Suite à la nomination de SoumeylouBoubèyeMaïga à la tête du gouvernement, les commentaires fusaient de partout. Ainsi, nous avons eu une entrevue avec un cadre influent du parti au pourvoir, Mamadou Diarrassouba, secrétaire à l’organisation du Rassemblement pour le Mali (RPM). Dans cet entretien, le député donne la position de son parti au sujet du nouveau Premier ministre et souligne les défis auxquels ce dernier doit faire face.
Reconnu pour son franc-parler, l’élu RPM à Dioïla, Mamadou Diarrassouba dit tout ce qu’il pense du nouveau gouvernement.
Démission du Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga
Au sujet de la démission du Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga, Mamadou Diarrassouba est serein. Il a loué les qualités de ce dernier qui, de son avis, est un homme honnête, patient, simple, et loyal. Pour lui, en huit mois, le PM sortant a donné tout ce qu’il pouvait à ce pays, dans un contexte de crise. Dans ses explications, les changements de Premiers ministres ne sont pas liés à leur inefficacité, mais plutôt au contexte que vit le pays. En raison de cette particularité, le Président de la République est le mieux placé pour savoir ce qui est bon et ce qui ne l’est pas pour le pays. Le mérite d’Abdoulaye Idrissa Maïga doit être reconnu, a-t-il indiqué.
Nomination de SoumeylouBoubèyeMaïga
Sans ambages ni rancune, il a félicité le nouveau Premier ministre SoumeylouBoubèyeMaïga qui, dit-il, a beaucoup d’atouts au regard du contexte dans lequel il a été nommé. «Devant lui, il y a beaucoup de défis et je sais qu’il est un homme de défis. Il sait relever les défis au moment de la crise. On l’avait suivi en 1991 lorsqu’il était un grand animateur du parti malien pour le travail. Il a montré ses capacités pendant cette période. Au moment démocratique aussi, tout le monde l’a connu. Je peux vous dire que SoumeylouBoubèyeMaïga est quelqu’un qui s’illustre dans les moments les plus difficiles. Donc, je ne pense vraiment pas que sa nomination entrainerait de difficultés au niveau national», a-t-il déclaré.
C’est vrai, la nomination de SoumeylouBoubèyeMaïga pouvait créer une crise au sein du RPM si les uns et les autres n’avaient pas compris la démarche du Président IBK. «Car les gens penseront que le RPM, avec 74 députés, a droit à la primature. OUI ! Nous avons bien le droit et nous avons aussi les compétences pour gérer ce poste, mais je vous dis que le Président de la République a pris le pouvoir dans un contexte difficile. Pour sortir de cette crise, quand on nous pointe du doigt quelqu’un qui peut relever les défis et avoir la solution aux problèmes, on le choisit même s’il n’est pas du RPM. Cela est le souhait de tout le monde. Les cadres du RPM n’en veulent pas à IBK pour avoir nommé un Premier ministre en dehors du parti. A huit mois des élections, nommer quelqu’un en dehors du parti est dur pour nous mais nous avons compris», a déclaré notre interlocuteur. Avant de rassurer que le RPM s’engage résolument à soutenir le nouveau gouvernement pour relever les défis qui s’imposent à nous. Pour preuve, argumente-t-il, le RPM a félicité le Premier ministre entrant. Il ne s’est pas limité à prendre acte, mais il l’a félicité pour la confiance du Président de la République. «Nous sommes derrière le Président de la République et soutiendrons quiconque sera derrière lui. Nous avons accompagné tous les Premiers ministres (Oumar Tatam Ly, Moussa Mara, Modibo Kéita, Abdoulaye Idrissa Maïga) et nous allons accompagner SoumeylouBoubèyeMaïga», a-t-il rassuré.
Mieux que cela, le secrétaire à l’organisation du RPM estime que son parti a été renforcé dans le présent gouvernement. Il se dit être en accord total avec le chef de l’Etat qui ne posera aucun acte qui va à l’encontre du Mali. Le peuple RPM l’a compris dans ce sens.
L’ossature du gouvernement
De l’avis du député Mamadou Diarrassouba, l’augmentation de la taille du gouvernement qui passe de 34 membres à 36 n’est pas une mauvaise chose en soit. L’opposition, dans son rôle, dira que c’est un gouvernement pléthorique, surtout dans un contexte de crise. Mais c’est ce contexte qui explique l’ossature de l’actuel gouvernement. Il faudrait adapter les structures de l’Etat en fonction de la situation. A titre illustratif, explique-t-il, si on était en temps de paix, on n’aurait pas besoin d’un ministère de la Réconciliation nationale. En temps normal, on n’avait pas besoin d’un ministère de l’Investissement. Ce département était dans le ministère de l’Industrie et du Commerce. Mais il est créé pour vendre la destination Mali. L’augmentation du nombre des ministres dans la situation actuelle dépend réellement du contexte. Chaque ministère va pleinement jouer son rôle, conclu-t-il ce chapitre.
Pas de motion de censure émanant du RPM
Coupant ainsi court aux rumeurs qui faisaient état d’une éventuelle motion de censure contre le nouveau gouvernement, Mamadou Diarrassouba affirme que cela n’est pas dans l’agenda du RPM : « je vous rassure que cela n’est pas à l’ordre du jour. Tréta, président du parti RPM, s’est entretenu avec IBK. Il a fait le compte rendu au Bureau politique national et tout le parti adhère à la décision du Président de la République », précisera-t-il.
Le RPM renforcé dans le nouveau gouvernement
Dans ce gouvernement, il estime que le RPM a été renforcé. Car neuf membres du bureau politique national y sont. En plus de ceux-ci, trois autres sont aussi membres du RPM. Ils sont dans les structures du parti. Avec ces 12 ministres RPM et les sympathisants, ceux qui soutiennent le président IBK, je pense qu’on peut relever les défis.
Les grands défis à relever
Pour le député Diarrassouba, le premier défi à relever est la tenue des élections générales. En l’occurrence les élections régionales, locales et communales partielles ; l’élection présidentielle et celles des législatives.
L’autre grand défi qu’il faut relever, indique l’orateur, est la paix et la réconciliation nationale. Il faut que SoumeylouBoubèyeMaïga et son équipe s’attèlent à l’application de l’accord pour la paix issu du processus d’Alger. Il faut que cela soit concret, pratique, visible et que tout le monde constate l’avancée dans l’application de l’accord. «Nous pensons que ces deux grands défis doivent constituer l’essentiel de la vision du gouvernement durant ces huit mois restants. Nous voulons la mise en œuvre des instruments de l’avancée de l’accord comme le MOC, le DDR. Pour nous, ces deux grands défis doivent être relevés par le gouvernement. Moi, je suis personnellement satisfait de ce gouvernement. S’il y a des insuffisances à l’avenir, on le dira. Chaque fois qu’il y a des insuffisances, le RPM dit au Président de la République que ça ne va pas. Si cette équipe va pécher d’une manière ou d’une autre, nous le dirons au Président de la République. J’ai toujours dit que dans une situation de crise, il est très difficile d’observer les principes et les valeurs ; on doit se réunir autour d’un consensus. On aurait pu démarcher les opposants et autres afin qu’ils adhèrent le gouvernement, mais ils vont dire qu’à huit mois des élections, ils n’y entreront pas. Ils préféreront rester dans leur position en critiquant. Cela est normal dans un Etat démocratique», précise-t-il.
Au peuple malien, il a lancé un vibrant appel. Il l’invite à croire qu’avec IBK, aucun sacrifice n’est trop pour le rayonnement du Mali. Qu’il croit que le Mali va avancer. S’il y a des insuffisances, c’est le devoir de tout un chacun de les corriger. « Je crois que l’équipe qui est là sera solidaire envers le Premier ministre. Je souligne aussi un autre acte à saluer dans la composition du gouvernement, c’est l’augmentation du nombre de femmes», argumente Mamadou Diarrassouba.