Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Accord pour la paix: le jeu trouble de la CMA
Publié le vendredi 19 janvier 2018  |  Info Matin
Le
© AFP par AHMED OUOBA
Le président du Burkina Faso reçoit des rébelles touareg maliens du MNLA prêts.
Le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré a reçu jeudi à Ouagadougou la rébellion touareg malienne du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA).
Comment


Depuis dimanche dernier, une forte délégation de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), à l’invitation de l’ONG Independent Diplomat, séjourne aux États-Unis. Si les objectifs de cette organisation sont connus de tous, elle a tenu à préciser sur son site que la délégation des groupes armés du Mali, composée, entre autres de Bilal Ag Cherif et Alghabass Ag Intalla, devait rencontrer les membres du Conseil de sécurité de l’ONU pour leur faire part de leurs observations sur les avancées du processus de paix au Mali. Après la signature d’un accord pour la paix et la renonciation nationale, dont la mise en œuvre est en cours, la CMA a-t-elle encore sa place au sein des communautés marginalisées du monde ?

Comme le dit l’adage : « le cœur a souvent des raisons que la raison ignore ». En tout cas, après tout ce qui a été fait et est en train de se faire, depuis 2015 par le gouvernement et les partenaires du Mali, dans le cadre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale, il y a lieu de s’interroger sur les motifs de ce voyage New-yorkais des responsables de la CMA, aux côtés de l’ONG Independent Diplomat, sans aucun accord du gouvernement du Mali.

En réalité, la délégation de la CMA prenait part, avec d’autres organisations d’autres pays, à une rencontre consacrée à la défense des droits des communautés marginalisées.

En tout état de cause, le commun des Maliens, au premier rang desquels, le président de la république, Ibrahim Boubacar Keita, en était offusqué, au point qu’il a laissé éclater sa colère lors d’une rencontre officielle à Bamako.

«Au moment même où nos parents des groupes armés font l’effort de se retrouver face au gouvernement et quelque fois avec le gouvernement, on invite la CMA à New York, à Washington, non pas par le gouvernement américain, mais par une ONG dont nous savons le rôle qu’elle a joué dans certains événements africains. Est-ce

comme cela que l’on conforte la paix au Mali ? Non ! Il faut que les comportements parallèles désobligeants cessent également aussi», a-t-il déploré.

Par ce comportement fractionnel, les responsables de la CMA donnent raison aux plus sceptiques des Maliens qui ont toujours douté de leur bonne foi et surtout de leur sincère volonté de cheminer ensemble pour parvenir à une paix définitive. Et d’ailleurs, sont-ils convaincus, les ex-rebelles n’ont jamais abandonné leur dessein indépendantiste. Ils n’attendent que l’occasion pour bondir dessus.

Pour d’autres, la présence solitaire des responsables de la CMA à ce rendez-vous américain, contraste avec les avancées notoires de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale dont elle est partie prenante.

Mieux, malgré les difficultés de mise en œuvre de l’accord, personne ne peut dire que les communautés dont la CMA prétend défendre les intérêts sont marginalisées au Mali. Les membres de ces communautés sont à tous les postes nominatifs ou électifs.

Comme il fallait s’y attendre, la porte-parole de l’ONU au Mali a tenté de dédouaner son institution, en soutenant que ce voyage des responsables de la CMA n’était pas sous l’égide des Nations unies.

Mais hélas, la présence de la délégation de la CMA aux Etats Unis ne semble pas en tout cas offenser par le gouvernement américain qui, indique-on, de source concordante, devrait recevoir prochainement les ex-rebelles de la CMA à la Maison Blanche.

Cette visite des moins opportunes intervient alors que le Conseil de sécurité de l’ONU menace d’appliquer des sanctions à l’encontre de tous les contrevenants à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale au Mali.

Au-delà des simples dénonciations, il revient à notre diplomatie d’être plus agressive en direction de la communauté internationale avec des arguments plus convaincants. A défaut, le processus risque de prendre un sacré coup.

Par Sékou CAMARA

Commentaires