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Art et Culture

A la découverte de la tradition : La perception de la mort et les pratiques funéraires en Pays Dogon/ Mali. (1ère partie)
Publié le mercredi 3 janvier 2018  |  soloni
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Les pratiques culturelles traditionnelles, tout comme la perception de la mort et la célébration des funérailles selon les règles de la religion traditionnelle risquent fort de disparaître dans les prochaines décennies. L’interrogation que suscite cette situation est la suivante : comment sauver ce riche patrimoine culturel face l’invasion culturelle étrangère ?

C’est surtout pour promouvoir et protéger la culture dogon que nous avons mené une étude sur « la perception de la mort et les funérailles en Pays Dogon »



Depuis la création de l’humanité, l’Homme a toujours eu des réflexions sur à la mort.

Tous les peuples civilisés ont cru à la survie de l’âme après la mort. Le peuple dogon en est un. Dans la cosmogonie dogon, la mort et la survie de l’âme occupent une place non négligeable.

Les Dogon ont réfléchi à leur manière sur la mort et la survie de l’âme après la mort. En Pays Dogon en général, la mort d’Homme occasionne des cérémonies funéraires qui font ressortir la notion de la mort chez les Dogon.

Notion de la mort chez les Dogon :

D’après le dictionnaire « le petit Larousse 2007 », la mort est la cessation complète et définitive de la vie.

Pour comprendre la définition donnée par les Dogon par rapport à la mort, il est nécessaire de savoir la définition qu’ils donnent à la vie.



Les Dogon définissent la vie comme étant une existence sur terre marquée par la fatigue, l’injustice, l’égoïsme et la haine. Ils le disent en ces termes : « Aduniya, ôgnié Lee wagnilèleekôluleeyaluye »

C’est par opposition à cette définition de la vie que les Dogon définissent la mort comme étant un héritage paternel et maternel (yimi Ba kin Na kin) qui délivre l’Homme de la fatigue, de la haine, de l’injustice de l’égoïsme et le conduit progressivement vers un monde de repos éternel où règnent la paix et la justice.

Cette définition fait ressortir une double perception de la mort chez les Dogon :

-La mort, perçue comme un héritage paternel et maternel, constitue un Bien à hériter des parents tout comme les autres Biens. Pour les Dogon, les parents, après leur mort, laissent à leurs enfants tous leurs Biens y compris la mort qui est le dernier héritage, aussitôt on l’hérite, aussitôt on la laisse pour ses descendants.

L’analyse de cette première perception nous autorise à dire que pour les Dogon, logiquement, le père et la mère doivent mourir avant leurs progénitures. C’est ce qu’on appelle mourir de la mort naturelle. Cette mort naturelle provoquée par Dieu, marque la fin d’une vie bien remplie et bien accomplie, n’a rien à avoir avec les jeunes. Ainsi, les Hommes retournent chez Dieu par ordre d’arrivée sur terre.

Le décès des jeunes, des enfants ou des femmes enceintes n’est pas considéré comme une mort naturelle, il est provoqué soit par les sorciers, soit par les ancêtres mécontents, soit par les diables, soit par les fétiches et peut être conjuré en faisant des sacrifices aux mânes des ancêtres ou en se protégeant contre les sorciers et les diables.

Dans la société traditionnelle dogon, quand une femme enceinte décède on dit qu’elle est allée avec les «inambe » (autel dédié aux femmes enceintes décédées ou bien les diables qui incarnent cet autel).Presque dans chaque contrée du Pays Dogon, il existe un autel des « inambe » géré par une famille dite « famille des inambe où des yaapilimu ».

Lorsqu’une femme décède dans un village étant enceinte, son corps est rendu à une famille des inambe qui est chargée de son inhumation. Après l’enterrement, la famille des inambe récupère tous les biens de la défunte et les conserve soit dans une grotte sacrée soit dans un grenier sacré. Ainsi, les biens deviennent sacrés et appartiennent aux morts.

Nul n’a le droit d’utiliser ces biens, excepté la famille des inambe. Cette famille aussi n’a que le droit d’usage, elle ne peut ni les vendre ni les hypothéquer.

Pour que les biens des femmes décédées étant enceintes ne soient pas récupérés par les propriétaires des inambe, une femme enceinte doit transférer ses biens aux ayants droit avant qu’elle n’accouche puisqu’elle ne sait jamais si elle va mourir étant enceinte.

Chaque année, l’autel des inambe reçoit des offrandes pour rendre hommage aux femmes décédées étant en état de grossesse.

En milieu dogon traditionnel, mourir étant enceinte, constitue un sérieux problème pour le mari de la défunte. Il est devient impur.

L’époux de la défunte n’aura pas une autre femme à condition qu’il aille se purifier en violant ou en se couchant avec une femme non avertie. Là il est tenu d’apporter la preuve (un morceau de pagne ou cheveu ou encore un bracelet appartenant à la victime) qu’il a pu abuser d’une femme avant d’être purifié par le prêtre des inambe. Ainsi, il peut prétendre à épouser une nouvelle femme.

– La mort perçue comme une délivrance en ce sens qu’elle délivre l’Homme des problèmes de la vie.

A suivre dans notre prochaine parution.

Par Hamadoun OUOLOGUEM

Chercheur à l’Académie Malienne des Langues (AMALAN)

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