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Coup de tonnerre a Koulouba : IBK perd les soutiens du Cherif de Nioro et de Mahamoud Dicko…
Publié le mercredi 17 janvier 2018  |  L’enquêteur
Cérémonie
© aBamako.com par Androuicha
Cérémonie de signature de l`accord de paix d`Alger
Bamako, le 15 mai 2015 au CICB. Le Gouvernement malien et les groupes rebelles du nord ont procédé en présence de nombreux chefs d`Etats africains et de la médiation internationale à la signature du document de paix issu du processus d`Alger. (Photo Mahmoud DICKO, imam et président du Haut Conseil Islamique du Mali)
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Entre Ibrahim Boubacar Kéita, le chérif de Nioro, son mentor et « guru » et le président du Haut Conseil Islamique, l’imam Mahmoud Dicko que d’aucuns considèrent comme son binôme, rien ne va plus. L’absence très remarquée du Président du Haut Conseil Islamique, Mahamoud Dicko, à la cérémonie de présentation des vœux de nouvel an à Koulouba, une première depuis quatre ans et l’incident qui s’y est produit entre clans de religieux sont illustrateurs du malaise qui règne entre le chef de l’Etat et ses désormais ex-alliés. A six petits mois de la présidentielle de 2018, IBK risque gros au cas où il serait candidat à sa propre succession, surtout quand on sait que les leaders religieux du pays ont activement contribué à l’arrivée au pouvoir du candidat Ibrahim Boubacar Keita en 2013. De quoi s’agit-il ?





Entre le président IBK et les leaders religieux du Mali (Chérif de Nioro, l’Imam Mahamoud Dicko, Ousmane Chérif Madani Haidara) c’est la fin d’un deal. Le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, plébiscité à la présidentielle de 2013, grâce notamment à l’appui de l’armée et des leaders religieux, fait l’objet de nos jours de critiques acerbes de la part de ses anciens alliés. Pour sa réélection pour un nouveau quinquennat, IBK doit changer de fusil d’épaule ou renoncer à sa candidature.

Cette immixtion des religieux dans la sphère politique a beaucoup influencé la présidentielle de 2013.

Le Cherif Cheick Bouyé Haidara s’est mobilisé personnellement pour battre campagne pour son protégé de candidat qu’était Ibrahim Boubacar Keita. Mahmoud Dicko, bien que critique à l’égard de son ami, lui était resté fidèle. Quatre ans après, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Les amis d’hier se regardent désormais en chiens de faïence. La confiance a pris un coup.

Le Chérif de Nioro : IBK m’a trahi en 2002…

Les raisons de la brouille entre IBK et celui avec qui il entretient une relation de maître à disciple sont nombreuses. En 2013, avant de jeter son dévolu sur le candidat IBK, le Chérif de Nioro avait émis des réserves sur la loyauté d’IBK. Lors d’une rencontre privée à son domicile de l’Hippodrome avec certains leaders religieux et des mouvements de la société civile venus le solliciter pour soutenir la candidature d’IBK, il confie n’avoir pas faire confiance au candidat du RPM.

« Je n’ai pas confiance en Ibrahim, mais si vous pensez qu’il est l’homme de la situation pour réunifier le pays, restaurer l’autorité de l’Etat et mettre de l’ordre, on va l’aider. Sinon, je vous préviens qu’IBK m’a trahi en 2002… » Plusieurs signes avant-coureurs du divorce entre le chérif de Nioro et IBK étaient déjà là. Mais les choses vont s’accélérer après une rencontre entre le chérif de Nioro et l’imam Mahmoud Dicko, le dernier leader qui lui est véritablement resté fidèle.

Selon une source bien introduite la semaine dernière, le Cherif de Nioro a convoqué l’Imam Mahamoud Dicko, non moins président du Haut Conseil Islamique du Mali, chez lui pour lui faire part de sa grande déception de la méthode de gouvernance d’IBK et du mépris que celui-ci a pour lui et pour les religieux. Selon le guide religieux, ils ont choisi IBK en 2013 sans contrepartie aucune : l’objectif pour tous étant de chérif, le constat est plus qu’alarmant. De Kidal, la crise s’est transportée jusqu’à Macina voire à Nara et l’autorité de l’Etat s’est irrémédiablement effritée sous le règne d’IBK.

La goutte d’eau qui fera déborder le vase est le folklore avec lequel l’ancien président, ATT, a été accueilli le 24 décembre dernier et qu’il considère comme une provocation et la nomination de Soumeylou Boubeye Maiga comme Premier ministre le 31 décembre 2017. Très en colère, le Cherif de Nioro dira qu’IBK n’a aucun respect pour les leaders religieux dont lui-même en personne.

Sur le retour au pays d’ATT, le chérif ne pouvait jamais imaginer un seul instant qu’IBK oserait mettre en prison ses protégés Amadou Haya Sanogo et ses compagnons et accueillir ATT en grande pompe. Aller jusqu’à le chercher à Dakar à bord de l’avion présidentiel alors que lorsque lui, le chérif de Nioro était tombé malade, pour son évacuation sanitaire au Maroc en 2016, c’est le Roi Mohamed VI qui lui a envoyé son aéronef et l’a pris totalement en charge.

Pour son retour au Mali après quelques mois passés à Casablanca, IBK lui a rendu visite et est intervenu auprès du Roi pour lui demander la permission de s’occuper du retour de Bouyé. Au lieu d’envoyer l’avion présidentiel, IBK a loué un avion privé pour ramener le Cherif à Bamako. Pire, à sa descente d’avion, aucun officiel ne l’a accueilli. Le fait que le président IBK envoie son avion privé pour chercher ATT et loue un avion pour le transporter l’amène à se demander en quoi l’ancien président ATT valait-il mieux que lui aux yeux d’IBK.

L’absence d’officiels maliens aux obsèques de l’imam de Djenné…

Autres motifs de désaccord entre l’érudit de Nioro et IBK : lorsque l'archevêque de Bamako Monseigneur, Jean Zerbo, a été promu cardinal par le Pape François 1er au Vatican, IBK a fait tout pour agrémenter l’événement. Le chérif de Nioro ne comprend pas pourquoi Jean Zerbo, fut-il devenu cardinal, mériterait-t-il plus d’égard d’IBK que les religieux musulmans.

Il ne comprend pas non plus pourquoi la dépouille mortelle de Mgr Georges Fongoro, Archevêque de Mopti, mériterait plus d’attention d’IBK et de son régime que celle de l’Imam de la sainte mosquée de Djenné, aux obsèques de qui l’Etat et ses représentants ont brillé par leur absence.

Le fait qu’IBK offre publiquement 150 hectares à Ançar Dine du chérif de Tamani alors qu’il n’a rien fait pour les autres regroupements religieux irrite aussi Bouyé Haïdara, qui pense qu’IBK n’a fait que semer les gaines de la discorde entre les différentes confessions religieuses du pays et entre ses animateurs principaux.

A toutes ces raisons sont venues s’ajouter la nomination de Soumeylou Boubèye Maiga comme Premier ministre du Mali. Le chérif de Nioro avait déconseillé à IBK, qui envisageait de faire de l’enfant de Gao son premier PM dès 2013. S’il ne l’avait pas fait en 2013, IBK n’aura pas tenu parole longtemps. Aujourd’hui en effet, Soumeylou Boubèye est bien PM et, aux dires du fils de Cheickna Hamaoullah, « un PM de pleins pouvoirs » qui n’hésite pas à le narguer.

Est-il besoin de rappeler que la plupart des proches (disciples) du chérif de Nioro ont souffert du régime d’IBK ? D’Aliou Boubacar Diallo à Diadié Ba, en passant par Abdoulaye Daffé, IBK fait de la chasse aux proches du chérif.

Le PDG de la société minière Wassoul’Or, neveu et protégé du chérif, Aliou Boubacar Diallo, également fondateur du parti ADP-Maliba, avait sacrifié sa candidature au profit de celle d’IBK en 2013 sur conseil de Bouyé. Aujourd’hui, il est violemment persécuté par le régime.

Diadié Ba de Niono, disciple du chérif et PDG de la société de fabrication et de commercialisation d’intrants agricoles, Gnoumani-Sa, a perdu tous ses marchés d’intrants entre 2014 et 2016 alors que la liste où il figurait avait miraculeusement perdu les législatives à Niono face à la liste du RPM en 2013.

Le chérif rappelle à qui veut l’entendre qu’il n’avait pas soutenu IBK pour en recevoir quelque chose en retour. « L’argent que j’ai mobilisé et investi pour la campagne d’IBK, moi Bouyé, je n’en ai jamais autant économisé de toute ma vie pour moi-même ! », confiera-t-il, amer.

Non seulement IBK, considéré comme le sauveur n’a pas pu résoudre la crise au nord du pays, mais au contraire, il nargue ses soutiens de Kati et les oulémas du pays d’où la rupture avec ses alliés d’hier. Pour toutes ces considérations qu’il qualifie de «manque de respect », le Cherif de Nioro a informé le Président du HCI, Mahmoud Dicko, qu’il ne renouvellerait pas son soutien au pouvoir en place et préférerait rester dans son coin et sans rien attendre d’IBK. Pour preuve à deux reprises, il refuse les cadeaux d’IBK.

Comme un malheur ne vient jamais seul, l’ami personnel du président IBK qu’est Mahamoud Dicko l’abandonne. IBK est plus que jamais isolé. Esseulé. Le divorce est consommé entre les deux compères d’antan.

Les leaders religieux boudent IBK…

Des proches d’IBK ont fait répandre des rumeurs selon lesquelles Mahmoud Dicko voudrait prendre sa succession à la faveur d’une transition qu’il préparerait. Mahmoud Dicko en est déçu. Il préfère alors prendre ses distances avec le régime qu’il a tenté en vain de sauver. Lors de la traditionnelle présentation de vœux du nouvel an aux forces vives de la nation, le Haut conseil Islamique n’a pas été invité comme par le passé, par courrier un mois avant la cérémonie.

Cette fois-ci, le Président du HCI a été informé de la rencontre de Koulouba par les familles fondatrices de Bamako, au travers de leur coursier du nom de Chaka. Pour réagir à un tel mépris, une réunion d’urgence du bureau du HCI est convoquée à son siège au cours de laquelle l’imam Dicko informe de sa décision de décliner l’invitation pour se faire représenter par son 1er vice-président, Ousmane Cherif Haidara, non moins président du Groupement de leaders religieux.

Ce dernier, à son tour, refuse de s’exécuter si son patron n’y va pas. Idem pour le 2è vice-président Oustaz Konaté, également président de l’IMAMA. Au finish, par ordre de préséance, le 3è vice-président, Cheick Soufi Bilaly Diallo devrait représenter le HCI à Koulouba. Mais, sur les lieux de la cérémonie, le protocole de la Présidence lui a préféré le 4è vice-président, Thierno Hadi Thiam pour des raisons que l’on ignore encore.

Malgré, l’insistance du ministre des Affaires religieuses et d’autres proches d’IBK, l’imam Dicko a boudé la cérémonie et dit avoir respecté les consignes de son maitre, le Cherif de Nioro, qui invite tous ses disciples à s’éloigner du régime d’IBK. Cette tension est si mal venue pour le régime en place que le chef de l’Etat devra batailler dur pour se faire réélire dans l’éventualité d’une nouvelle candidature à sa propre succession. L’avenir nous édifiera à suivre…

A.B.D
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