Il y a quelques mois de cela, le Capitaine Amadou Haya Sanogo, en recevant un journaliste dans sa prison de Sélingué, a sorti cette menace qui semble lui être fatal aujourd’hui. L’ancien Chef de la junte, en expliquant à cette occasion qu’il transformerait son procès en tribune, renvoyait involontairement son audience aux calendes grecques. Le régime d’IBK a tout intérêt à faire perdurer le suspens ; car, des révélations pourraient être faites sur sa classe politique et, notamment, sur tous ceux qui allaient voir nuitamment l’ex-homme fort de Kati lorsqu’il avait les commandes de l’Etat.
A six mois de la présidentielle, le Chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Kéïta, qui prépare sa réélection, a beau feindre d’ignorer le « Je suis pressé de parler » mais il voile à peine ses soucis par rapport à la volonté de revanche du capitaine Sanogo, l’ancien Chef de la junte militaire, qui avait renversé le Président ATT, le 22 mars 2012. Emprisonné, il est poursuivi pour l’implication dans l’assassinat, en 2013, d’une vingtaine de «Bérets rouges», une unité de l’armée restée fidèle à l’ancien Président ATT et, donc, opposée aux «Bérets verts» du capitaine Sanogo auto proclamé Général.
Le Président IBK n’a visiblement pas la moindre envie que les révélations de l’ancien Général putschiste divisent son armée et révèle le jeu trouble qui devait être le sien avant l’intervention française de janvier 2013. C’est l’époque où il soutenait justement le militaire félon, avant de le mettre en prison une fois arrivé au pouvoir.
Première précaution, le Régime en place a tout fait, ces derniers mois, pour retarder la date du procès du Capitaine fourbe. Réclamé corps et âmes et attendu vainement durant toute l’année 2017 qui vient de s’achever, le procès de Sanogo et co-accusés a toutes les chances de ne pas avoir droit de cité courant 2018 aussi. Mieux, il se suppute une précaution supplémentaire à l’adresse des Bérets verts et de leur Chef détenus. Une loi d’amnistie devrait être adoptée, annonce-t-on, pour permettre à Sanogo et à ses hommes de ne pas répondre de leurs crimes de sang. Ce, en ce sens qu’en politique aucun sacrifice n’est trop grand pour parvenir à ses fins.
Et comme, sauf cette fameuse loi d’amnistie, la justice devra chercher à établir la responsabilité des impliqués dans « l’Affaire Sanogo » tels l’ancien Ministre de la Défense, le Général Yamoussa Camara, l’ancien Chef d’Etat-major de l’Armée malienne, Ibrahim Dahirou Dembélé, et le Général Moussa Sinko Coulibaly, Directeur de Cabinet de Sanogo à l’époque des faits incriminés ; il y a de quoi redouter une véritable déstabilisation de l’armée malienne, déjà affaiblie par sa guerre asymétrique contre les djihadistes.