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Jusqu’à 18 heures de travail par jour: une femme jugée pour avoir exploité une jeune Malienne
Publié le lundi 22 janvier 2018  |  AFP
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Nanterre - Quinze mois avec sursis ont été requis lundi à Nanterre à l'encontre d'une quinquagénaire soupçonnée d'avoir exploité pendant cinq ans une adolescente malienne de sa famille à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine), l'astreignant notamment à des travaux domestiques plus de 15 heures par jour.

Lors de l'audience, qui s'est tenue en l'absence de la prévenue et de son avocate, le tribunal a tenté de restituer un huis clos domestique datant de plus de dix ans.

La plaignante, qui a grandi dans un village malien, a raconté la "promesse de vie meilleure" qui l'a amenée à suivre l'une de ses cousines éloignées en France en août 2000, à l'âge de 13 ans.

Dès le lendemain de son arrivée, selon son récit, elle est astreinte à faire la cuisine, le ménage, les courses, pour une maisonnée de neuf personnes dont cinq enfants, entre 15 et 18 heures par jour, sans repos.

La jeune femme, aujourd'hui âgée de 31 ans, a raconté au tribunal, très émue, qu'elle prenait son repas après tout le monde, "s'il en restait", dormait sur un matelas en mousse à même le sol, était insultée et frappée, sans jamais être rémunérée.

Finalement inscrite à des cours de français en 2004, elle a alors rencontré un jeune homme qui l'a poussée à quitter le domicile en octobre 2005, puis à porter plainte.

La prévenue de 54 ans était poursuivie pour "exécution d'un travail dissimulé", "aide à l'entrée ou au séjour irréguliers d'un mineur étranger en France" et "soumission d'un mineur à des conditions de travail et d'hébergement indignes".

Ce procès était l'aboutissement d'une procédure exceptionnellement longue de onze ans. Le juge d'instruction ayant rendu un non-lieu en 2009, la plaignante a fait appel, passant par deux fois par la Cour de cassation, avant d'avoir gain de cause.

Entendue au cours de l'enquête, la prévenue avait affirmé avoir versé de "l'argent de poche" à l'enfant, nié les coups et la privation de nourriture.

Elle avait aussi assuré que l'adolescente faisait des travaux ménagers "comme l'ensemble des enfants".

"Il y avait, très clairement, travail forcé", a estimé le procureur, avec la "soumission à des tâches domestiques de façon répétée" et la "menace d'être renvoyée dans son pays", a-t-il ajouté, requérant 15 mois de prison avec sursis et 6.000 euros d'amende.

"Il y a eu une défaillance totale dans ce dossier: de la part des aides à domicile, (...) des services de police, (...) de la manière dont on instruit aujourd'hui ces dossiers en France", a plaidé Juliette Vogel, avocate de la plaignante et du Comité contre l'esclavage Moderne.

"Il est extrêmement importante qu'elle obtienne justice devant ce tribunal", a-t-elle conclu, demandant 180.000 euros d'indemnisation.

alv/sva/jcc
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