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Le Livre de Mamadou Igor Diarra : Ce que j’en pense et ce que je voudrais dire
Publié le mercredi 10 janvier 2018  |  Le Reporter
Conférence
© aBamako.com par momo
Conférence de presse
Bamako le 10 avril le Ministre des finances Français Michel Sapin et Mamadou Igor Diarra ont animés une conférence de presse à l’hôtel Radisson
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J’ai entendu parler de ce livre, je voulais le lire. Merci à ceux qui en ont partagé le lien sur le réseau. Je l’ai lu et apprécié bien des parties. À travers son récit, j’ai pu voir un homme non seulement courageux dont les actes ont fait des mécontents, mais aussi un visionnaire qui poursuit des buts bien définis, qui ne navigue pas sans boussole, qui connaît les problèmes, leurs causes et les solutions à y apporter. Bref, un homme qui a un plan d’action.

Je vais souligner un autre fait : sur le réseau, je ne constate pas de grandes «guerres» autour de sa personne. Comme c’est le cas avec d’autres hommes politiques qui disposent de toute une armée de défenseurs qui veillent à ce qu’ils ne soient pas critiqués. Il est temps de mettre la croix définitive sur cette pratique et sur des hommes politiques pareils au Mali. Je souhaite qu’en cas d’une prochaine révision constitutionnelle au Mali, si l’on veut interdire la transhumance politique, chose qui est très bonne, que l’on trouve aussi une solution contre ces «défenseurs». Si ces hommes politiques n’acceptent pas la critique et s’entourent de défenseurs, ce sont donc des dictateurs potentiels qui n’accepteront jamais les contradictions d’idées. C’est un danger potentiel à la démocratie que nous voulons bâtir.

À cause de leur ego démesuré, ils pourraient faire pire.
Je suis convaincu qu’un homme politique qui n’aime pas les critiques n’a pas sa place dans la politique. On ne peut pas prétendre prendre en main les destinées des citoyens, dont on ne veut pas entendre les paroles ou qu’on fait insulter par des défenseurs. Oui, je dis «insulter» parce que quand cela se passe, l’homme politique est là, à côté, et ne dit rien pour arrêter ses défenseurs dans ce déchaînement. Donc, ça vient de lui.

C’est lui qui fait dénigrer et insulter les gens. Peut-être qu’il en prend un malin plaisir. Il faut mettre la croix sur ça. Nous devons changer de politique ou cette politique nous descendra davantage. Ce n’est pas normal de voir un homme politique qui organise ou finance des insultes et des dénigrements à cause de simples critiques. C’est le comble de la dictature en herbe !

Je connais très mal Mamadou Igor Diarra, je ne me suis jamais intéressé à sa personne. À travers ce livre, je viens de le découvrir un tant soit peu. J’ai appris qu’il voudrait se présenter comme candidat aux élections présidentielles. Nous avons vu un MID ministre, mais comme président cela pourrait poser des questions. Sera-t-il en mesure de relever le défi ? Au Mali, il faut un leader qui sache tolérer les critiques, se départir des faiseurs de louanges, de l’influence religieuse et de celle de la bourgeoisie compradore, mettre un terme aux violences en milieu juvénile et conjugal. Voici les clés du succès, à mon avis, pour mettre le pays sur les rails.
Ainsi, il réussira le pari de la sécurité et de l’apaisement des esprits qui sont déjà trop échauffés dans le pays jusqu’à la limite de l’ébullition.

Que MID crée un parti politique ou pas, cela n’est pas important. Il y en a déjà une pléthore. Il devrait faire attention avec son entourage plutôt, savoir faire un choix judicieux. Les hommes de valeur, nous en avons au Mali, nous les connaissons ; il faut s’appuyer sur eux, et non sur des militants de dernière heure qui calculent la direction du vent pour sauter dans le bateau. Si les attaques commencent à cause de sa personne, il faudrait mettre la croix sur lui aussi.

Il y a un autre jeune politique qui, d’après mes observations, ne répond jamais directement aux nombreuses critiques et dont je ne vois presque pas les partisans se livrer à des violences verbales contre les autres. C’est Moussa Mara. Il faut défendre son chef évidemment et courageusement, sans pour autant verser dans des mesquineries et dans des intimidations.

Ce ne sont pas les critiques qui nous détruisent, c’est aussi le manque d’autocritique. Si le chef fait bien, il faut le dire, si c’est mal, faut le reconnaître aussi. Sous d’autres cieux démocratiques, on voit des hommes politiques s’excuser publiquement malgré qu’ils aient des partisans, parce qu’ils ont commis une erreur. Au Mali, on ne voit jamais presqu’un homme politique le faire. Un homme politique qui a toujours raison n’en est pas un. C’est un dictateur potentiel !

J’invite Moussa Mara et Mamadou Igor Diarra à ne pas commettre les mêmes erreurs. Je connais très mal le dernier, mais pour le premier, je maintiens mon respect malgré tout. Je l’ai critiqué et ai dénoncé ses erreurs, cela n’a pas rompu nos relations. Il ne m’a jamais fait de remarques d’avoir dénoncé ses erreurs. Il ne m’en a jamais parlé. Chaque fois que je le contacte, c’est très, très rare, c’est la courtoisie et le respect mutuel. Je vais faire une révélation : devenu PM, j’envoie un message à Mara pour le féliciter. À ma grande surprise, il me remercie et répond : «Vos critiques sont les bienvenues !» Voilà le type d’homme que je voudrais voir nombreux au Mali !

En bamanan, on dit : «Tignè fo té tériya sa.» (La vérité ne doit pas tuer l’amitié). Quoi qu’il en soit, j’insiste toujours sur l’union et la coalition des jeunes politiques au Mali. Il faudra impérativement dépasser le stade des egos pour s’unir dans le combat. L’erreur et l’échec, c’est lorsque chacun veut être à la tête.

Or, même biologiquement et physiologiquement, l’homme n’a qu’une seule tête. Mais c’est quoi la tête sans le cou ? C’est quoi le cou sans les épaules ? C’est quoi les épaules sans la moelle épinière ? Et encore, c’est quoi la tête sans le cerveau ? Etc. Dans une union, il y a donc de la place pour chaque élément qui jouera sa partition pour la réussite de la chose. Il n’est pas obligatoire que chacun soit la tête.

Pour finir, je vais ajouter ceci : l’Éthiopie, capitale de l’UA, est le seul pays africain que les Européens n’ont pas pu prendre. Savez-vous pourquoi ? C’est un général éthiopien métis, moitié russe, qui a organisé la résistance. À bon entendeur, salut ! Mais vive l’Union !

Sékou Kyassou DIALLO
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