Depuis que l’Adéma PASJ a quitté le pouvoir en 2002, le parti a régulièrement fait face lors de présidentielle, à la question de soutenir ou non le candidat au pouvoir, celui à qui il s’est accroché. La question n’a jamais été tranchée, le chiisme ne s’est jamais arrêté.
Comme à son habitude, les Abeilles s’entre déchirent sur l’opportunité ou non de soutenir le président IBK. Celui-ci, il est vrai, a rencontré le bureau, quelques jours avant le remaniement, pour les remercier de l’accompagnement, souhaité que l’Adéma l’accompagne pour son second mandat. Cependant, IBK a pris le soin d’ajouter qu’il comprendrait que le parti ait un candidat, puisque la vocation d’un parti est d’avoir des candidats et de chercher le pouvoir.
Selon des témoins présents à la rencontre, pas un, n’a soulevé les multiples récriminations quotidiennement faites à Bamako-Coura (siège du parti). Pas un n’a demandé de clarifier ou de faire des offres. C’est le pauvre Bocari Tereta, président du RPM qui sera accablé de questions quelques jours plus tard, quand, après une visite du nouveau Premier ministre à la CMP, il tiendra avec cette majorité une réunion pour leur renouveler la volonté d’IBK de continuer avec lui.
Là, les langues se délient et tous demandent ce que le Président offre et quelles sont les conditions de l’accompagnement. Chat échaudé… ?
La grande surprise est le fait que Soumeylou demande à l’Adéma PASJ de soutenir IBK. Lui, en son temps, avait été soutenu par tout le parti, contre le parti, parce que justement, il trouvait que le parti ne pouvait pas ne pas se présenter. Autre temps, autre mœurs !
L’équation n’est pour autant pas facile à l’Adéma. Le parti, régulièrement, s’est invité à toutes les tables. Les mêmes questions que le parti tente de trancher aujourd’hui ont prévalu quand ATT était au pouvoir. Là, également, ceux qui étaient « en poste » ont tout fait pour attirer le parti dans un soutien total et inconditionnel au militaire reconverti en démocrate. La mayonnaise n’a pas pris, le parti s’est retrouvé divisé plus que jamais.
Avec la crise, l’on pensait que les abeilles allaient profiter pour débattre et trancher définitivement cette question. Il n’en fut rien et les mêmes causes produisant les mêmes effets, on se retrouve dans un scénario identique, jamais achevé, jamais tranché.
Mais, pour tous les observateurs, le schéma est clair : certains vont tout faire pour que le parti reste dans un soutien sans condition à IBK, pendant que d’autres voudraient légitimement une candidature interne.
En tout état de cause, le parti est victime de lui-même. De son incapacité de trancher des questions essentielles et existentielles, de son incapacité (de sa peur ?) de s’assumer l’Adéma se retrouve dans une situation qui ne fait honneur à personne, encore moins à ses animateurs. Les pères fondateurs, surtout ceux morts au combat et ceux décédés, doivent bien se poser des questions sur les héritiers…
Alexis Kalambry