qualité d’arbitrage, Mohamed Salia Sokona a tout ce qu’il faut pour être un bon chef. Aiguilleur, parce que le président de la Commission Dialogue et Réconciliation saura retenir, orienter et moduler toutes propositions. Le planton enfin, car il doit prêcher la bonne parole sans céder au découragement.

Dioncounda Traoré a rappelé à l’attention des 33 membres de la commission qu’il ne s’agit d’un banquet auquel ils sont invités, mais plutôt un sacerdoce que la République leur confie.

Pour le président de la République, le doute n’est plus permis quant à la représentativité de la Commission Dialogue et Réconciliation et surtout l’intégrité morale de ses membres. « Ils sont tous choisis à l’issue d’un processus qualitatif tenant compte de critères rigoureux », a insisté le chef de l’Etat qui, au passage, a évoqué les réserves formulées par le Collectif des ressortissants du Nord (Coren). « Je suis étonné que le Coren soit la première association à sonner la charge contre la CDR », a indiqué Dioncounda Traoré qui a donné lecture d’une correspondance du collectif dans laquelle celui-ci proposait des noms dont certains ont été retenus. Le président Traoré, se refusant à la polémique, tenait cependant à expliquer que « personne n’a été exclu » en donnant deux exemples : le 2è vice-président Metty Ag Rhissa et le commissaire Mohamed Ould Mohamed de Goundam, ont tous deux été proposés par le collectif.

Une fois cette parenthèse fermée, Dioncounda Traoré s’est adressé aux membres de la commission pour leur dire combien « le travail est difficile et extrêmement compliqué ». « Commission du salut », la mission est « de rassembler pour la paix des cœurs et des esprits ». Il a décrit le Mali comme « une chaîne de fraternité dont il faut renforcer tous les maillons ». La commission, insistera le président, doit être un cadre pour tout projet, pourvu qu’il soit « porteur d’espoir et de solution ». Mais, il avertit cependant qu’elle ne travaille qu’avec ceux qui acceptent d’appartenir au Mali et bien entendu, de déposer les armes.

A la nation entière, le président Traoré a demandé d’apporter tout son soutien à cette commission qui ne manquera de rien pour mener à bon port cette noble tâche. Car l’heure est au dépassement de soi, au pardon et à la tolérance mutuelle. L’objectif recherché est connu de tous maintenant : doter notre pays d’un nouveau contrat social qui mettra en accord la mosaïque de minorités. « Je veillerais à l’obligation de résultat » a-t-il prévenu avant de renvoyer officiellement les « 33 sages » à leurs fonctions.

A. M. CISSE


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