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ATT rentre Au Mali : Est-ce le début d’une réconciliation ?
Publié le mercredi 17 janvier 2018  |  La Sirène
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© Autre presse
Ex président du Mali, Amadou Toumani Touré
Renversé le 22 mars par la junte militaire l`Ex président du Mali, Amadou Toumani Touré
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Ça y est ! Amadou Toumani Touré (ATT) renversé du pouvoir ou (euphémisme éhonté de ses partisans oblige à dire) forcé à la démission en mars 2012 par la soldatesque d’Amadou Haya Sanogo est rentré à Bamako, le dimanche 24 décembre 2017. Exilé au Sénégal, le revoilà encore reçu en héros. Mais pour quel impact positif sur le Mali ? Loin des subjectivités, notre rédaction a mené une analyse objective et neutre sur cet événement qui, selon elle, n’a rien d’extraordinaire. Ce fait constitue une opportunité mettant en évidence que notre pays, vu avec mépris à travers le monde, est connu pour être incapable de gérer ses crises à l’interne. Tous ceux qui sont chauvins savent que nos voisins en ont le ras-le-bol.

A titre introductif, le président nigérien Mahamadou Issoufou a laissé entendre de manière sèche lors de sa dernière interview radio que "si rien n’est fait, l’Etat du Mali risque de s’effondrer à tout moment". Sa déclaration peut offusquer tout bon Malien. Cependant, elle prouve à suffisance que nos voisins las, s’impliquent dans la résolution de nos crises à n’en pas finir par souci de se mettre à l’abri d’éventuelles conséquences directes ou indirectes pouvant frapper leurs pays. Ces propos du chef d’Etat nigérien constituent donc un cri d’alarme à l’endroit de la communauté internationale pour qu’elle soit encore et comme toujours compatissante à l’égard de l’infortuné Mali.

Le devoir de se ressaisir afin de redorer notre image ternie

"Celui qui se sert de l’épée périra par l’épée". Moussa Traoré, ATT et Amadou Haya Sanogo se sont appropriés mieux que quiconque de la portée significative de ce proverbe, car chacun d’eux a fini par payer la dette qu’il avait contractée en chapeautant le coup d’Etat. Ils sont tous les trois putschistes et aucune fioriture ne permet de les distinguer surtout qu’à chaque fois les espoirs suscités à l’avance susceptibles de donner un contenu admissible au coup de force ont vite cédé la place à la déception.

Parmi les trois hommes cités plus haut, le cas ATT, le seul au Mali à s’être exilé précisément au Sénégal, ressemble à un pèlerin qui rentre de La Mecque après avoir obtenu l’absolution de ses péchés. En atteste, le langage de vaillance qu’il avait tenu avec fermeté au cours de sa fameuse rencontre avec les épouses des militaires au palais de Koulouba quelques jours avant son départ et qui a fini par le rattraper.

Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, le pays du président Macky Sall peut à juste raison se vanter d’avoir offert son hospitalité au Tchadien Hussein Habré et au Malien Amadou Toumani Touré. Ces deux anciens présidents contraints respectivement de quitter Ndjamena et Bamako savent désormais que l’humilité dans le ton et dans les actes n’est pas synonyme de faiblesse d’un homme.

Du coup, ce retour d’ATT au bercail est porteur d’une morale qui convient d’être soulignée. En fait, si le Mali n’est pas le seul au monde à passer des moments difficiles, par contre, il ne peut se réjouir de voir ses problèmes transportés ailleurs pour être solutionnés. Le Sénégal qui n’a jamais connu de coup d’Etat (et souhaitons qu’il le soit ainsi pour l’éternité), le Niger, l’Algérie et le Burkina Faso ont été confrontés à des troubles mais ils ont réussi à les surmonter en mettant une petite dose de patriotisme dans leurs verres à boire.

Le linge sale se lave-t-il en famille ? Si cela est vrai, notre orgueil national devrait dorénavant nous pousser à éprouver de la peine en voyant nos destins se décider toujours dans l’un de ces quatre pays qui sont bien sûr nos voisins. L’exemple qui s’impose pour étayer cette assertion est la fuite en Côte d’Ivoire du président Blaise Compaoré qui a fait plonger le Burkina Faso dans une impasse sans précédent.

Cette atteinte à l’ordre constitutionnel, en dépit de sa spécificité délicate et des risques qu’elle représentait pour la sous-région ouest-africaine à la stabilité fragilisée, ces dernières années par des crises majeures, a été aplanie sans aucune intervention de l’extérieur. Les Burkinabés se sont parlés et se sont compris prouvant ainsi à la communauté internationale qu’ils vivent sans doute au "Pays des Hommes intègres" dont les poutres sont fondées sur des valeurs inculquées par le roi Moro Naba. Ils se soucient de préserver ces vertus afin de prétendre à mériter le respect qu’ils suscitent à travers le monde.

Est-ce le cas du Mali ? Non ! En conséquence, on peut se permettre de penser que nos chers voisins en ont marre de se retrouver tout le temps en sommet extraordinaire pour discuter d’une question concernant notre avenir et donc le leur aussi ? En effet, ces pays n’interviennent pas par simple philanthropie (mise à mal) mais par une communauté de destin qui fait que : "Quand la famille du voisin brûle on doit y apporter de l’eau dans le but de la sauver et de circonscrire le sinistre aux conséquences multiples".

Nous Maliens, que faisons-nous aujourd’hui qui puisse honorer la mémoire de nos héros tels qu’Askia Mohamed, Firhoun, Soundiata Kéita, El hadj Omar Tall, Biton Coulibaly ou Tata Traoré ? Descendants de grands empires dont les épopées sont racontées et enseignées dans les manuels scolaires du monde, nous sommes tombés si bas de notre piédestal au point que de nos jours on n’est pas fier dans certains pays de révéler notre identité nationale. La réputation de notre armée, la qualité de notre enseignement et la piété de nos érudits ont été vachement écornées. Quel dommage !

Le rappeur Mylmo a bien vu

Notre célébrissime rappeur Mylmo N-Sahel a juste décrit trois traits caractéristiques qui font la singularité d’un Malien d’origine et expliquent aussi les maux qui minent notre existence même ; à savoir : la versatilité (à la fois écœurante et effarante) de ses propos, l’inconstance de ses prises de position et son refus de se remettre en cause quand il fait face à un problème. Le Malien semble avoir perdu le sens de l’analyse objective au profit de l’illusion subjective. Et c’est dans ce contexte qu’il faut placer le retour à Bamako du président ATT, le dimanche 24 décembre 2017.

Accueilli par ses concitoyens en véritable messie en mars 1991 suite à un coup d’Etat (mettant fin au régime dit dictatorial du général Moussa Traoré) avant de passer le relais au président Alpha Oumar Konaré à l’issue des premières élections démocratiques, il est revenu en 2002 à la tête du pays grâce aux voix de ces mêmes Maliens qu’il a obtenues dans les urnes. Coup de massue, en 2012 ATT fut contraint à solliciter l’exil au Sénégal à quelques semaines seulement de la fin de son second et dernier mandat.

Il a connu trois revirements de situation correspondant au mois de mars, le troisième de l’année. Par superstition, ce mois a-t-il une influence négative sur le Mali ? Ce mars symbolise tout de même la planète rouge. Et qui parle de rouge (excepté le club de football) n’augure rien de bon.

Cela parait tellement irréfutable que c’est le capitaine Amadou Haya Sanogo qui a accepté en mars 2012 de s’en prendre violemment au lion par sa queue en se mettant à la tête d’une junte pour aller verser la sauce à ATT, à l’époque, sentie trop monotone par les hormones gustatives de ses concitoyens. Accréditant la thèse selon laquelle nous sommes "des indécis accrocs à l’utopie" se sont encore et bizarrement ces mêmes Maliens qui sortis massivement, le 24 décembre 2017, pour réserver au prédécesseur d’IBK un accueil digne d’un prophète. Mais pour quel but ?

On se souvient des déclarations aussi farfelues les unes que les autres soutenant le coup d’Etat qui étaient diffusées sur les antennes de l’ORTM à longueur d’éditions. Toutes choses qui ont fait monter la mayonnaise au nez du capitaine, aujourd’hui, confiné entre quatre murs méditant sur son sort. En s’arrogeant le droit de vilipender publiquement Cheick Modibo Diarra, ancien Premier ministre du Mali et par-dessus-tout astrophysicien, Sanogo croyait que tout lui était permis.

Sosie du Guinéen Moussa Dadis Camara qui connait un lendemain triste, Amadou Haya dont la mobilité s’effectuait principalement à Bamako se pavanait avec une courte canne censée lui conférer des pouvoirs mystiques. Emerveillé et adoré par son entourage, il avait transformé le camp Soundiata Kéita de Kati en palais présidentiel en vue d’y élire domicile. Prenant ses rêves cauchemardesques pour de la réalité, il avait entrepris de faire des miracles en voulant instituer "la tolérance zéro" à l’impunité et à la corruption au Mali.

Etait-il lui-même blanc comme neige tel qu’il le laissait apparaitre ? Son règne fut écourté à cause de la virulence fréquente de ses dérapages verbaux qui inquiétait le pouvoir de Bamako. Est-ce un héritage qui lui a été légué par ATT ? Arrêtés comme des vulgaires déserteurs de l’armée Sanogo et certains de ses compagnons sont devenus très encombrants. Leur procès tarde à se tenir à cause de sa complexité.

Les initiés vont se concerter pour sceller le sort du Mali

C’est dire que le retour d’ATT miroité comme l’amorce d’un processus tendant à la réconciliation nationale n’est ni plus ni moins qu’un autre attrape-nigaud. Le Seigneur Allah l’a dit dans le Saint Coran, "les responsables sont à l’image du peuple qu’ils dirigent". Nous sommes leur reflet eux aussi sont conçus à notre image. Laissant penser à une prétendue décrispation, ATT et IBK vont appeler Moussa Traoré, Alpha Oumar Konaré et la classe de la politicaillerie pour tenir une réunion ésotérique.

Il s’agirait d’examiner la situation générale du Mali en vue de convenir certainement sur le choix de celui qui succédera au Mandé Massa de Sébéninkoro et ce grâce à une approche qui paraît à leurs yeux discrète et infaillible. Cette hypothèse semble plausible à plusieurs égards. Car, ATT en bon initié a déjà remporté victorieusement deux parties du ping-pong face au président Alpha Oumar successivement en 1991 et 2002. En outre, IBK est au crépuscule de son premier mandat.

Aussi, ATT défenseur du Soudou Baba (où la maison du patriarche en langue peule et par extension sémantique la patrie) rentre au moment où le Mali traverse une période éprouvante marquée par l’incertitude qui fait planer des menaces sur l’intégrité territoriale de notre pays.

Personne n’ignore les challenges qui persistent entre autres : la lenteur constatée dans la mise en œuvre des accords signés avec les groupes armés et la percée fulgurante du phénomène relatif à l’intégrisme religieux. S’ajoutent à ce sombre décor, les supputations à propos du second mandat d’IBK. Sauf surprise agréable de dernière minute, le tout se décidera loin et même très loin de la vue du jeune Sanogo qui s’est montré sourd aux conseils des briscards observateurs de la vie nationale.

C’est donc de la poudre aux yeux de penser que le retour tambour battant d’ATT et son accueil apparemment chaleureux par IBK relèvent d’une simple providence. Qui a voulu émettre un mandat d’arrêt international à son encontre soulevant, à l’époque, l’indignation des uns et l’enthousiasme des autres ? Cette action avait-elle été annoncée de façon irréfléchie ?

Admettons de mettre ce fait dans le compte de l’euphorie et de la précipitation ressenties juste après l’investiture, c’est quand même à juste raison, qu’ATT n’avait pas manifesté son intention de rentrer dans son pays. Eh bien parce que ce même El hadj Ibrahim avait précédemment lancé une poursuite judiciaire contre les Ag Intallah de Kidal devenus députés du jour au lendemain et à la stupéfaction générale sur la liste du Rassemblement pour le Mali (RPM), son parti. Cette volteface offrant l’impunité à ceux qui sont soupçonnés d’avoir égorgé et éventré des militaires maliens au nord est-elle aussi imputable au laxisme ?

Bref, nos responsables se haïssent et s’accoquinent au gré de leurs intérêts jamais assouvis. Leur attitude si perfide qu’elle soit répond au moins à une logique, celle visant à se baigner dans du beurre jusqu’à leur dernier souffle. La frontière (point de vue santé, gastronomie, étude, tenue vestimentaire, immobilier et opulence) qui nous sépare de nos dirigeants restera assez vaste.

Heureusement que le rappeur Mylmo s’est ingénié à inviter notre conscience à une rétrospective collective. "La solution à nos problèmes dépend du changement de nos mentalités et non de la révision constitutionnelle", avait-il chanté. La majorité et l’opposition ne nous proposent que la même sauce mijotée par des cordons bleus au talent incroyablement dégoutant. Aussi triste que cela puisse paraitre, la populace parait étourdie par les événements qui se déroulent pourtant sous ses yeux écarquillés.

Décidément, les tenants du pouvoir ne manquent jamais de sujet vaudevillesque à proposer à leurs partisans. Cela suffit non seulement à détourner l’attention des uns mais aussi à inciter les improductifs à s’entredéchirer et à s’insulter copieusement à cœur joie dans les médias et sur les réseaux sociaux. Les familles et proches de ces hommes issus du monde politique, économique et religieux se mettent à l’écart afin d’imposer le respect qu’ils méritent.

Ils se complaisent d’assister au spectacle avec hilarité. Pis, les racontars dans les rues concernant la vie de ces personnalités se muent souvent en rixe. "La poubelle et tout ce qui provient d’elle ne constituent que des ordures", a martelé Mylmo qui a su dessiner le portrait de ses concitoyens.

En effet, les Maliens (l’écrasante majorité) accordent peu d’importance aux préoccupations qui sont les causes réelles de leur insomnie et de l’effritement de leurs familles. Or, nul ne peut s’empêcher de constater que la conjoncture actuelle ne cesse d’éroder notre fragile cohésion sociale.

Souffre-t-on de cécité mentale qui fait qu’on ne sait pas où se trouve notre bonheur ? Va-t-on se suicider en cognant volontairement le mur ?

A suivre…

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