Dans le cadre de la commémoration de la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur, célébrée le 23 avril, les éditions la Sahélienne en partenariat avec PEN International Mali et le collectif d’écrivains, a organisé mardi dans les locaux de la maison d’éditions, à Bacodjikoroni ACI, une cérémonie de présentation de deux nouveaux livres au public. Il s’agit de «Cercle vicieux» de Mohamed Ag Ahmedou et de «Gouvernance participative et pratiques démocratiques au Mali» du Dr Modibo Kéita et d’Ambroise Dakouo, préfacé par Ousmane Sy, ancien patron de la Mission de décentralisation, ancien ministre et actuel secrétaire général de la présidence de la République.
Ont participé à la célébration, le patron des éditions La Sahélienne, Ismaïla Samba Traoré, et de nombreux hommes et femmes de culture. Les ouvrages ont été présentés brièvement par leurs auteurs qui se sont ensuite prêtés à quelques questions de l’assistance.
«Cercle vicieux» est un ouvrage de 75 pages publié dans la collection «50 voix» qui regroupe les textes littéraires, les comptes rendus de travaux de recherches, les témoignages, les biographies, la réflexion critique et la protestation citoyenne.
Safa et Azago sont les deux principaux personnages du récit. Safa, fonctionnaire malien quitte son pays pour se rendre à Strasbourg en France pour une formation de perfectionnement dispensée dans une école réputée qui a formé depuis la fin de la dernière grande guerre l’élite politique et administrative de la France.
Après un temps d’observation du système et des institutions, Safa arrive à la conclusion – hâtive peut-être ! – que le civisme fiscal est le principal atout sur lequel s’est construite cette fascinante prospérité. Selon lui, « aucune société ne peut se développer et prétendre à un avenir radieux, si chacun de ses membres ne joue honnêtement et totalement sa partition dans un mouvement d’ensemble dynamique ».
A l’issue sa formation, Safa rentre au pays et rencontre un cousin du nom d’Azago, fonctionnaire de la haute administration malienne. Celui-ci n’a jamais quitté le pays, et n’est même pas allé en voyage privé. Il a toujours considéré avec mépris ceux qui reviennent de l’extérieur, bardés de diplômes ampoulés dont ils se prévalent orgueilleusement à tout bout de champ. Il attendait donc de pied ferme Safa pour battre en brèche les théories exogènes qu’il pourrait avoir ramenées dans ses bagages.
Dans l’ouvrage, Mohamed Ahmedou jette un égard critique sur le Mali et fait des propositions. Il soutient que dans notre pays, «une profonde reconversion des mentalités s’impose. Mobiliser aux quatre vents les ressources ne suffira certainement pas. Il faut surtout savoir les utiliser à bon escient. Et pour cela, un plan d’austérité draconien est impérieux. Il doit être bâti sur quatre piliers fondamentaux : sensibiliser une masse critique d’imposables et de partenaires, élargir et rationaliser l’assiette de l’impôt et collecter sans faire de quartier, décréter un moratoire inflexible sur les exonérations fiscales et douanières, à l’exception exclusive des franchises diplomatiques et combattre méthodiquement le gaspillage et l’incurie ».
Lors de la présentation de son livre, il s’est dit convaincu que notre pays pourrait prendre le chemin du développement si les impôts et taxes étaient prélevés correctement et si les ressources collectées servaient aux besoins essentiels. Citant un exemple qui illustre l’ampleur de l’évasion fiscale dans notre pays, l’auteur s’est étonné de voir que les Sénégalais viennent faire leurs courses au Mali parce que certains produits manufacturiers sont moins chers à Bamako qu’à Dakar.
Né en 1968 à Tombouctou, Mohamed Ag Ahmedou est diplômé d’administration publique de l’ENA de Bamako (promotion 1988-1992) et titulaire d’un DESS dans la même spécialité, obtenu à l’ENA de Paris-Strasbourg (cycle international Muhammad Yunus 2008-2009).
L’auteur est fonctionnaire des douanes maliennes depuis 1996 et a suivi au cours de la même année, huit mois durant, un « peloton spécial » à l’Ecole militaire interarmes de Koulikoro, qui a fortement contribué à raffermir son sens de l’État.
Intitulé « Gouvernance participative et pratiques démocratiques au Mali », le second ouvrage (173 pages) a été réalisé dans le cadre d’un partenariat entre le Réseau réussir la décentralisation (RLD) et l’Alliance malienne pour refonder la gouvernance en Afrique (ARGA–Mali). Il s’agit d’une contribution aux réflexions en cours et à venir sur la nécessaire refondation de la gouvernance démocratique au Mali.
Selon ses auteurs, ce livre est un appel au dialogue multi-acteurs sans lequel la gouvernance ne saurait être légitime. L’ouvrage se propose d’accompagner les nouveaux acteurs publics que sont les collectivités territoriales dans l’accomplissement de leurs missions pour la délivrance de services publics de proximité et de qualité.
Le livre aborde les nombreux défis dont souffre le Mali au niveau de la gouvernance. Il s’agit en l’occurrence du manque de légitimité des dirigeants élus, du manque de participation des acteurs, de la faible transparence, de l’absence de redevabilité dans la gestion des affaires publiques, et de l’inefficacité de l’action publique.
Cet ouvrage présente tour à tour un cadre théorique et conceptuel de la gouvernance, des outils et méthodes d’implication et de contrôle de l’action publique locale (ECID, SEP, Club d’écoute), des analyses sur la participation des femmes dans l’espace politique, des expériences de règlements de conflits à la base de mécanismes inclusifs et participatifs dans plusieurs localités du Mali.
Ambroise Dakouo est chercheur à l’Institut du local (IDL) et chargé de l’Initiative gouvernance, décentralisation et développement local à ARGA-Mali. Modibo Kéita est docteur en sciences sociales et coordinateur national du réseau Réussir la décentralisation (RLD-Mali).
La célébration de la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur est une opportunité pour rendre hommage au livre et aux auteurs. En décidant de consacrer le 23 avril au livre et au droit d’auteur dans le monde entier, l’UNESCO s’efforce de promouvoir la lecture, l’industrie éditoriale et la protection de la propriété intellectuelle à travers le droit d’auteur.
Cette journée offre l’occasion de dénoncer les diverses formes de piraterie auxquelles cette industrie est exposée (photocopies et téléchargements illicites des e-books).
La Sahélienne est une maison d’édition qui possède des collections de littérature générale, essais, documents et littérature jeunesse en français et produit des manuels et brochures. La structure mène des activités de recherche et de consultation, conçoit et exécute des projets éducatifs, culturels et de communication.
«Cercle vicieux» et «Gouvernance participative et pratiques démocratiques au Mali» sont en vente à la Sahélienne respectivement aux prix de 5000 et 7000 Fcfa.