Quelle classe politique pour sortir le Mali de l’impasse et le remettre sur les rails ? Voici la question lancinante qui est posée à l’approche de l’élection présidentielle de juillet prochain. Ce qui marque, du coup, l’épilogue de la laborieuse transition malienne.
Le coup d’état de mars 2012, n’a pas non seulement porté un coup d’arrêt au processus démocratique du pays, il a provoqué d’autres conséquences néfastes pour le Mali : l’occupation des 2/3 du territoire national, mis en lambeau le tissu socio-économique, et provoqué l’effondrement de l’Etat malien…
A l’éloquence du bilan démocratique des 20 dernières années marquées par des acquis certains est venue se greffer l’incertitude pour le Mali. Désireux d’en finir vite avec cette situation chaotique, et plaidant pour le retour du pays dans la ‘’voie normale’’, nombreux sont alors les Maliens à souhaiter vivement la fin de la transition qui dure depuis ….14 (longs) mois.
En fait, chacun projette actuellement ses espoirs sur la présidentielle, prévue pour le mois de juillet. Car tous (au Mali et même à l’extérieur) n’ont qu’un seul envi : doter le pays d’institutions légitimes et remettre le Mali debout.
Il est vrai que les Maliens veulent voter en juillet à condition que la présidentielle puisse se tenir à cette date. Techniquement et politiquement, le Mali serait-il prêt à organiser cette élection ? Dans un Mali méconnaissable, il est difficile de répondre à cette question, malgré les assurances des autorités maliennes et surtout les fortes pressions venant de l’extérieur pour ‘’pousser’’ les Maliens sur le chemin des urnes.
Toutefois, la prochaine présidentielle peut être révélatrice de la grande fissure entre les Maliens et leur classe politique. Une classe politique décriée, voire « périmée », selon de nombreux citoyens.
Depuis 1991, le rituel est presque le même sur la scène politique malienne. Les mêmes hommes politiques, les mêmes discours, les mêmes projets de société (s’il y a en) au fil des élections, les mêmes méthodes… Si bien que c’est fort logiquement qu’un candidat indépendant a, en 2002, terrassé ces politiques qui ne semblent plus convaincre les Maliens. Selon un militant d’un parti politique « le Mali risque d’organiser l’une des élections les plus ridicules de son histoire. Les gens ont trop enduré ces douze mois écoulés. La préoccupation de chaque malien actuellement est d’avoir le minimum vital, et non de s’occuper de politique. En fin, traditionnellement, ce sont les ruraux qui votent en grand. En juillet, abandonneront-ils leurs champs pour aller voter ? ». L’un des enjeux de cette élection est à ce niveau.
Même son de cloche du côté de nombreux observateurs qui émettent surtout des réserves sur la capacité des partis politiques à mobiliser les Maliens (encore traumatisés par la crise) et dont le désintéressement à la ‘’chose’’ politique ne date pas d’aujourd’hui.
Quel Président pour le Mali ?
Pour le moment, le pays est dans le gouffre. Et le mal malien est si grave que même lorsqu’on arrivera à la tenir, la présidentielle ne débouchera pas forcement à la fin du calvaire. Après douze mois de désordre, des centaines de morts et de blessés (au nord et au sud), le pillage systématique des ressources de l’Etat, la déliquescence sociopolitique, la désorganisation du système de défense et sécuritaire du pays, ainsi que des dommages gravissimes portés à l’économie nationale, il faut pour le Mali un homme providentiel, capable de relever le pays.
Mais avant, la présidentielle de juillet doit être bien préparée et non être calamiteuse. Elle doit être transparente et internationalement contrôlée afin de désigner un président légitime et accepté par les Maliens.
Pour ce Président, ce ne sont pas les urgences qui manquent. L’une de ses premières missions serait de réconcilier les Maliens. Le Mali a le plus grand besoin de sortir de la crise et de se tourner vers l’avenir.
En second lieu, le nouveau Président doit revoir et remettre en ordre tout l’appareil de défense et sécuritaire du pays. Un pays où la chaine de commandement militaire s’est totalement brisée. Aussi, la dépolitisation de l’institution militaire, s’avère une urgence, après tout ce qu’on a connu ces derniers mois. Comment le nouveau Président abordera t-il le dossier du nord ? La question est d’une importance capitale aux yeux de la communauté internationale au moment où l’ONU s’apprête à envoyer sur place une « force de stabilisation » de plus de 12.000 hommes.
De fait beaucoup de temps a été perdu à Bamako pour rien. Et n’eût été l’intervention française pour chasser les terroristes, l’on ne serait pas là à parler d’élections. Il est donc dans l’intérêt de tous que le pays tourne enfin cette sombre page de son histoire.
Ainsi, si juillet sonne la fin de la laborieuse transition malienne, ce mois s’annonce comme celui de tous les espoirs. A conditions, bien sûre, que l’on est le courage de tirer les leçons de cette période. Il y va de l’avenir immédiat du Mali, notre pays qui a assez souffert de nos errements et surtout du comportement de certains groupes d’hommes qui ont la bêtise de penser qu’ils doivent avoir le monopole du…pouvoir.