PolitiqueAntonio Guterres, secrétaire général de l’ONU « Je reste profondément préoccupé par l’évolution de la situation et les tendances négatives observées au Mali »
Publié le mercredi 10 janvier 2018 | Le Républicain
Dans son dernier rapport sur le Mali, publié en fin décembre 2017, Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations-Unies dresse un tableau peu reluisant de la situation au Mali. Selon Guterres, il « reste profondément préoccupé par l’évolution de la situation et les tendances négatives observées au Mali » où les conditions de sécurité restent extrêmement préoccupantes dans le nord et dans le centre du Mali, en particulier dans les Régions de Mopti et de Ségou.
Dans son rapport, Antonio Guterres note que les conditions de sécurité restent extrêmement préoccupantes dans le nord et dans le centre du Mali, en particulier dans les Régions de Mopti et de Ségou, où il y a eu davantage d’actes terroristes ou liés au terrorisme que dans l’ensemble des cinq régions du nord du Mali. « Des attaques de convois et de postes de sécurité à l’arme légère et des attaques à l’engin explosif improvisé sont survenues dans le centre et le nord du Mali. Le 15 octobre, des éléments terroristes ont bombardé une position des forces de défense et de sécurité maliennes à Kouakourou, dans la Région de Mopti, avec des engins explosifs utilisés jusqu’alors seulement dans le nord du Mali. Mopti et Ségou ont été particulièrement touchées par l’intimidation et le prosélytisme agressif des éléments terroristes envers les civils. Dans les Régions de Gao et Ménaka, des groupes terroristes ont mené des attaques meurtrières à l’arme légère et à l’engin explosif improvisé contre la MINUSMA et les forces de défense et de sécurité maliennes sur l’axe Ménaka-Ansongo. Certaines de ces attaques ont été revendiquées par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, et d’autres sont peut-être le fait de l’État islamique du Grand Sahara ». Toujours sur le plan sécuritaire, le secrétaire général signale une augmentation des attaques contre les représentants de l’Etat. « Les attaques contre les hauts représentants de l’État et les institutions du centre du Mali ont également augmenté. Le Président du tribunal de Niono, dans la Région de Mopti, a été enlevé le 16 novembre, moins d’un mois après l’embuscade mortelle contre le convoi du Président de la Haute Cour du Mali, le 31 octobre, dans la Région de Mopti », indique le secrétaire général. Selon Antonio Guterres, il reste profondément préoccupé par l’évolution de la situation et les tendances négatives observées au Mali. Le processus de paix, de l’avis du secrétaire des Nations-Unies, n’a guère donné de résultats tangibles. « Plus de deux ans et demi après la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, nombre de ses dispositions, outre des processus importants de réforme institutionnelle, n’ont été que partiellement appliqués. Ces derniers sont toutefois essentiels pour la consolidation d’un État-nation malien pacifique et résilient, dont nul n’est exclu, des progrès tangibles dans le processus de paix étant le seul moyen de parvenir à une stabilité durable au Mali et dans la région. »
« 716 personnes ont perdu la vie au Mali en 2017 »
La crise malienne persiste plus de deux ans après la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation. L’insécurité chronique gagne chaque jour plus de terrain dans le pays. Selon le Parena, l’année 2017 qui vient de s’achever aura été la plus meurtrière depuis l’accession du président Ibrahim Boubacar Keïta à la magistrature suprême le 4 septembre 2013. « Au moins 716 personnes ont perdu la vie au Mali entre le 1er janvier et le 31 décembre 2017. Au nombre des victimes figurent 292 militaires maliens et étrangers : 245 membres des FAMAS (forces maliennes), 45 soldats de l’ONU et deux éléments de la Force Barkhane. De septembre 2013 à nos jours, au moins 2108 personnes ont trouvé la mort au cours de divers incidents armés. Au cours de la même période, au moins 1157 personnes ont été blessées. Le nombre élevé de morts, civils et militaires, au cours de 2017, devrait être une source de préoccupation majeure pour les autorités et la nation tout entière. Il est indicatif de l’aggravation de la situation sécuritaire et de l’incapacité du président de la République et du Gouvernement à faire face à l’insécurité et à l’instabilité. » Ces chiffres (716 morts, 546 blessés en 2017), d’après le Parena, illustrent l’échec du président et de ses gouvernements successifs à sécuriser le Mali et les Maliens.
M.K. Diakité