L’équipe nationale de cécifoot (football pour déficients visuels) du Mali va disputer en juin prochain la Coupe du monde en Espagne après sa place de finaliste à la CAN 2017. Un immense exploit pour une équipe créée il y a 5 ans et dont les joueurs se battent pour leur dignité et pour devenir le porte-drapeau des jeunes malvoyants et non-voyants maliens.
Les Aigles du Mali seront à la Coupe du monde en juin 2018. Pas celle de la Russie, attendue et diffusée en mondovision. Ce Mondial aura lieu en Espagne et sera beaucoup plus important aux yeux de l’équipe du Mali de cécifoot. Car arriver à ce stade n'a pas été un long fleuve tranquille, et l'issue a été l’issue inespérée, surtout quand tout commence sur un terrain rocailleux du centre de l’Union malienne des aveugles.
« Plaisir et dignité »
Le début de l'aventure porte la signature de la photographe et réalisatrice française, Catherine Cabrol. Après une série de portraits sur les malvoyants et les non-voyants du centre, celle qui « cherche à explorer l’âme humaine avec sincérité et justesse » veut remercier ses petits camarades qui se sont prêtés avec plaisir au jeu de la pose. La trouvaille, pour joindre l’utile à l’agréable, sera un terrain de cécifoot. Catherine Cabrol, à travers son association Libre vue, finance le projet, fait intervenir des professeurs de sport pour entraîner trois fois par semaine les pensionnaires du centre. « Aujourd’hui, plus d’une centaine de garçons et de filles, malvoyants et non-voyants, pratiquent le cécifoot au centre de Bamako, confie la photographe à RFI, en marge d’une exposition « Solidarité aveugle » à la ville de Sceaux, en banlieue sud de Paris. Notre but, c’est d’apporter plaisir et dignité ».
C’est sur ce terrain du plaisir et de la dignité que va naître l’équipe nationale de cécifoot du Mali. Portés par une envie et une volonté de « dépassement de ses propres limites » et « de montrer une autre image de soi auprès de son entourage et de son environnement social (Cabrol) », les jeunes footballeurs maliens réussissent l’exploit de disputer deux Coupes d’Afrique des Nations en 5 ans. La dernière au Cap-Vert a laissé des regrets, avec une finale perdue devant le Maroc, champion en titre (8-1), mais la satisfaction d’avoir validé une qualification historique à la Coupe du monde a pris le dessus. Surtout que l’équipe nationale de foot n’a jamais réussi à se qualifier à un Mondial.
Cet exploit n’a pourtant pas eu un écho du côté des autorités du pays. Ce que regrette fortement Mamadou Thiam, milieu offensif et capitaine des Aigles du cécifoot. « Ce manque de considération de la part du gouvernement est déplorable, s’insurge l’étudiant en première année de droit public. Nous avons accompli notre mission en nous battant dans des conditions difficiles. Aujourd’hui, le gouvernement doit nous valoriser aux yeux de la société ».