Il nous faut revenir aux fondamentaux du parti en exigeant que le président élu par le Congrès soit le ‘’Candidat naturel’’ du parti à l’élection présidentielle à l’avenir.
L’Adéma-PASJ a été longtemps le premier parti de l’ère démocratique parce qu’il était fondé sur un socle de valeurs partagées par l’ensemble de ses militants. Il a été de sa création à la fin du mandat du président Alpha Oumar Konaré un parti solide, discipliné autour de son projet de société, incarné par un chef charismatique et incontesté.
C’est à partir de 2002, la fin du second mandat du président Konaré, faute de consensus sur le candidat à la succession, que la descente aux enfers a commencé avec l’introduction des « Primaires » dans la vie du Parti.
Le principe de la primaire interne, réservée aux adhérents du parti, pour désigner le candidat du parti à l’élection présidentielle est une hérésie. En effet, le Congrès du parti qui désigne le président du parti n’est –il- pas par essence l’expression de tous les militants ? Les Primaires étant une pratique spécifique des Etats-Unis d’Amérique, qui regroupe 50 Etats aussi différents les uns des autres, ne sauraient s’adapter à un Etat unitaire. Autant il est impossible pour un parti américain de désigner un candidat avant de tester sa popularité dans chacun des 50 Etats, autant il est suicidaire de lancer les primaires, dans un Etat unitaire au sein d’un parti politique.
C’est pourquoi les pères fondateurs de l’Adéma-PASJ, notamment le président Alpha Oumar Konaré, se sont farouchement opposés au principe même des Primaires étant convaincus que ces élections conduiraient le parti à sa perte. Hélas ils n’ont pas été entendus, c’est pourquoi l’Adéma-PASJ est aujourd’hui au bord de l’implosion après le séisme de 2002 qui a entraîné la naissance de l’URD après le schisme qui a donné naissance au RPM.
Ceux par qui le malheur est arrivé, les chantres des Primaires internes sont aujourd’hui les chefs incontestés de leurs partis respectifs. Qui ose parler de Primaires dans ces formations politiques ?
Au départ, les statuts du parti ignoraient le principe des primaires. C’est l’échec du Congrès de 1999 qui a fait germer dans certains esprits chagrins l’idée saugrenue selon laquelle, il n’y a pas de ‘’Candidat naturel’’ ; en d’autres termes, le chef du parti élu par le Congrès souverain, n’est pas qualifié pour être le porte-drapeau à une élection présidentielle.
Ceux qui prônaient cela ont oublié que bien que prévu dans les statuts du Parti socialiste français depuis le Congrès d’Epinay en 1971, le principe de la primaire interne réservée aux adhérents du parti n’a été évoqué dans les faits qu’en 1995 faute de leader incontesté pour remplacer François Mitterrand.
Aujourd’hui, il est aisé de constater les conséquences de cette voie suicidaire sur le PS français réduit en lambeaux. Et pourtant, Mme Ségolène Royale, avant de succomber elle aussi aux sirènes des primaires, avait alerté en ces termes :
« Deux trains sont lancés à toute allure l’un contre l’autre, pilotés par les mêmes acteurs du détestable Congrès de Rennes. Je dis aux militants Ecartez- vous des rails ».
Camarades militants de l’Adéma-PASJ, il est encore possible de sauver l’essentiel, la catastrophe n’est pas inéluctable.
Il nous faut revenir aux fondamentaux du parti en exigeant que le président élu par le Congrès soit le ‘’Candidat naturel’’ du parti à l’élection présidentielle à l’avenir.
Il faut renoncer aux Primaires qui aboutissent à la dépolitisation du Parti avec comme seul objectif le plébiscite d’une personne souvent capable d’acheter les voix des quelques délégués participant au vote, et qui en général n’ont aucune légitimité.
Il s’agit de personnes ayant pris en otage les structures du parti.
Avec ce système pervers, le programme du parti est relégué au second plan. Le militantisme, l’ancrage dans les classes moyennes et populaires sont mis aux oubliettes.
Les courants autrefois politiques (PMT- PMRD- CMDT…) sont devenus des écuries composées de courtisans sans foi, ni loi autour d’un champion de surcroît riche.
L’Adéma-PASJ est devenu un vulgaire parti de supporteurs visant la promotion d’hommes quelle que soit leur personnalité, leur idéologie.
La défense des intérêts individuels prévaut aujourd’hui sur celle des idéaux socialistes et débouche sur une personnalisation extrême de la compétition interne.
Le projet de société du parti, son programme de gouvernement sont devenus des accessoires décoratifs.
Aujourd’hui, la désignation des candidats du parti à tous les niveaux est toujours entachée de fraudes rituelles et de corruption à tous les niveaux.
L’investissement militant est délégitimé dans ce système aberrant et suicidaire qui a transformé le parti en une machine à conquérir des emplois électifs ou dérivés.
Dans la phase cruciale de la Régionalisation, la qualité des candidats présentés par le parti dans 80 % des circonscriptions interpelle sur la qualité de la gouvernance de notre parti.
Camarades, je vous invite à réfléchir et à agir avant qu’il ne soit trop tard. L’Adéma-PASJ me rappelle ce champ de ruine décrit par l’ancien président français Jacques Chirac dans l’une des fulgurances dont il a le secret, je cite :
« Quand aucune autorité n’est parvenue à imposer sa volonté dessus, le moindre parti politique se transforme en chaudron où bouillonnent les appétits, les vanités, les rancunes.
Inutile de mettre le couvercle, le mitron en fusion débordera toujours en attendant le chef.
Des lilliputiens, des fourmis, des morpions de l’ambition, ils se tirent tous dessus à vue sans comprendre que l’opinion se fout et se contrefout de savoir qui va gagner, si seulement il en reste un vivant ».
Il s’agit aujourd’hui pour nous d’aller à la refondation en demandant l’organisation d’un Congrès extraordinaire du parti afin de le doter clairement d’une Direction légitime élue démocratiquement et incontestable.
L’Adéma-PASJ ne saurait se contenter de participer pour participer ? Pour les élections générales de 2018, on ne peut que sauver l’essentiel en négociant des alliances politiques claires conformément aux résolutions pertinentes de la retraire du Comité exécutif.
Vive la Refondation de l’Adéma-PASJ.
Vive le Mali.
Makan Moussa Sissoko
Secrétaire administratif de l'Adema.