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Rétrospectives 2017 au Mali: Un parcours mouvementé soldé par une fin heureuse
Publié le lundi 8 janvier 2018  |  Le Combat
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Le tronçon 2017 de l’existence de notre pays aura été marqué par des évènements non des moindres qui méritent une rétrospective. À l’image d’un conte, ce parcours a démarré par un succès diplomatique retentissant. S’en est ensuite suivi un couac sécuritaire sur fond de crise au cours d’une année 2017. Néanmoins, l’année s’est achevée sur une note d’exemplarité ayant ému plus d’un, même au-delà des frontières du Mali.

Du satisfecit né de la réussite du Sommet Afrique-France du début d’année au retour d’exil du président ATT à la chute de 2017 en passant par l’attaque terroriste subie par le campement de Kangaba, les Maliens ont connu des pleurs et des rires. Le tout avec des quotidiens égrenés au rythme de deux phénomènes majeurs : celui relatif au projet de révision constitutionnel initié par le président de la République et celui lié aux virées de la coqueluche de l’année : Ras Bath.

Sommet Afrique-France

Le président IBK a remporté un succès diplomatique de taille en janvier 2017 en réussissant l’organisation du Sommet Afrique-France. En présence du président François Hollande, son ami personnel qui disait ainsi au revoir à ses pairs dirigeants africains, cette rencontre d’envergure a, de par son ballet diplomatique, ébahi aussi bien les hôtes de marque du CICB que les hordes de terroristes sévissant dans le Mali profond. Les premiers sont venus se rendre compte d’une réalité autre que celle qu’ils avaient de notre pays tandis que les seconds se sont vus inoffensifs en cette occasion pourtant propice à leurs ardeurs bellicistes.

Attaque terroriste de Kangaba

Comme à l’accoutumée depuis janvier 2013 lorsque l’opération française Serval avait chassé du nord de notre pays les forces djihadistes, le Mali a entamé l’année 2017 avec son statut de pays post crise trainant sur son chemin de croix son calvaire de la guerre asymétrique imposée à lui par les poches djihadistes résiduelles ayant survécu à la croisade française. Des attaques terroristes par-ci, par-là avec à la clé des morts d’hommes dans les rangs des FAMA surtout, sont le lot quasi quotidien de l’existence de notre pays.

Les tout premiers mois de 2017, ne se seront donc pas dérogés à cette implacable règle de l’insécurité grandissante. Mais on la croyait circonscrite jusque-là dans les parties septentrionale et centrale du pays ; ce jusqu’en fin d’après-midi du dimanche 17 juin. À cette date, le Mali subit son premier véritable coup dur grandeur nature de l’année. Il a été secoué au sud et de plus à la périphérie de Bamako par un attentat. Le campement de Kangaba, un site prisé par les touristes occidentaux. Ce jour, il avait été pris pour cible par un groupe d’hommes armés, de présumés djihadistes de par leur mode d’action sous-tendu par les cris d’« Allah akbar ! » (Dieu est grand). Le bilan a plusieurs fois changé, mais le dernier, qui a émané du général Salif Traoré, le ministre de la Sécurité, a fait état de quatre assaillants tués par les forces de sécurité, cinq autres capturés. Et il y a eu par ailleurs deux victimes, dont une Franco-Gabonaise. Ainsi que quatre blessés, dont au moins un militaire malien et 36 otages secourus. Le second fait marquant de l’année venait ainsi de se dérouler à pratiquement six mois après la période des vœux de bonne et heureuse année.

Projet de révision constitutionnelle

Tel un déclic, le drame de Kangaba a donné le ton à une série d’agitations au niveau de la classe politique et de la société civile malienne. À l’origine de ces agitations le projet de révision constitutionnelle, annoncé par le président Ibrahim Boubacar Keïta en début d’année.
Après vingt-cinq ans d’existence, la Constitution de notre pays du 27 février 1992 devrait subir son premier toilettage. Adopté en conseil des ministres en mars, puis par l’Assemblée nationale dans la nuit du 2 au 3 juin, ce projet était censé être soumis à référendum le dimanche 9 juillet. Peine perdue. C’est sans compter sur la détermination des partis politiques et des organisations de la société civile anti révision, tous réunis au sein de la plateforme ‘’An tè Abana, Touche pas à ma Constitution ! » Par des descentes dans les rues pour manifester le désaccord au projet, cette plateforme a, dans une lutte acharnée ayant frôlé la violence, fini par tenir la dragée haute à son challenger d’en face répondant au nom de ‘’An Son na’’. Appréciant à sa juste valeur le risque de déstabilisation de son régime, le président IBK décide admirablement de surseoir au projet. « Pour le Mali, aucun sacrifice n’est de trop », avait-il déclaré sous les ovations des leaders religieux et des dignités fondatrices de Bamako, mû par son amour pour la patrie.

Phénomène Ras Bath

2017 aura consacré Mohamed Youssouf alias Ras Bath dans ses virées d’activiste qui se réclame un défenseur des ‘’sans voix’’. Tel une star, un héros, ce juriste de formation est devenu une figure pour une grande partie de la jeunesse malienne qui le présente comme son ‘’guide’’. Ras Bath a marqué le début du mois d’août à Bamako, par une démonstration de force de l’Aéroport au centre-ville. Des milliers d’inconditionnels ont ovationné le rasta debout sur une voiture de retour d’une tournée européenne. On signifiait ainsi sa désapprobation d’une décision de justice du tribunal de la commune IV condamnant cet animateur de radio à ses heures perdues, à un an d’emprisonnement ferme et 100 000 FCFA d’amende pour ‘’incitation à la désobéissance des troupes’’.

Ras Bath, qui est aussi membre du Collectif pour la Défense de la République (CDR), est une des voix les plus audibles de la plateforme « Antè A bana » contre le projet de révision constitutionnelle. Ce n’est pas la première fois que ses partisans descendent dans la rue pour le soutenir après des ennuis judiciaires. Le 15 août 2016, il est interpellé et conduit de nuit au camp I de Bamako. Mais juste avant il a le temps de laisser un message sur son compte Facebook : « Au moment où je publie ces notes, je devrais être en route pour la radio, mais malheureusement, je suis en route pour le camp I… Des militaires sont venus… Votre émission Cartes sur Table n’aura pas lieu ce soir ou n’aura plus jamais lieu. »

Suffisant pour déclencher la même nuit des manifestations sur la rive gauche de Bamako, notamment à Sébenicoro, où se trouve la résidence présidentielle. Le jour de sa comparution, des centaines de personnes prennent d’assaut le tribunal de la commune IV pour exiger sa libération. La manifestation dégénère et les contestataires mettent le feu dans le tribunal, cassent des voitures aux cris de « IBK, fali » (l’âne). Un civil tué et une dizaine d’autres blessés. Le lendemain de ces événements, il est libéré, mais on lui interdit toujours d’animer son émission. Le jeune doctorant en Droit, est le fils d’un désormais ex-ministre du gouvernement, réputé proche du président IBK, mais il dérange le pouvoir.

Son procès en appel aboutissant à une relaxe en début novembre entraînera la démission du ministre de la Justice, Me Mamadou Ismaël Konaté, réputé lui aussi proche du chef de l’État. « Le régime se sauve sans la République », avait fustigé cet avocat d’IBK dans sa lettre de démission, visiblement liée à l’animosité entre Ras Bath et son père et lui… Ce qui n’empêche pas la démocratie malienne de poursuivre sa marche avec la bienveillance de certaines références.

Retour d’exil du président ATT

Parmi ces références figure en bonne place le président IBK qui peut se targuer la bienveillance et la clairvoyance par lesquelles il a fait rentrer au pays l’ex-président déchu par le coup d’État de 2012, Amadou Toumani Touré dit ATT. Il ne manquait plus que ce retour au pays pour que l’année 2017 s’achevât de la plus belle des manières pour le Mali.

Le dimanche 24 décembre, après cinq ans passés au Sénégal l’ex-président et ses proches sont rentrés à Bamako à bord de l’avion présidentiel malien que l’actuel locataire de Koulouba avait spécialement dépêché à Dakar pour les ramener. Amadou Toumani Touré n’est pas venu ‘’pour régler des comptes’’, mais pour participer à la réconciliation nationale’’ ; tels ont été les premiers mots formulés par l’homme fort du 26 mars 1991, lesquels mots ont donné du baume au cœur du Malien épris de paix et de réconciliation. Même si officieusement il se prête à cette initiative l’idée d’un calcul politicien en faveur du président IBK pour son crédit à la présidentielle de cette année, le retour au bercail du président ATT démontre ô combien le temps est venu pour que les Maliens se retrouvent, s’asseyent autour d’une table et discutent des problèmes du Mali au Mali. Surtout pour ses plus fidèles soutiens, ses anciens partisans tous revigorés de ce retour, qui est selon eux une marque d’unité. « Il faut que le Mali sorte de la crise et qu’il y ait une certaine unité au niveau du pays ». Quoi de plus beau comme cadeau de Noël et de Nouvel An que le père IBK doit offrir à sa famille le Mali ? 2017 faisait ainsi sa chute sur une note de lueur de réconciliation au grand dam des ennemis de la cohésion sociale pour le Mali.

Katito WADADA : LE COMBAT
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