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Dialogue bloqué
Publié le mardi 5 juin 2012   |  Option


Dioncounda
© Autre presse
Dioncounda Traoré
Président intérimaire du Mali


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Le monologue est le ralentisseur du dialogue entre les interlocuteurs. Le dialogue est le démarreur et l’accélérateur de la démocratie.

L’autocratie est l’ennemie jurée de la démocratie. Face à la croissance de la démocratie, l’autocratie érige avec aisance toutes sortes de nuisances. Par essence, l’homme est autocrate. C’est par contrainte qu’il devient démocrate. Les autocrates ne cessent de croire que les démocrates constituent des barrières de diminution et de limitation de leur domination. Le démocrate s’occupe de mettre en agonie l’hégémonie de l’autocrate qui se croit pourtant omnipotent. Autocrates et démocrates doivent obligatoirement instaurer et développer le dialogue entre eux pour qu’ils soient capables de cohabiter dans un même espace géopolitique.

Actuellement, le total manque de dialogue rend difficile, pour ne pas dire impossible, la cohabitation pacifique entre maliens sur leur territoire national. La mauvaise compréhension ou médiocre interprétation des règles élémentaires de la démocratie divise profondément les acteurs sociopolitiques du Mali sur cette principale question de gestion du pays : La conservation et l’acquisition de la télécommande du pouvoir. On a de la peine à croire qu’entre ceux qui ont arraché le pouvoir et ceux qui ont géré le pays depuis plus de 20 ans, il n’existe plus que l’argument des violences verbales et physiques. Situation déplorable qui a atteint son paroxysme quand des manifestants trop fâchés ont vertigineusement et sauvagement frappé, le 21 mai dernier, le président de la République, Dioncounda Traoré intronisé par la CEDEAO. Une semaine après, est annoncé le violent tabassage de l’Imam Cissé dans une mosquée de Bamako. Des actes inouïs de violence qui doivent être sévèrement condamnés au Mali. Entre pro-coup d’État, la COPAM, Coordination des Organisations Patriotiques du Mali, et anti-coup, d’État, le Fdr, Front pour la Démocratie et la République, le fossé du monologue s’est élargi et approfondi au détriment du dialogue. Ces deux tendances, au niveau politique, syndical et social, ont systématiquement bloqué le dialogue au Mali. Ce blocage est principalement effectué par le FDR qui réfute toute idée de convention nationale proposée comme un moyen de sortie de crise. Ils sont entrain d’aggraver dangereusement la crise sociopolitique.

Au même moment, les islamistes extrémistes et les bandits armés qui ont assiégé les régions du nord-Mali avancent dans leur dialogue de renforcement de leur hégémonie sécessionniste. Par leurs agissements autocratiques, ces agresseurs continuent à confisquer la liberté et à piétiner la dignité des populations maliennes du nord. Ces spectacles désolants se produisent sous les regards insensibles des acteurs sociopolitiques de la capitale malienne : Bamako. Kabako !

Le monologue est fortifié. Le dialogue est bloqué. La violence est propulsée. La démocratie est piétinée. On ne peut sortir de cette crise que par la voie du dialogue fécond. Il faut que les acteurs sociopolitiques du Mali le comprennent dès maintenant pour éviter la sévère condamnation de leurs méchants comportements par l’Histoire.

Lacine Diawara,

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