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Gestion du pouvoir d’État : IBK entre pragmatisme et réalisme politique
Publié le vendredi 19 janvier 2018  |  Nouveau Réveil
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© aBamako.com par A S
Le Forum National sur l`orpaillage au Mali
Bamako, le 18 Septembre 2014, ouverture du forum national sur l`orpaillage au CICB
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Avec l’avènement de 2018, soit pratiquement cinq années avec le gouvernement IBK, il ne serait pas vain de jeter un regard rétrospectif sur l’année politique écoulée. 2017 a connu plusieurs faits politiques qui ont redessiné l’action du président IBK.





« La mise en place préalable et déterminante des bases solides pour un développement économique et social durable ne doit pas céder à l’urgence des attentes. Cette urgence qui conduit souvent à la précipitation dans la prise des décisions et à de mauvais choix. Nous devons poser patiemment et méthodiquement les jalons d’une économie moderne et compétitive, d’une politique sociale structurelle qui assure à chacun de nos compatriotes un filet de sécurité efficace, quels que soient les moments et les événements», a déclaré IBK, face à la CPM (Convention de la Mouvance Présidentielle) et aux forces vives de la nation. Mais, au-delà de ce discours sur l’État de la Nation qui a tenu les invités en haleine lors de la présentation de vœux, et démontré toute l’envergure du charisme du président IBK, en dehors des succès diplomatiques incontestables qu’ont été les visites du roi du Qatar, deux faits politiques majeurs ont marqué l’année 2017 : l’échec du projet de révision de la Constitution, et le remaniement ministériel. Ces deux faits ont laissé entrevoir la marque que le chef de l’État veut imprimer à sa gouvernance. L’ex- ministre des Droits de l’homme, déclarait, avec confiance, à la presse avant le vote, que « le mois d’août de 2017 sera le mois de la révision ». L’échec du projet de révision constitue de ce fait, un « acte manqué » majeur. Dans plusieurs entretiens après la marche de rejet émis par la classe politique, le président de la République a montré plusieurs fois sa déception, et une certaine amertume. Apparemment, il aurait voulu que la classe politique lui fasse confiance, et lui donne un blanc-seing pour aller plus vite. Mais cela n’a pas fonctionné. Certaines dispositions du nouveau texte ont suscité plus de peur que de mal. On a suspecté la rupture de vouloir caporaliser l’État. Cet échec a provoqué une onde de chocs, et un effet boomerang. IBK a décidé de faire la politique. C’est ce que les observateurs appellent « réalpolitique ». Les conséquences directes et lointaines amèneront à une quasi-recomposition de la configuration du Parlement. Avec la naissance du Bloc de la majorité parlementaire, le chef de l’Exécutif réussira une prouesse, pas des moindres. Il a retenu une leçon de son premier échec retentissant : rallier à son action le plus grand nombre de députés. Ce qui désormais est un fait et lui permet d’agir.

L’activisme éteint d’une opposition plutôt factice

Entre-temps, l’un des ouvriers « politiques » de sa victoire à la présidentielle en 2015, quittera sa barque. Le truculent homme politique, Boubacar Diallo de l’ADP Maliba, va, arguant de désaccords sérieux avec la méthode IBK et les hommes autour de lui, rejoindre une opposition tacite. L’homme va d’abord, dans un premier temps, se murer dans le silence indéchiffrable. Ce n’est qu’une rencontre de son parti l’ADP Maliba qu’il lèvera le voile sur ses réelles motivations et intentions. Il s’affiche désormais avec ceux qui se réclament de l’opposition à IBK. Nécessairement, il était à craindre que l’ex-ami d’IBK ne mette sa verve et sa critique au service d’une opposition visiblement sonnée, et apathique. Mais, jusque-là sa fougue et son activisme ont été bien gardés à l’œil. Mais, le danger de reconstitution d’une ligne de démarquage par rapport à l’action du gouvernement n’est pas encore irrémédiablement éloigné.

Selon les observateurs, l’axe Soumi-Diallo se renforcerait au détriment d’IBK et sa garde politique rapprochée. Le président d’honneur de l’ADP Maliba est fortuné et populaire. Et malgré ses redressements fiscaux, l’homme ne se refuserait pas encore à s’éloigner du bouillant monde politique. Par ailleurs, la perspective de la présidentielle de 2018 devrait aider à renforcer cet axe. Du moins, si les partisans des deux camps n’arrivent pas à leur faire renoncer leur ire, pour une paix des braves.

« L’action rigoureuse au lieu du populisme facile»

Ce qui est sûr, avec la recomposition de l’équipe gouvernementale, IBK a démontré une meilleure maîtrise de la classe politique. Il a su instiller une dose de réalisme et de jeunesse dans le gouvernement. « Je connais notre pays. Je connais ses forces et ses faiblesses. Je connais aussi les attentes des populations. Ce sont elles qui nous commandent d’agir comme nous le faisons depuis bientôt cinq ans, en dépit des multiples difficultés. Mais prétexter de ces difficultés pour ne rien changer serait comme organiser un suicide collectif. C’est pourquoi, en briguant la fonction suprême, j’avais déjà fait le choix de l’action rigoureuse au lieu du populisme facile, aux retombées politiques pourtant si souvent immédiates », disait-il face aux notabilités de Bamako. Mais, ce n’est pas de ce côté-là qu’il y a eu les secousses les plus violentes. Car, le chef de l’État était décidé à lutter contre la pègre. Il voulait, apparemment, nettoyer l’écurie. Mais hélas ! La lutte contre la corruption a été un vain mot. Seule l’opération de déguerpissement entreprise et menée par Ami Kane a été un demi-succès. C’est surtout la communication sur l’opération qui n’a pas réussi à convaincre les compatriotes. Sinon, personne n’a contesté la nécessité de l’opération.

Jean Pierre James

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