Janvier 2013-janvier 2018, il y a de cela cinq années depuis que le Mali fut officiellement sauvé d’une invasion djihadiste ayant pris racine au Nord pour étaler ses tentacules au Centre puis au Sud notamment à Bamako la capitale.
La période de transition que vivait l’Etat malien en cette période avait tellement entretenu des antagonismes nés du coup d’Etat du capitaine Sanogo, au point où l’on a fini par s’interroger sur l’essence des alliances du moment. Que nous cachent jusqu’ici les influents de cette époque ?
Lorsqu’en janvier 2013 les Français ont déclenché l’opération Serval pour lutter contre la présence djihadiste dans le Nord du Mali, d’étranges alliances s’étaient nouées à Bamako pour, dit-on, sortir le Mali du bourbier. A l’époque, l’Homme fort à Bamako est l’Imam Dicko, le Président du Haut Conseil Islamique (HCI).
Durant les dix huit mois d’occupation du Nord Mali, ce Religieux charismatique, qui se réclame du wahhabisme dur et pur, était en très bons termes avec les bérets verts de Sanogo et, au mieux, avec le Chef de la rébellion du Nord Mali, Iyad Ag Ghali, avec lequel il n’a jamais cessé de négocier. Le 9 janvier 2013, avant veille de l’arrivée des militaires français, des manifestations massives, bénies par l’Imam Dicko, se sont déroulées à Bamako en faveur des militaires putschistes de Sanogo. A ce stade, Ibrahim Boubacar Kéïta qui deviendra plus tard Président de la République dont les liens ont été constants avec l’Imam Dicko ces dernières années, est fatalement au courant de ce scénario que l’intervention française va rendre caduc.
Et quand la langue du prisonnier Sanogo, l’ex-putschiste, a fini par se délier pour brandir des menaces de révélations fracassantes contre certains ténors du Régime, on peut imaginer que ce n’est pas du bluff. L’actuel Homme fort ne serait pas enchanté de voir étalées sur le plan public les tractations qui ont lieu durant cette période trouble et dont il fut au minimum tenu au courant.
Lorsque les deux journalistes du journal français Le Figaro, Thierry Oberlé et Isabelle Lasserre, auteurs de “Notre guerre au Mali” et fort bien informés, reviennent sur l’opération Serval de janvier 2013, ils écrivent: «Personne n’a jamais eu la preuve que les groupes djihadistes entendaient s’emparer de la capitale malienne et s’installer sur les terres bambaras qui leur étaient hostiles. Certains observateurs estiment que leur but était de provoquer la chute du Président par procuration, en utilisant les opposants au régime basés à Bamako ». Dieu seul connaît alors la réalité des combines ; car, combines, il y en a eu. Le procès de Sanogo pourrait aussi se révéler révélateur.