Tombeur du général Moussa Traoré, celui là même que l’on a, à l’époque affectueusement surnommé «ATT», a été le président de la transition malienne (1991- 1992). A la Maison du Peuple, ancien siège du parti unique, le lieutenant colonel Amadou Toumani Touré, chargé d’orienter et de diriger la politique du pays pendant la période transitoire de neuf (9) mois (du 1er avril à janvier 1992 disait ceci : «Nous ne devons pas oublier la revendication démocratique de notre peuple (…) qui réagira avec fermeté à toute tentative de confiscation de sa victoire ainsi qu’à toute manœuvre de récupération».
Une Nation bâtie sur le mensonge et la compromission ne peut- être qu’un château de cartes. Le coup d’Etat du 26 mars 91 est resté avec un goût d’inachevé à cause d’une conciliation prématurée entre la junte et la centrale syndicale ; quant à la transition démocratique, elle sera difficilement conduite par une équipe harcelée parce que le Mouvement démocratique pressé de prendre le pouvoir après une période transitoire de quatorze (14) petits mois. Les procès crimes de sang et crimes économiques n’ont jamais connu un véritable verdict, car dégradés.
Selon la presse étrangère : «Pendant trois jours, la capitale du Mali a connu le drame, les militaires ont tué plus de deux cents (200) jeunes manifestants. Pour les Maliens, c’est la honte, le président a refusé de reconnaître sa responsabilité dans le massacre.» Moussa a déclaré en hurlant ! «Je ne suis pas un assassin ! Je ne démissionnerai pas !».
Les deux procès crimes de sang et crimes économiques ont été galvaudés. Et pour cause, le président de la Cour, Mallé Diakité, sur chaque question des avocats de la défense, avait sa formule consacrée «la Cour est suffisamment informée» ou «cette question ne sera pas répondue». Ce fut un vrai faux procès commandité par les deux pouvoirs, celui de la transition et celui de la troisième République.
Le général Moussa Traoré, qui avait les mains ensanglantées, a bénéficié d’un procès tronqué et sera libéré bien plus tard, par le président de la République, Alpha Oumar Konaré, après dix ans passés dans une maison de retraite à Markala. Or c’est à partir de cette page douloureuse de notre histoire qu’on pouvait faire une lecture claire pour un nouveau départ à la hauteur de la grandeur de notre nation. Mais hélas !
Les hommes politiques ont simplement préféré tourner très vite la page du changement, car incapables d’actions patriotiques pour le bonheur du peuple. Dès lors, durant vingt ans, ils créeront une dynastie de compromis et de compromissions savamment élaborée, qui fera perdre au peuple tout espoir.
Finalement, le peuple se trouvera pris en otage par des régimes politiques, sans grande légitimité, puisque élus avec un taux de participation non flatteur de seulement 20 %. C’est pourquoi, une bonne partie du peuple, ne se reconnaissant aucunement dans les partis politiques, a pris fait et cause pour soutenir le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE), qui vient à leurs yeux de mettre fin à un régime miné, d’une manière vicieuse et pernicieuse, par la corruption et la délinquance financière et surtout par des actes de forfaitures. Il ne fait aucun doute que le CNRDRE a été applaudi à grand cri par un peuple désemparé et abusé.
Et depuis une liberté est en marche, qui vaut celle de l’Europe de l’Est, aussi courageuse, aussi difficile.
«Quand l’essentiel est en danger, s’opposer est un devoir». Notre pays traverse un moment crucial de son existence. Le meilleur médecin, pour la grande majorité des Maliens, ne saurait être «un démocrate sincère et convaincu» car persuadés, qu’il est illusoire de croire que l’on peut résoudre les problèmes avec ceux qui les ont crées.