Jean-François Brébant est président de l’association Handicap Afrique, une association wasquehalienne. Il vient de passer deux semaines au Mali pour équiper les victimes des combats et des attentats. PAR GILLES MARCHAL
Jean-François Bréban est un habitué des missions au Mali. La dernière en date, du 4 au 16 avril, a eu lien dans un contexte particulier... « C’est la première fois que je retournais au Mali depuis 2009, année où les troubles ont pris de l’ampleur dans le pays. Nous sommes partis en mission à Mopti, Sevare, Konna. C’est-à-dire dans le centre du pays où de nombreux combats ont eu lieu. » Là,-bas, les besoins étaient énormes. « Pendant la campagne on a prescrit 15 prothèses mais la demande reste très forte chez les militaires et les civils. Il y a beaucoup de cas complexes. » Jambes et de bras amputés à cause des éclats et des balles perdues, les civils ont beaucoup souffert des combats et des attentats. « On a traité un jeune de 19 ans qui a perdu une main et un pouce après avoir donné un coup de marteau sur une grenade, témoigne Jean-François Brébant.
On va lui poser un appareillage pour qu’il puisse à nouveau se servir de sa main. »
Bien accueillis par la population
Sur place, l’accueil a été bon. « L’intervention française n’a pas compliqué nos rapports, au contraire beaucoup de drapeaux français flottent », raconte le président d’Handicap Afrique, qui affirme n’avoir jamais eu peur. « Les militaires français que nous avons rencontrés à Mopti nous ont dit qu’on était fous de venir sans sécurité, confie-t-il néanmoins. C’est pour cela qu’on sera sécurisés quand on ira à Gao en juin » (lire encadré).
Sur place, les consultations se sont enchaînés. Jusqu’à 70 par jour. « On prend les empreintes pour ensuite réaliser les moulages à Bamako,détaille le président. Une équipe repasse un mois plus tard pour livrer les prothèses et réaliser les réglages.
» Toutes les missions sont effectuées à la demande de la direction de la santé malienne. L’arrivée de l’équipe est systématiquement annoncée à la radio pour permettre à toute la population d’être informée.
Handicap Afrique possède aussi un centre de rééducation et d’appareillage à Bamako. Par chance, il n’a pas souffert. « Le centre est gardé en permanence, nuit et jour. Aussi, pour éviter les tensions ethniques, l’ensemble du personnel est africain. Tout est fabriqué sur place pour fournir du travail aux artisans locaux. » En 10 ans, l’association a déjà appareillé 3 700 personnes. Il n’est pas dit que cela se poursuivra au même rythme. Une prothèse fémorale, c’est 600 E alors que le salaire moyen au Mali tourne autour de 100 E. « L’association a besoin de soutien, insiste Jean-François Brébant. À ce jour, le centre de Bamako s’autofinance à hauteur de 57 % mais on espère passer à 72 % dans quelque temps grâce à la location de logements construits au premier étage du centre. À terme on vise l’autonomie totale. » Les dons des particuliers sont les bienvenus