Les Projets routiers Prioritaires du Président (PPP) malien n’ont pas seulement perdu de leur superbe. Ils ont été vidés de leurs âmes, vendus au diable. Du coup, son initiateur, le Chef de l’État, Ibrahim Boubacar Keita (IBK) n’affiche qu’une image de ruine et de désolation. Et pour cause : jamais, les surfacturations et les dépassements lors des décaissements de fonds pour l’exécution de projets dans notre pays, n’ont atteint un tel degré en 2017. D’où la colère noire du président du parti du bélier blanc (le PARENA) Tiébilé Dramé. C’était, la semaine dernière sur le plateau de la chaîne de télévision « Renouveau TV ».
Jugés, pourtant, stratégique dans la politique de désenclavement de notre pays, les Projets routiers Prioritaires du président, en abrégé, PPP, n’ont pas échappé à l’appétit vorace de son initiateur IBK et de ses zombies. Par petite touche, ils ont « sucé » les caisses, érigé le népotisme en mode de gestion. L’espoir tant suscité auprès des maliens, a viré au cauchemar. Un flop magistral.
Le président de la République Ibrahim Boubacar Keita, a initié des projets routiers visant à désenclaver plusieurs localités du pays. Toutefois, cette opération de désenclavement a été l’occasion de montages financiers douteux et scabreux avec comme résultat une énorme évaporation financière au détriment du contribuable malien. Et le PARENA par la voix de son président, l’opposant Tiébilé Dramé, ne manque pas de déduction par rapport à ce qu’il qualifie de gabegie financière.
Au total, il y a cinq projets de route et un pont (celui de Kamankolé à Kayes) qui constituent les PPP (Projets prioritaires du président) qui sont gérés par une coordinatrice des projets prioritaires sous l’autorité du Directeur national des routes (DNR).
Les caractéristiques principales des PPP
D’abord, ils sont financés par le budget national. Ensuite, les marchés ont été attribués à la suite de « consultations restreintes » qui ont ouvert la voie à d’énormes surfacturations et à des détournements de deniers publics.
Interrogés, plusieurs spécialistes travaillant dans le secteur des routes ont répondu que le coût maximum du kilomètre de bitume au Mali ne saurait excéder 250 millions de francs CFA quelle que soient la qualité et l’épaisseur du goudron. Pourtant, le kilomètre de goudron pour la seule route qui va relier le quartier du Banconi à la commune rural de Nonsombougou dans le cercle de Kolokani, coûtera au contribuable malien plus de 495 millions de francs CFA.
Les projets prioritaires et leurs coûts
Le deuxième pont de Kayes est long de 532,65 mètres, avec une largeur de 26 mètres. Le coût des travaux est de 36 milliards 588 millions FCFA. En outre, 16,7 kms de voies d’accès seront réalisés à environ 19 milliards de francs CFA ; la route Banconi-Nonsombougou coûte 56 kilomètres à 27 milliards 730 millions de francs CFA; la route Kangaba-Frontière guinéenne est long de 52 kilomètres qui coûte 19 milliards 437 millions francs CFA ; la route Kayes-Sadiola long de 90 Kilomètres à un prix de 42 milliards 478 millions de francs CFA; la route Yanfolila-Kalana est de 52 kms pour 18 milliards 829 millions francs CFA et la route Baraouéli-Tamani à une longueur de 30,6 kilomètres pour un coût de 7 milliards 223 millions.
Cependant, ces montants sont beaucoup plus élevés que les enveloppes inscrites au budget d’État-2017 au titre des infrastructures routières. Du moins si l’on en croit les révélations du président du PARENA.
En bloc, M. Dramé déduit que le pont de Kayes coûte 48 milliards FCFA au lieu des 55,5 milliards conclus avec les entreprises; la route Banconi-Nonsombougou est de 17 milliards contre 27, 7 concédés à l’entreprise; la route Kangaba-Frontière Guinéenne se chiffre à 13,5 contre 19,5 milliards négociés avec l’entreprise; la route Yanfolila-Kalana s’élève à 13 milliards d’inscription budgétaire contre 18,8 convenus avec l’entreprise ; la route Baraouéli-Tamani est de 5 milliards inscrits au budget contre 7,2 conclus avec l’entreprise chargée des travaux.
En chiffre, les surfacturations se passent de tous commentaires : 29,5 milliards de francs CFA au total !
Opacité des procédures de passation
En effet, le Président du PARAENA soutient mordicus que la passation des marchés des PPP s’est faite sur fond d’entente entre les donneurs d’ordre et les bénéficiaires pour alimenter une caisse noire destinée à financer les prochaines campagnes électorales. Et son président Tiébilé Dramé de marteler : « On a procédé à des “consultations restreintes” qui n’étaient, en fait, que des grés à gré déguisés ». Avant de rassurer : « Selon plusieurs sources, il a été imposé aux entreprises des ristournes d’au moins 15% des montants des marchés. Ainsi les entreprises se sont engagées à “cotiser” des sommes colossales: entre 1 et 5 milliards de francs CFA ».
Cependant, plusieurs exemples d’infrastructures confortent les soupçons de surfacturations du président du PAREANA. Le 2ème pont de Kayes avec 532m de long et 26m de large coûtera 36 milliards de FCFA au contribuable. Cependant, le pont le plus long jamais construit au Mali est celui de Sotuba ; il est long de 1616m sur 24m et a coûté 30 milliards. En chiffre ; 6 milliards de moins que le pont de Kayes qui fait moins du tiers de sa longueur. Par ailleurs, les voies d’accès au pont de Kayes battent tous les records de surfacturation. Le kilomètre de voie d’accès sera facturé à plus d’1 milliard de FCFA.
S’agissant de la corruption dans le marché, elle coûte cher au peuple malien. Pour preuve, les projets routiers financés par les partenaires financiers du Mali – et soumis à une passation de marché régulière – coûtent nettement moins chers. Par exemple, la route Zantiébougou-Kolondiéba-Frontière Côte d’Ivoire lancé en Novembre 2016 par le président IBK coûtera 70 milliards pour 145 Km de routes et voies bitumées, 100 Km de pistes rurales, un poste de contrôle avec scanner, l’installation des pèses-essieu, la réalisation ou réhabilitation d’écoles et centres de santé, aux abords du corridor, et la construction d’un marché à bétail à la frontière Mali-Côte d’ivoire.
Le président du PARENA, comme tous les Maliens, est favorable à la construction de ponts et au bitumage des routes pour réduire les souffrances du peuple en facilitant la circulation des personnes et des biens. Mais les conditions dans lesquelles les présents projets présidentiels sont réalisés relèvent tout simplement de l’indécence, selon le président du parti du bélier blanc : « Des populations parmi les plus pauvres au monde sont dépouillées de façon éhontée de leurs maigres ressources publiques ».
Au regard de ce marché frauduleux, du début à la fin, le PARENA invite le chef de l’État à ne pas couvrir de son autorité ces dilapidations grossières des deniers publics. « Ces marchés doivent être revus et les travaux payés à leur juste coût. Il est possible de réaliser ces routes à moindre coût sans saignée des faibles ressources du Mali », déclare le président du PARENA. Avant de poursuivre : « Le PARENA invite le Gouvernement à avoir de la compassion pour le peuple malien en mettant fin aux surfacturations grossières qui sont constitutives de crime contre le peuple ».
Enfin, en exhortant l’Assemblée Nationale à diligenter une enquête parlementaire pour faire toute la lumière sur les conditions de financement des PPP, le Président du PAREANA exige la démission immédiate de tous les responsables impliqués dans le montage des dossiers et la passation des marchés des Projets routiers Prioritaires du Président IBK.