BAMAKO - Un Franco-Malien figure parmi les assaillants tués au cours d’un attentat suicide mené par des islamistes le 20 mars à Tombouctou (nord-ouest du Mali), a appris l’AFP dimanche de source policière à Bamako, où une cellule islamiste a été démantelée et sept personnes arrêtées récemment.
D’après un rapport confidentiel consulté dimanche par l’AFP, l’enquête
ouverte au Mali sur l’attentat suicide du 20 mars à Tombouctou vient d’être
bouclée et révèle qu’un Franco-Malien figurait parmi les jihadistes y ont été
tués. Il s’agissait de la première attaque kamikaze de cette ville à plus de
900 km au nord de Bamako.
"Les preuves formelles confirment que le dénommé Moussa Thiam, alias Abou Hafs, jihadiste tué le 20 mars à Tombouctou, est un Franco-Malien de 24 ans", indique le document, précisant que la famille du jeune homme "a largement contribué à son identification".
Dans le rapport, on voit notamment une photo de l’homme décédé, que l’AFP a pu se procurer: l’image a été prise par un habitant de Tombouctou et authentifiée par les services de sécurité du Mali, d’après une source sécuritaire malienne.
On y voit un homme à la peau noire, avec une fine moustache et une petite barbe, gisant au sol, sur le dos. Il est vêtu d’une tunique de couleur marron, où sont visibles plusieurs impacts de balles.
Par ailleurs, selon une source policière malienne, une cellule du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), un des groupes islamistes présents dans le nord du Mali depuis 2012, a été démantelée à Bamako par les services de sécurité, qui ont arrêté sept personnes récemment.
"Depuis le début de cette semaine, nous avons les preuves formelles. Les
sept personnes interpellées le mois dernier dans des quartiers populaires de
Bamako formaient la première cellule du Mujao à Bamako", a déclaré à l’AFP
cette source policière.
"Pour arriver à ce résultat, nous avons travaillé étroitement avec la
Sécurité d’Etat (SE, services du renseignement) du Mali, dont le rôle a été
déterminant dans le démantèlement de cette cellule. (...) Les enquêtes se
poursuivent", a-t-elle ajouté.
Aucun détail n’a pu être obtenu sur les dates des interpellations et les
lieux de détention des sept personnes. Les arrestations sont toutefois
évoquées dans le même rapport confidentiel consulté dimanche par l’AFP.
D’après ce document, ces arrestations ont "conduit au démantèlement de la
cellule naissante du Mujao à Bamako", les individus appréhendés "sont tous de
nationalité malienne. (...) Ils sont âgés de 16 à 57 ans. Ils ont été formés
militairement et idéologiquement dans le nord du Mali par les islamistes".
"Les tentatives d’infiltration vers le sud du Mali vont probablement se
multiplier. (...) La cellule du Mujao démantelée devait notamment commettre
des attentats à Bamako", indique le document.
Le Mujao et d’autres groupes jihadistes armés, dont Al-Qaïda au Maghreb
islamique (Aqmi), ont occupé pendant plusieurs mois en 2012 les principales
villes du nord du Mali, y commettant exactions et destructions de mausolées au
nom de la charia (loi islamique).
Depuis janvier, une opération militaire de troupes françaises et africaines
a permis de déloger les combattants islamistes des grands centres de ces
régions, notamment Tombouctou et Gao (nord-est). Mais des jihadistes armés
restent actifs dans certaines zones et ils ont quelques fois réussi à
s’infiltrer dans des villes "libérées" pour y mener des attentats suicides.