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Art et Culture

Festival culturel dogon « Ogobagna » à Bamako: La « folklorisation » et la prise en otage de la culture dogon en vue !
Publié le samedi 13 janvier 2018  |  Le Canard de la Venise
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Nous avions écrit dans le passé que ce festival qui se tient sur l’instrumentalisation de la culture dogon est une perte en énergies et en argent. Ces efforts pouvaient servir à soutenir les jeunes dogons, même à Bamako.

On voit qu’ils continuent sous la même forme. Toute initiative d’une association pour la promotion de la culture dogon est recevable et est à saluer, mais sous la forme actuelle, elle constitue une déviation majeure du cadre de la culture dogon.

En effet, Il me semble que les organisateurs, en tout cas certains ne savent pas la simple définition du mot « culture » en langue française. La définition n’existe pas en dogon, sinon le seul mot dogon qui peut définir le mot culture est « ATËMOU » qui contient toutes les connaissances consacrées : agriculture, eau, environnement, femme, jeunes, etc. Donc, tout ce qui est légué pour la résilience des peuples. Je sais qu’ils ne le savent pas, car ils sont déjà formatés par d’autres langues. Donc, ne nous dites pas que le développement n’est pas dans la culture et que votre rôle c’est juste de déporter des dogons à Bamako pour exploiter leur misère. Revoyez votre définition de culture.

Aussi, ce qui se passe à Bamako n’a pas d’autres qualifications que la prise en otage de la culture dogon, conservée depuis des siècles par nos ancêtres. Mon ami Sékou Dolo ne vit plus du tourisme, mais s’accroche pour expliquer de façon folklorique les masques des dogons. Dans quel espace culturel, si ce n’est dans la formation des initiés doit-on expliquer à ciel ouvert la définition des masques ? En tout cas, nous savons, dans ces contrées comment ça se passe. Les masques n’apparaissent que s’il y a un évènement sérieux : la mort, la gestion de l’environnement naturel, la guerre, etc.

En dehors des masques, ce sont les différentes danses que vous ridiculisez car les danses au pays dogon qu’on connait sont liées aux grands évènements : récolte, mort, initiations, etc. et chaque danse a ses expressions philosophiques. Ne me dites pas que vous ne connaissez pas cela ? C’est grave ! Un « baj’ni baclé » à une des éditions.

Apres, vous reproduisez le Togouna comme symbole, à quelle fin ? Si les toguouna au village ne fonctionnent plus et vous qui ne connaissez même pas les différents fonctionnements, au-delà des affabulations des nouveaux guides touristiques qui voulaient mieux vendre cette culture dogon, comment vous faire confiance ? Le Togouna dogon n’est pas le togouna de Bamako, même pas une réplique, dans la mesure où il profane l’origine. Pourquoi dire qu’il y a un Togouna du pays dogon à Bamako ? Mais les gens le savent déjà, et ceux qui ne le savent pas vous considèrent comme des arriérés et contemplent votre naïveté. Dites leur d’aller au pays dogon.

Les expositions d’art et l’artisanat ne sont que du commerce dont le travail de fond ne se développe pas avec un festival d’une semaine, mais par un travail de recherche qui accompagne les teinturiers et teinturières à la base.

Messieurs, arrêtez de folkloriser la culture dogon, sinon sous le vrai Togouna vous répondrez de vos crimes culturels contre l’humanité dogon.

Où sont les recettes financières de ces festivals ? À quoi ça sert ? Qui participent à ces festivals ? En tout cas pas les « vrais » dogon qui sont à Bamako. Si vous voyez les cérémonies, essayer de constater les présences. Il n’y a aucun dogon jeune vendeur d’oignon, aucun maçon, aucun gardien, aucune aide-ménagère, aucun venu des « damanda », etc. Ce sont les fonctionnaires et quelques étudiants curieux qui ne sont plus en « dogonnisation », mais en voie de « dédogononnisation ». Même ceux qui viennent du pays dogon viennent par misère ; par manque de production agricole ; par manque de touristes surplace… Et les organisateurs nous disent ce n’est pas leur rôle de faire face à la vie des dogon, mais c’est l’Etat, quelle exploitation de peuple ! Donner à boire à un peuple n’est pas de la culture ? Leur donner à manger n’est pas leur rôle ? Faire des bonnes routes non plus ? Alors, la culture repose sur quoi alors ? Sur des morts ? Sur des malades ? Sur des jeunes qui fuient le pays dogon ?

Bref, ces complexés qui ne savent pas comment exprimer leur appartenance au peuple dogon se bafouent et bafouent la culture dogon. Allez-y demander à la Mission culturelle de Bandiagara, où nous avions voulu faire un catalogue culturel qui part de l’Agriculture, qui est d’ailleurs culture avant d’être terre, et prend en compte tout le reste. Nous avions tout prévu dans ce catalogue du progrès du pays dogon.

Faites comme l’industriel Seydou Nantoumé qui pense que si les dogon, dans les villages ont de l’eau à boire, de la maitrise d’eau pour l’agriculture, un centre de santé pour eux, ils vont continuer à développer leur culture sans la vendre sur la place publique à Bamako. Il y a d’autres exemples qui ne viennent pas des simples professeurs d’université ou des élèves des blancs qui sont entrain de tout travestir sous le prétexte de valorisation et de modernisation. Si vous voulez avoir des postes politiques, administratifs ou autres avantages, faites du pays dogon une zone de paix par la culture avant de l’exploiter.

Vous n’êtes pas de la culture dogon, mais vous êtes dogon des cultures extérieures. Alors, le débat est ouvert. Tous ceux qui ne sont pas d’accord peuvent participer à une conférence sur les grands défis du pays dogon organisée le 27 janvier prochain par des jeunes éveillés qui veulent aller au-delà du folklore.

N’oubliez pas, lisez aussi un livre : « Amateur de chien à Dakar » pour savoir que culture et antro-tropologie et autres que vous dites étaient et sont toujours au pays dogon.

Point de complexe ! Et posez-vous la question sur votre légitimité auprès des peuples Dogon qui ne vous reconnaissent même pas. Allez dans un village et demandez s’il y a une association pour la promotion de la culture dogon, les villageois vous répondront que c’est marcher sur la tête car eux qui sont de Terely, Ireli, Dini, Amani, Banani, Ouroly, Nini,… organisent leurs cérémonies sans demander un sous à une association quelconque. Perdus entre deux eaux troubles, les dogons des villes instrumentalisent ceux des villages pour des fins politiciennes. C’est vraiment leur droit mais pas un devoir.

Nous lançons un appel aux jeunes non travestis de se joindre à nous pour montrer les chemins pour « défolkloriser » la culture dogon.

Pardon aux sages et aux ancêtres si nous sommes allés trop loin dans nos propos ! Mais la VERITE EST DOGON !

SDF
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