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Primature : SBM, un Premier ministre de pleine initiative
Publié le mardi 16 janvier 2018  |  Le Témoin
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Propulsé à la Primature pendant qu’il y était attendu le moins, Soumeylou Boubèye Maiga pourrait faire ses choux gras des clichés et préjugés ayant trop longtemps milité en sa défaveur. Son redoutable penchant pour la raison d’Etat – qui le révèle sous des traits machiavéliques aux yeux de nombreux concitoyens – fera probablement son heure et sa gloire, par la force du contexte et des besoins impératifs de l’heure. Le nouveau Premier ministre, quoi qu’il en soit, s’accommodera difficilement de l’effacement que se sont imposé ses prédécesseurs. Ni n’acceptera-t-il de renoncer à ses propres mérites en sauvant ce qui peut encore l’être du quinquennat mitigé de son employeur.

Plusieurs fois membre des gouvernements successifs, Abdoulaye Idrissa Maiga n’aura résisté à la Primature que sept petits mois, la plus brève longévité parmi les nombreux chefs de gouvernement que le quinquennat a comptés. En effet, à six mois environ de la fin de son mandat, le président de République lui a préféré son Secrétaire général et non moins ancien Directeur de cabinet de son équipe de campagne de 2013. Nommé dans la foulée d’une séparation très embarrassante entre IBK et le Directeur de campagne du même staff de campagne, Soumeylou Boubeye Maïga se retrouve ainsi, tel un cadeau de nouvel an, à la tête du même gouvernement élargi à 36 au lieu de 33 membres, avec en toile de fond un signal fort en direction de partenaires politiques triés sur le volet.
En plus de reconquérir les portefeuilles de l’Urbanisme et de l’Habitat par l’entrée du Pdg du PMU, Kalifa Sissoko, l’Adema-Pasj gagne par exemple en notoriété et en considération avec la montée de son président au quatrième rang de la préséance gouvernementale. Idem pour la Codem, dont le président, Housseini Amion Guindo, qui se débarrasse de la gênante crise sportive en permutant au stratégique département de l’Education, tandis que l’UDD et son président Tiéman Hubert Coulibaly signent une reprise des rênes de la diplomatie malienne.
Pour ce qui est du RPM, locomotive de la majorité présidentielle, sa sortie de la Primature est compensée par l’entrée de deux caciques du BPN que sont Zoumana Mory Coulibaly et Moulaye Bocar Haidara, ci-devant ministre du Développement local et ministre des Transports et du Désenclavement.
Comme on le voit, l’effort de conforter le politique à la dernière ligne droite du quinquennat paraît évident. Et le choix de Soumeylou Boubeye Maïga participe visiblement de la même démarche car ce n’est point de gaité de cœur que la préférence du chef de l’Etat – au détriment de sa propre famille politique de surcroît majoritaire – est portée sur le président d’un parti qui compte à peine la demi-dizaine d’élus à la représentation nationale. Ce n’est guère une première, certes, mais à la différence du cas Moussa Mara, le choix ne semble point opéré sur un coup de tête. Sans répondre d’une classique logique politique, l’option a le mérite de reposer au moins sur une motivation plus rationnelle, à savoir : une adaptation de la nature de l’homme au contexte, à la complexité des enjeux et défis du quinquennat finissant. Tombé dans la disgrâce à la faveur d’une crise de confiance consécutive au douloureux épisode de Kidal, l’ancien ministre de la Défense jouit à présent de la caution et de la complicité du même employeur pour conduire le chantier de la stabilité et de la sécurité dont est tributaire tout le reste : le devenir de la nation tout comme la survie du pouvoir sortant. Le devenir du pays parce qu’il parait difficile, sans la stabilité nécessaire à la tenue d’élections inclusives, de conjurer la menace latente qui pèse sur la continuité institutionnelle et partant l’unité nationale. Celui du régime car la restauration de la sécurité est l’essentiel du contrat entre le pouvoir sortant et un peuple qui a hissé IBK au firmament avec 77% de suffrages.
Rendue par ailleurs herculéenne par les contraintes de délai, une tâche aussi complexe confère à Soumeylou Boubeye Maiga le statut de Premier ministre très différent de tous ses prédécesseurs. C’est sans doute la perception qu’il en a lui-même, à en juger par la nette différence de style et de méthode qui caractérise ses premiers pas à la Cité Administrative. Pour annoncer ses couleurs de Premier ministre beaucoup moins passive et de pleine initiative , la diplomatie, un champs de souveraineté présidentielle par excellence, est aussitôt prise en main par la Primature, théâtre de tout un défilé de chancelleries étrangères au lendemain de la nomination de SBM. L’action diplomatique du Pl s’est par la suite étendue à un premier déplacement à l’étranger, au risque peut-être de marcher à la longue sur les platebandes du chef de l’Etat et de lui disputer l’exercice qu’il affectionne tant : les voyages à l’étranger et une omniprésence sur les scènes internationales. SBM, en homme avisé et avec sens si aigu de l’Etat, ne versera sans doute pas dans l’outrecuidance d’un certain Premier ministre de plein pouvoir sous la transition, mais on peut s’attendre à ce qu’une cadence similaire soit imprimée à la gestion des affaires intérieures du pays. Et pour cause, le laps de temps passé au Secrétariat général de la présidence auprès du président de la République lui aura sans doute servi pour comprendre que la libre initiative est le seul moyen de compenser l’indolence régalienne qui a caractérisé le Mali pendant ces cinq dernières années. L’ultime fusible d’IBK saura-t-il malgré tout relever le défi de gagner son pari dans le temps imparti. Rien de moins sûr. Il aura en revanche profité de l’occasion qui lui est offerte pour démontrer à la face du monde entier qu’il est doté d’un génie politique assez exceptionnel pour être la solution à la carence de leadership qui hante le Mali et qui taraude les Maliens.



Abderhmane Keita

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